mercredi 30 janvier 2008

Troisième dimanche du temps ordinaire

3ème dimanche du TO / A
27 janvier 2008
Matthieu 4, 12-23 (page 447)

Depuis la fête du baptême du Seigneur l’Evangile du dimanche nous introduit aux commencements du ministère public de notre Seigneur. Les commencements sont toujours significatifs et ont donc une importance particulière.
Lorsque Jésus sort de sa vie cachée à Nazareth il vient aux bords du Jourdain pour recevoir des mains de Jean le baptême. Nous avons au tout début de son ministère public un double témoignage sur l’identité profonde de Jésus : un témoignage humain, celui de Jean, et un témoignage divin puisque la voix du Père se fait entendre et l’Esprit descend sur lui sous l’apparence d’une colombe.
La page évangélique de ce dimanche nous montre les pierres de fondations du ministère du Christ en ses commencements. Et Matthieu insiste beaucoup sur la géographie : c’est à Capharnaüm, en Galilée, que Jésus choisit de commencer sa mission. Et non pas en Judée, à Jérusalem… Le Seigneur choisit cette contrée du nord d’Israël, considérée d’un mauvais œil par les bons juifs de Judée. Il s’installe au « carrefour des païens » pour reprendre l’expression du prophète Isaïe. Par son baptême le Seigneur montrait qu’il venait pour sauver les pécheurs. Par son installation en Galilée il montre qu’il vient pour sauver tous les hommes qu’ils soient juifs ou païens.
Au chapitre 4 de son évangile, Matthieu nous rapporte deux actes fondateurs du Christ.
Le premier correspond à sa toute première prédication : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche ». Pour son Eglise en germe le Seigneur pose ici un principe spirituel, intérieur et personnel. La Bonne Nouvelle qu’il annonce en Galilée doit toucher les cœurs, les remuer et les amener à la conversion. Son désir le plus profond est que le cœur de pierre de tout homme soit transformé en un cœur de chair, capable d’accueillir en lui la nouvelle réalité du Royaume qui vient. En saint Luc, le Seigneur ira jusqu’à dire que le Royaume de Dieu est au milieu de nous . L’appel à la conversion est donc l’une des pierres de fondation de notre Eglise, et c’est ce que le Carême vient nous rappeler chaque année. Notre Eglise aurait beau être très bien organisée et très efficace dans ses institutions et dans ses œuvres, si chacun de ses membres ne se sentait pas concerné personnellement par cet appel, alors elle ne serait plus levain dans la pâte et lumière du monde… Etre membre de l’Eglise catholique c’est nécessairement être une personne en recherche spirituelle, en quête de sainteté. Le vrai chrétien ne peut se contenter de son état spirituel actuel. Il sait qu’il doit toujours avancer sur les chemins de l’Evangile. Et ce qui est vrai du chrétien l’est aussi de l’Eglise dans son ensemble. En plein Concile Vatican II, en 1964, le pape Paul VI écrivait l’encyclique Ecclesiam suam consacrée aux voies par lesquelles l’Eglise doit aujourd’hui accomplir sa mission. Toute la deuxième partie de ce document est consacrée au renouvellement de l’Eglise. Pour le pape ce renouvellement doit passer par l’esprit de pauvreté et l’esprit de charité. Et parler de renouvellement de l’Eglise revient à parler du renouvellement de notre vie spirituelle. « L’Eglise, écrit Paul VI, trouvera une jeunesse renouvelée bien moins par un changement dans l’appareil extérieur de ses lois que grâce à une attitude prise à l’intime des âmes, attitude d’obéissance au Christ et du même coup respect des lois que l’Eglise s’impose à elle-même afin de suivre les traces du Christ. Là gît le secret de son renouveau, là sa véritable « conversion » - retournement du cœur, - là son travail de perfection. »
Le deuxième acte fondateur du Christ au commencement de son ministère est l’appel des quatre premiers disciples au bord du lac. Jésus est le Fils de Dieu. Il aurait très bien pu, en théorie, se passer de la collaboration d’hommes faibles et pécheurs… Mais non ! Il les appelle à sa suite pour qu’ils deviennent à leur tour des pécheurs d’homme, c’est-à-dire des évangélisateurs et des missionnaires. Dans cet acte solennel nous avons une autre pierre de fondation pour notre Eglise. C’est le principe communautaire et apostolique. Nous le retrouverons exprimé de manière symbolique dans l’envoi en mission des premiers disciples : Jésus « appela à lui les Douze et commença à les envoyer deux par deux. » Pour les fondations de son Eglise et les besoins de la mission, le Seigneur a voulu qu’il y ait un esprit d’équipe parmi ses apôtres. N’est-ce pas là un défi essentiel pour nos communautés chrétiennes d’aujourd’hui ? Vivre, célébrer, témoigner ensemble dans la complémentarité des charismes pour que le Royaume de Dieu soit rendu présent et manifeste aux yeux de nos contemporains…
Amen.