dimanche 21 janvier 2018

Troisième dimanche du temps ordinaire / B

Troisième dimanche du temps ordinaire/B

Marc 1,14-20

21/01/17

Saint Marc nous livre dans l’Evangile de ce dimanche une description synthétique du commencement de la mission de Jésus. Ces quelques lignes dessinent le portrait de Jésus évangélisateur. Elles posent les fondements de sa mission, fondements qui resteront valables jusqu’au moment de sa Passion et de sa mort. Tout d’abord le Seigneur décide de commencer cette mission dans sa région, la Galilée, et non pas dans la capitale religieuse d’Israël, Jérusalem. Il fait le choix des périphéries pour reprendre un vocabulaire souvent utilisé par le pape François. Comme autrefois Jonas avait été envoyé, loin d’Israël, pour prêcher dans la grande ville païenne de Ninive… Après cette indication de lieu, nous trouvons une indication de temps : ceux-ci sont accomplis car le règne de Dieu est tout proche. Saint Paul traduit cette réalité en affirmant que ce monde tel que nous le voyons est en train de passer. En commençant sa mission, Jésus avait donc bien conscience d’inaugurer une nouvelle étape dans l’histoire de la relation entre Dieu et l’humanité, ce que nous appelons la nouvelle alliance. Voici plus de 2000 ans que nous sommes dans ces temps nouveaux, ceux de l’ère chrétienne comme nous le rappelle notre calendrier. Choix d’un lieu décentré, conscience d’un nouveau commencement, c’est dans ce contexte que Marc nous donne le résumé du message de Jésus : convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. La première partie de ce message n’a rien d’original, tous les prophètes avaient porté le même appel adressé sans relâche au peuple de Dieu. Mais pour Jésus se convertir c’est croire à l’Evangile, donc croire en sa parole. Sa parole est parole de Dieu et elle demande donc de notre part une adhésion par la foi. Qu’est-ce que la Bonne Nouvelle ? Ce sera l’objet précisément de tous les enseignements et des actes du Seigneur pendant les trois années de sa mission sur cette terre. Dès le départ, Jésus nous demande de l’écouter et de le suivre, et de recevoir ses enseignements non pas comme de simples conseils mais comme une parole de Dieu nous ouvrant le chemin d’une vie nouvelle. Jésus n’attend pas, nous le voyons, pour s’entourer de collaborateurs dans sa mission. Il n’est pas un prédicateur solitaire. Dès le début même de sa mission, il ressent le besoin d’appeler à sa suite quatre hommes, tous pêcheurs sur le lac de Galilée. A partir du moment où Jésus ouvre la bouche pour prêcher l’Evangile, l’Eglise commence en germe dans la petite communauté apostolique. A travers un jeu de mots, le Seigneur leur décrit ce que sera leur mission à sa suite : je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. C’est en vivant, jour après jour, la mission avec leur Maître, en l’écoutant et en le regardant agir, qu’ils deviendront apôtres, pêcheurs d’hommes. Ce qui signifie qu’ils recevront de Dieu la grâce pour attirer les hommes vers Jésus et leur donner le désir d’écouter et d’accueillir l’Evangile dans leur vie. Simon, André, Jacques et Jean sont des hommes de foi. Ils ont eu cette force extraordinaire de tout laisser pour suivre Jésus. C’est par le témoignage de leur foi qu’ils seront pêcheurs d’hommes. Leur nouveau travail consistera à amener à la foi en Jésus et en l’Evangile les hommes qu’ils rencontreront. Les apôtres de Jésus ne donnent pas la foi. Seul Dieu peut la donner. Mais ils ont pour mission de préparer les cœurs des hommes à l’accueil de la foi et de faire résonner l’Evangile à leurs oreilles. C’est encore aujourd’hui la mission de l’Eglise apostolique, fondée sur les apôtres, dans ces temps qui sont les derniers. Les conditions de vie de l’humanité et les mentalités religieuses ont radicalement changé en 2000 ans. Alors qu’au moment de la prédication de Jésus, la foi en Dieu était une évidence pour la plupart, aujourd’hui beaucoup considèrent Dieu comme une hypothèse inutile et sans fondement réel. Le témoignage de foi de la communauté chrétienne et son engagement inlassable au service de la justice et de la paix, dans un esprit de charité, peuvent éveiller le sens de Dieu, le sens de la transcendance chez nos contemporains. Aujourd’hui se convertir pour croire à l’Evangile signifie d’abord s’arracher à un univers matérialiste qui limite les désirs de l’homme à une perspective de fausse réussite purement terrestre par l’ambition, la gloire et l’argent. Ce faisant l’homme s’enferme dans la tristesse d’un monde clos, privé de transcendance et de valeurs éternelles. Ce n’est pas par hasard que le premier texte officiel du pape François s’appelle la joie de l’Evangile. Par une vie de foi, de charité et de prière, nous sommes, chacun pour notre part, des pêcheurs d’hommes, des témoins de ce que seul Jésus peut combler notre cœur d’une joie et d’une paix qui dépassent tout ce que nous pouvons désirer.


