dimanche 17 septembre 2017

24ème dimanche du temps ordinaire / année A


17/09/17

Matthieu 18, 21-35

Le chapitre 18 de l’Evangile selon saint Matthieu est une catéchèse sur le mystère de l’Eglise. L’Evangile de ce dimanche correspond à la conclusion de cette catéchèse construite à partir des paroles du Christ. L’enseignement de Jésus part souvent des questions qu’on lui pose. Le Seigneur aime en effet écouter les questions des hommes pour délivrer son message. Le chapitre 18 s’ouvre par une question des disciples et s’achève par une question de Pierre :

Qui donc est le plus grand dans le Royaume des Cieux ?

Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ?


A ces deux questions, le Seigneur répond en donnant des modèles à imiter, des sources d’inspiration pour notre conduite chrétienne. La vraie grandeur consiste à se faire petit comme un enfant et le pardon authentique fait de nous des imitateurs de Dieu. D’un côté nous avons donc comme modèle le petit enfant et de l’autre Dieu le Père ! Humilité et pardon, humilité et miséricorde vont donc de pair, et trouvent en Jésus, image du Père, leur union parfaite et leur sommet. Ces deux dispositions du cœur, ces deux attitudes sont caractéristiques de la vie chrétienne, et dessinent par conséquent le visage de l’Eglise. Le Fils éternel de Dieu s’est manifesté en la personne de Jésus pour offrir à l’humanité le pardon de Dieu et à la création tout entière le don de la réconciliation et de la paix. Si Jésus exige de Pierre et de tous ses disciples un pardon sans limite, un pardon infini, c’est parce que la miséricorde de Dieu est elle-même infinie et sans bornes. La capacité de pardonner chez les chrétiens devient ainsi une participation humaine à la miséricorde de Dieu manifestée dans le Christ. Que le pardon soit un thème central dans la prédication de Jésus ne demande pas beaucoup de démonstration… Qu’il nous suffise de penser à la demande du Notre Père ! Cette capacité de pardonner est le signe de la présence du Royaume de Dieu parmi nous, elle est un signe éclatant de sainteté. A l’inverse l’attitude du débiteur impitoyable dans la parabole nous fait retomber dans un monde privé de la grâce divine, dans un univers païen. Chaque fois que nous refusons en tant que chrétiens d’offrir le pardon, nous ne sommes pas simplement ingrats et illogiques mais nous bloquons en quelque sorte l’avènement du Royaume de Dieu. Nous déconstruisons ce que Jésus nous a obtenu par l’offrande de sa vie. Notre psychologie humaine, blessée par le péché des origines, est ainsi faite que nous sommes généralement indulgents envers nous-mêmes et impitoyables envers les autres. Les grands saints nous étonnent souvent parce qu’ils se considèrent comme de grands pécheurs. Ils inversent dans leur vie l’instinct psychologique qui accuse autrui avant de se remettre soi-même en question. Notre tendance à être sans pitié envers autrui va de pair avec une autre tendance, presque automatique en nous, celle du jugement. Nous progresserons dans notre capacité à pardonner au fur et à mesure que nous vaincrons cette tendance à juger rapidement les autres sans connaître les tenants et les aboutissants de leur histoire personnelle. Si pardon et humilité vont de pair dans la vie de l’Eglise, alors le conseil que Paul donnait aux premiers chrétiens nous est infiniment précieux si nous voulons refléter dans nos vies la miséricorde du Seigneur à notre égard : ne faites rien par rivalité ni pour la gloire ; ayez l’humilité de croire les autres meilleurs que vous-mêmes. Au lieu de penser chacun à son intérêt, que chacun se préoccupe des autres.

dimanche 10 septembre 2017

23ème dimanche du temps ordinaire / A


10/09/17

Matthieu 18, 15-20

L’Evangile de ce dimanche nous parle de la vie de la communauté chrétienne, de la vie en Eglise. Jésus aborde deux aspects de cette vie communautaire : le péché et la prière. Si nous lisons cet Evangile dans le contexte plus large du chapitre 18 de l’Evangile selon saint Matthieu, nous nous apercevons que ce chapitre s’ouvre par une question des disciples : Qui donc est le plus grand dans le Royaume des Cieux ? Et à cette question Jésus répond en appelant un petit enfant… Si quelqu’un peut se rabaisser au niveau de cet enfant, c’est lui le plus grand dans le Royaume des Cieux. Ainsi la note essentielle des disciples, donc de l’Eglise, c’est l’humilité. L’Eglise, à l’exemple de son Maître et Seigneur, est d’abord servante. Jésus aborde ensuite la question du scandale dans la communauté chrétienne. Puis, juste avant l’Evangile de ce dimanche, il propose la parabole de la brebis perdue avec comme conclusion : votre Père des Cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits se perde. Si l’Eglise est d’abord servante, c’est pour le salut de tous les hommes. Ou pour le dire autrement l’Eglise n’est pas signe de salut en dominant mais en s’abaissant, comme Jésus l’a fait lors du lavement des pieds.

Dans ce contexte les paroles sur la correction fraternelle s’éclairent d’un jour nouveau. Elles nous rappellent que l’Eglise sainte est composée de membres pécheurs. Le péché dont parle ici Jésus doit revêtir une certaine gravité. Il ne s’agit pas des péchés véniels auxquels tous les chrétiens succombent quotidiennement. Il s’agit du péché qui constitue un contre-témoignage flagrant, du péché qualifié de mortel par l’Eglise car il nous sépare de Dieu et blesse la communion de l’Eglise. D’où la nécessité d’une intervention de la communauté auprès du pécheur en vue de son salut et pour obtenir son repentir. Jésus recommande en priorité une intervention discrète (va lui parler seul à seul), car elle respecte davantage la dignité de la personne qui a péché. La correction fraternelle n’a pas pour but d’humilier publiquement le pécheur. Ce n’est que lorsque le pécheur s’endurcit dans sa faute que cette correction de la part de l’Eglise prend un caractère solennel et public qui peut aboutir à ce que nous appellerions aujourd’hui l’excommunication (considère-le comme un païen et un publicain). Dans des cas extrêmes l’Eglise a en effet le devoir de protéger ses membres contre un membre qui, par son attitude, sème le trouble et cause le scandale. L’importance de la communion en Eglise se vérifie avec les paroles de Jésus sur la prière : la prière communautaire a plus de puissance que la prière personnelle, car quand deux ou trois sont réunis au nom de Jésus, il est là au milieu d’eux. L’enseignement du Seigneur sur l’Eglise s’ouvre par l’humilité et se conclue, à la fin du chapitre 18, par l’importance du pardon : mon Père des cieux vous traitera de la même façon si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond de son cœur. A travers les paroles de Jésus, saint Matthieu nous offre ainsi une magnifique catéchèse sur la vie en Eglise. L’Eglise telle que Jésus la veut est cette communauté de croyants qui vit le service comme la véritable grandeur et qui se dévoue totalement à un monde réconcilié. Le pouvoir de la communauté Eglise n’a pas d’autre but que le salut de tous, et ce salut implique l’engagement des chrétiens pour la justice et pour la paix. L’Eglise, corps du Christ et temple de l’Esprit, est enfin le lieu privilégié de la présence et de l’action du Seigneur, en particulier dans la prière communautaire et liturgique : Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux.