3/03/2024
Jean 2,
13-25
Alors que Matthieu et Marc
situent la purification du temple à la fin du ministère de Jésus, Jean en fait
un geste inaugural, au commencement de sa mission. L’Evangile de ce dimanche de
carême nous rapporte tout d’abord le geste de Jésus puis la polémique qui s’en
suit avec certains Juifs, témoins de la scène.
Il fit un fouet avec des cordes,
et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par
terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs.
Les marchands d’animaux et les
changeurs étaient nécessaires pour le bon fonctionnement du culte fondé sur les
sacrifices d’animaux, particulièrement nombreux à être sacrifiés pour la grande
fête de la Pâque. Jésus ne veut pas de leur présence dans l’enceinte du temple.
Imaginons un instant le Seigneur dans les sanctuaires de Lourdes s’attaquant au
commerce des cierges et nous comprendrons aisément que son geste était
insupportable au regard du commerce lucratif qui s’exerçait dans le temple. Par
son geste le Seigneur ruine en effet l’économie du temple. La motivation qu’il
lui donne provient d’une citation approximative du prophète Zacharie : Enlevez
cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce.
Voici le verset par lequel le livre de Zacharie s’achève : Il n’y aura
plus de marchand dans la Maison du Seigneur de l’univers, en ce jour-là. Chez
Matthieu et Marc Jésus cite Jérémie au lieu de citer Zacharie : Ma
maison sera appelée maison de prière. Or vous, vous en faites une caverne de
bandits. Et voici la citation exacte de Jérémie : Est-elle à vos
yeux une caverne de bandits, cette Maison sur laquelle mon nom est invoqué ?
Pour moi, c’est ainsi que je la vois – oracle du Seigneur. Le geste de
Jésus est donc clairement prophétique. Il rappelle la vocation du temple à être
une maison exclusivement consacrée à la prière dans laquelle le commerce n’a
pas sa place. Mais la portée prophétique de ce geste va bien au-delà de
l’exclusion hors du temple des marchands d’animaux en vue des sacrifices. Elle
annonce la fin du culte ancien, l’abolition des sacrifices d’animaux. C’est
dans la deuxième partie du récit, la polémique avec les Juifs, que le culte
nouveau est clairement annoncé : Détruisez ce sanctuaire, et en trois
jours je le relèverai… lui parlait du sanctuaire de son corps. Le geste
prophétique de Jésus ne consiste donc pas seulement à purifier le temple, à lui
rendre sa vocation de maison de prière. Ce geste annonce la fin du temple lui-même,
la substitution du temple de pierre par le temple de chair qui est le corps du
Christ lui-même. Si le temple de Jérusalem détruit par les Romains en 70 n’a
jamais été reconstruit, le corps du Christ mort en croix a vaincu la mort par
la résurrection le jour de Pâques. Matthieu, Marc et Luc notent qu’après la
mort de Jésus le voile du sanctuaire se déchira en deux de haut en bas,
signifiant ainsi la fin du culte ancien. Le saint des saints ce n’est plus
désormais la partie la plus sacrée du temple, c’est le corps de Jésus dans
lequel habite la plénitude de la divinité pour reprendre une expression de
saint Paul (Col 2,9). Paul applique dans ses lettres aux Corinthiens cette
vérité aux chrétiens eux-mêmes, membres du corps du Christ : Le temple
de Dieu est saint, et ce temple, c’est vous… Nous, en effet, nous sommes le
temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit lui-même : J’habiterai et je
marcherai parmi eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple.
L’Evangile de ce dimanche nous
appelle à respecter nos églises, en tant que lieux de prière et de célébration
des sacrements. C’est par le comportement de chacun que nous pouvons créer dans
nos églises une atmosphère propice au recueillement et à l’accueil de Dieu qui
se donne. L’Evangile de ce dimanche nous appelle surtout à prendre une
conscience renouvelée que nous sommes les temples du Dieu vivant. Il s’agit
bien de notre part d’un acte de foi car cette inhabitation divine n’est pas la
plupart du temps perceptible de manière sensible. En ce temps de carême, quels
sont les marchands que nous devons chasser du sanctuaire de notre cœur, là où
habite le Dieu trois fois saint ? Comment nous préparons-nous avant la
messe à recevoir le don du corps du Christ ? Arrivons-nous à l’avance au
rendez-vous du repas du Seigneur afin de bien nous préparer à cette rencontre
du dimanche ?
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