dimanche 7 janvier 2018

ÉPIPHANIE 2018

Épiphanie 2018

Matthieu 2, 1-12

L’Epiphanie nous raconte la visite des mages d’Orient auprès de l’enfant Jésus à Bethléem. Lorsque nous lisons le récit qu’en fait saint Matthieu, nous remarquons un mot qui revient souvent, celui de roi. Et ce mot ne s’applique pas aux mages, mais bien à Hérode le Grand et à l’enfant qui vient de naître. L’évangéliste met ainsi en parallèle la royauté d’Hérode et celle de Jésus. Hérode est roi de Judée mais il doit son pouvoir uniquement à la volonté des romains qui sont, en réalité, les vrais maîtres de la Judée, c’est donc un roi sous le contrôle de l’empereur de Rome. Jésus est né sous le règne du premier empereur romain, Auguste. Hérode a beau être un roi de pacotille, il tient énormément à cette part de pouvoir que Rome lui a concédé, et l’histoire a retenu sa cruauté pour se maintenir à tout prix à son poste. En face de lui, nous avons Jésus, non pas à Jérusalem, mais à Bethléem, la ville du grand roi David. Les mages parlent de lui en utilisant l’expression « roi des Juifs », tandis que les prêtres citent la prophétie de Michée parlant d’un chef-berger ou chef-pasteur du peuple d’Israël. D’un côté nous avons donc un roi mis en place par l’autorité romaine, et de l’autre un roi nouveau-né dont l’autorité vient de Dieu. L’étoile pour les mages, la prophétie pour les Juifs indiquent bien que ce roi n’est pas seulement un roi terrestre comparable aux autres, mais qu’il a un caractère divin. Hérode a acheté son pouvoir aux romains par l’argent, les mages reconnaissent le pouvoir de l’enfant grâce à l’étoile.


A ce premier parallélisme en correspond un autre dans le récit de Matthieu. Il y a donc deux rois, très différents et même opposés, il y a aussi deux réactions différentes et opposées face à la naissance de l’enfant Jésus. La réaction d’Hérode, homme d’ambition et de pouvoir, était prévisible : c’est la panique lorsqu’il entend parler d’un roi des Juifs. Il est bouleversé par la peur de perdre son pouvoir en Israël. Si son cœur avait été ouvert, il aurait compris que la royauté de cet enfant, d’un ordre totalement différent de la sienne, n’était pas un danger pour lui. Mais Hérode est purement terrestre et ne connaît pas l’existence des réalités spirituelles. Il est animé par l’esprit de ce monde, parfaitement bien résumé par saint Jean dans sa première lettre : N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. Tout ce qu’il y a dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse –, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde. Or, le monde passe, et sa convoitise avec lui. Mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure pour toujours. Les mages, des étrangers, des scientifiques, ont, eux, une disposition contraire qui leur fait entreprendre un long voyage pour honorer le nouveau-né. Aucun bouleversement, aucune inquiétude, mais seulement une très grande joie. L’une des leçons essentielles de l’Epiphanie pour nous est bien la suivante : chaque fois que nous reconnaissons humblement l’autorité de Dieu et sa manifestation parfaite dans la royauté du Christ, chaque fois que nous nous ouvrons à l’adoration de Dieu, nous recevons le don de la joie véritable, celui de la joie spirituelle. Par contre si notre cœur s’attache aux promesses de ce monde (gloire, pouvoir et richesse), nous ne pouvons pas connaître la paix du cœur et notre âme est sans cesse tourmentée, à l’image de celle d’Hérode. C’est l’occasion de nous rappeler quel est le fruit de l’Esprit Saint dans nos vies en citant l’apôtre Paul : voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. En ces domaines, la Loi n’intervient pas. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises.