dimanche 29 novembre 2015

Recueil d'homélies pour la nouvelle année liturgique C


http://www.amazon.fr/Hom%C3%A9lies-pour-lann%C3%A9e-liturgique-lectionnaire/dp/3841698565/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1448802942&sr=8-1&keywords=hom%C3%A9lies+pour+l%27ann%C3%A9e+liturgique+C

Premier dimanche de l'Avent / Année liturgique C


29/11/15

Luc 21, 25-36

Au commencement d’une nouvelle année liturgique, l’Eglise nous fait contempler la fin, l’accomplissement du Royaume de Dieu lors du retour du Christ dans sa gloire. Les textes de cette liturgie orientent en effet notre cœur et notre regard vers un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice, selon l’expression employée par saint Pierre dans sa deuxième lettre.

Nous aspirons tous profondément au bonheur et à la justice. Nous souffrons de constater que notre monde est encore sous l’emprise du péché et du mal. Nous faisons nôtres les paroles de saint Paul dans sa lettre aux Romains :

La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps.

Nous avons entendu dans la première lecture la promesse de bonheur faite par Dieu à son peuple. Et cette promesse, c’est la venue d’un Germe de justice, venue que nous célébrerons à Noël avec la naissance de Jésus, notre justice. Dieu notre Père veut donc combler ses enfants de bonheur en leur donnant son propre Fils. C’est en écoutant la Parole du Fils, en la méditant et en la mettant en pratique que nous trouverons le secret du véritable bonheur et que nous deviendrons justes en présence de Dieu.

Dans la première partie de l’Evangile, Jésus fait siennes les conceptions de son temps sur la fin du monde. Il reprend les images apocalyptiques que l’on trouve chez les prophètes et qui annoncent un ébranlement cosmique. Mais le plus important n’est pas là. Car pour préparer l’avènement du Royaume du Christ à la fin des temps, il s’agit d’abord de rester éveillé, d’éviter que notre cœur ne s’alourdisse. Jésus nous parle donc du combat spirituel. C’est en nous que nous permettons au Royaume de Dieu d’advenir, dans l’attente du retour du Christ en gloire. C’est en nous que nous pouvons anticiper le ciel nouveau et la nouvelle terre. Pour reprendre une belle expression du pape Grégoire le grand, le ciel, c’est l’âme du juste. Le Seigneur nous fait donc observer un contraste entre deux attitudes. Nous pouvons alourdir notre cœur en nous laissant dominer par la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie, ou bien, au contraire, renforcer notre communion avec Dieu par notre fidélité à la prière et à la vie spirituelle. Voilà donc notre temps de l’Avent placé sous le signe de la prière. Chacun de nous est invité à intensifier sa relation avec le Seigneur et à choisir les moyens concrets qui l’aideront à demeurer éveillé dans la prière : chapelet, méditation de la Bible, adoration du Saint Sacrement etc. En nous unissant à Dieu, la prière nous libère de plus en plus des soucis de cette vie pour nous recentrer sur l’essentiel. Cet Avent sera aussi marqué par le commencement de l’année de la miséricorde, le 8 décembre. Une année au cours de laquelle le pape François nous invite à être miséricordieux pour les autres et à recevoir nous-mêmes la miséricorde divine, en particulier par la célébration du sacrement du pardon et de la réconciliation.

dimanche 22 novembre 2015

Le Christ roi de l'univers / année B


22/11/15

Jean 18, 33-37

Notre année chrétienne s’achève en ce dimanche avec la fête du Christ, Roi de l’univers. En cette année liturgique B, l’Eglise nous fait entendre un passage du récit de la Passion en saint Jean. D’emblée nous sommes ainsi avertis de ce que la royauté du Christ ne ressemble pas à celle des dirigeants de cette terre. Si tout s’était achevé sur la croix, le Christ ne serait pas roi et ses adversaires auraient eu raison de le considérer comme un imposteur. C’est l’ensemble du mystère pascal, de la Passion à l’Ascension en passant par la mort en croix et la résurrection, qui est le signe et la preuve de la Seigneurie de Jésus de Nazareth. C’est parce que cet homme est mort et ressuscité que nous pouvons l’adorer comme le Fils du Dieu vivant et reconnaître en ses paroles les paroles de la vie éternelle.
Dans son dialogue avec Pilate, Jésus nous révèle deux caractéristiques de sa royauté :

-      Elle ne vient pas de ce monde.
-      Elle est un témoignage rendu à la vérité.

Ma royauté ne vient pas de ce monde. Oui, l’autorité du Christ ne vient pas des hommes mais de Dieu. Il affirme cela au moment même où les responsables du peuple ridiculisent son autorité divine et le livrent au pouvoir romain pour qu’il soit crucifié. Oui, son autorité n’a pas été reconnue par les chefs religieux d’Israël. Quel est le signe donné par Jésus pour montrer que son pouvoir ne vient pas de ce monde ? Contrairement aux puissants de ce monde, il n’a pas d’armée ni de soldats pour le défendre. Ce qui signifie que l’autorité divine ne s’impose pas par la force et la contrainte. L’autorité divine, nous le verrons plus loin, n’a pas d’autre force que celle de la vérité. Saint Paul avait parfaitement compris cela lorsqu’il parlait du mystère de la croix aux Corinthiens :

Alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.

Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix.
L’autorité du Christ vient de Dieu et elle est au service de la vérité. Proclamer la vérité est toujours dangereux. Jésus a été le martyr de la vérité. S’il est mort en croix, c’est bien parce qu’il n’a pas eu peur de dire la vérité sur Dieu et sur les hommes. Or la vérité n’est pas toujours agréable à entendre. Tout simplement parce que nous sommes pécheurs et complices avec le mal. Ce qui nous empêche souvent de recevoir le témoignage de la vérité, ce sont nos mauvaises actions. Les mauvais choix que nous faisons pour nous et pour les autres nous rendent aveugles et sourds. Si les puissants de ce monde peuvent mettre leur autorité au service de bien des ambitions et sont prêts à accepter des compromissions et des trahisons pour se maintenir au pouvoir, Jésus, lui, est le chemin, la vérité et la vie. Le Christ Roi ne rend pas seulement témoignage à la vérité, Il est en lui-même cette vérité libératrice, cette vérité qui nous sauve. Dans son dialogue avec Nicodème, Jésus nous montre qu’il s’agit pour nous de faire la vérité, non pas de la créer, mais de la recevoir en agissant selon le bien et la justice :


Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. 

mercredi 11 novembre 2015

Cérémonie de Requiem - 11 novembre 2015



La doctrine sociale de l’Eglise est au service de la justice et de la paix. En cette année 2015, le pape François a eu l’occasion de rappeler et d’approfondir à de nombreuses occasions les principes de cet enseignement en les appliquant aux situations concrètes qui sont les nôtres aujourd’hui. Pour notre temps de méditation et de prière de ce 11 novembre, je me référerai principalement au long discours que le pape François a adressé aux participants de la rencontre mondiale des mouvements populaires à Santa Cruz, le 9 juillet, en présence d’Evo Morales, président de la Bolivie. Le pape a souligné avec force la nécessité d’un changement de structures et a donné trois orientations : 1°/ Mettre l’économie au service des peuples ; 2°/ Unir nos peuples sur le chemin de la paix et de la justice ; 3°/ Défendre la Mère Terre (l’écologie). La paix, la justice et la démocratie vont ensemble. Or, affirme le pape, le système économique actuel peut être décrit comme une dictature subtile :

Derrière tant de douleur, tant de mort et de destruction, se sent l’odeur de ce que saint Basile de Césarée appelait « le fumier du diable » ; l’ambition sans retenue de l’argent qui commande. Le service du bien commun est relégué à l’arrière-plan. Quand le capital est érigé en idole et commande toutes les options des êtres humains, quand l’avidité pour l’argent oriente tout le système socio-économique, cela ruine la société, condamne l’homme, le transforme en esclave, détruit la fraternité entre les hommes, oppose les peuples les uns aux autres, et comme nous le voyons, met même en danger notre maison commune.

A propos du scandale du commerce des armes, le pape s’est exprimé clairement à de nombreuses reprises. Écoutons ce qu’il a dit dans son discours au Congrès des Etats-Unis d’Amérique le 24 septembre :

Etre au service du dialogue et de la paix signifie aussi être vraiment déterminé à réduire et, sur le long terme, à mettre fin aux nombreux conflits armés dans le monde. Ici, nous devons nous demander : pourquoi des armes meurtrières sont-elles vendues à ceux qui planifient d’infliger des souffrances inqualifiables à des individus et à des sociétés ? Malheureusement, la réponse, comme nous le savons, est simple : pour de l’argent ; l’argent qui est trempé dans du sang, souvent du sang innocent. Face à ce honteux et coupable silence, il est de notre devoir d’affronter le problème et de mettre fin au commerce des armes.

La diplomatie de la France a été traditionnellement au service de la défense et de la promotion des droits de l’homme, sans lesquels aucune paix véritable ne peut s’établir. Il est regrettable de constater que l’argent l’a emporté sur les beaux idéaux. Comment les protestations de la France contre les violations des droits de l’homme peuvent-elles encore être entendues lorsqu’elle commerce, en particulier par la vente d’armes, avec un pays dans lequel les mêmes droits de l’homme sont violés de manière grave et quotidienne, l’Arabie Saoudite ? Il est triste de voir à quel point nos dirigeants se sont transformés en de vulgaires représentants de commerce.

Dans son discours de Santa Cruz, le pape François dénonce un nouveau colonialisme qui menace la coexistence pacifique des peuples en niant la souveraineté des nations et leur indépendance :

Les peuples du monde veulent être artisans de leur propre destin. Ils veulent conduire dans la paix leur marche vers la justice. Ils ne veulent pas de tutelles ni d’ingérence où le plus fort subordonne le plus faible. Ils veulent que leur culture, leur langue, leurs processus sociaux et leurs traditions religieuses soient respectés. Aucun pouvoir de fait ou constitué n'a le droit de priver les pays pauvres du plein exercice de leur souveraineté et, quand on le fait, nous voyons de nouvelles formes de colonialisme qui affectent sérieusement les possibilités de paix et de justice parce que « La paix se fonde non seulement sur le respect des droits de l’homme, mais aussi sur les droits des peuples particulièrement le droit à l'indépendance ».

Pour le pape, ce nouveau colonialisme adopte des visages différents : le pouvoir anonyme de l’idole argent qui se manifeste en particulier par les traités dits de libre échange, les monopoles médiatiques, et enfin sous la noble apparence de la lutte contre la corruption, contre le trafic de stupéfiants ou le terrorisme (…), nous voyons que l’on impose aux États des mesures qui ont peu à voir avec la résolution de ces questions et bien des fois aggravent les choses. La paix ne peut se construire que si l’on unit le respect de la souveraineté nationale à la coopération internationale : Interaction n’est pas synonyme d’imposition, ce n’est pas une subordination des uns en fonction des intérêts des autres. Le plein exercice de la souveraineté des peuples est inséparable de la démocratie authentique. Ce ne sont pas seulement les peuples des pays pauvres qui sont privés de leur indépendance, mais aussi les peuples d’Europe en raison d’une conception dogmatique, technocratique et opaque du fonctionnement de la communauté européenne. Les décisions prises reflètent davantage la volonté des lobbies économiques et financiers, donc des intérêts privés, que les aspirations des peuples. Ce fonctionnement anti-démocratique est une menace pour la paix et l’entente entre les peuples européens. Ce qui s’est passé en Grèce récemment le démontre. Et l’Italie a déjà eu son gouvernement « technique » dirigé par un banquier eurocrate, euphémisme pour signaler une entorse de plus à la démocratie…

A Santa Cruz, le pape a enfin redit sa confiance aux mouvements populaires comme porteurs d’espérance et artisans de paix :

Pour finir, je voudrais vous dire de nouveau : l’avenir de l’humanité n’est pas uniquement entre les mains des grands dirigeants, des grandes puissances et des élites. Il est fondamentalement dans les mains des peuples ; dans leur capacité à s’organiser et aussi dans vos mains qui arrosent avec humilité et conviction ce processus de changement.



dimanche 8 novembre 2015

32ème dimanche du temps ordinaire / B


8/11/15

Marc 12, 38-44

L'Évangile de ce dimanche nous montre comment Jésus enseignait en partant de l’observation de la vie quotidienne. Il avait les yeux ouverts sur le monde dans lequel il vivait, et il interprétait les signes des temps, en particulier à travers les comportements humains. Sa sagesse était donc incarnée.

Méfiez-vous des scribes… La première partie de notre Evangile se fait l’écho du jugement du Seigneur sur les scribes d’Israël, ceux qui connaissaient bien la loi de Moïse et qui lisaient chaque jour les Ecritures. Ce que Jésus leur reproche principalement, c’est leur hypocrisie. Car ils recherchent davantage leur propre gloire que celle de Dieu. Ils agissent pour être vus des hommes et recevoir d’eux leur louange. Cela nous rappelle un autre enseignement du Christ dans l’Evangile selon saint Matthieu : Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. L’hypocrisie des scribes est encore plus grave quand il s’agit de la prière, c’est-à-dire de cet acte sacré par lequel nous entrons en relation avec notre Père et Créateur : ils ne prient pas vraiment, ils font semblant de prier. Et dans le même temps ils sont attachés à l’argent, prêts à dévorer les biens des veuves pour pouvoir s’enrichir. Le verdict de Jésus est clair et sans appel. Les hommes hypocrites qui se moquent de Dieu et des pauvres seront d’autant plus sévèrement condamnés. Des veuves dépouillées par les scribes, nous passons, dans la deuxième partie de notre Evangile, à la pauvre veuve qui nous est présentée non seulement en contraste avec les gens riches mais aussi avec les scribes hypocrites. Jésus loue et admire cette femme. Comment expliquer son attitude si ce n’est par la force de sa foi en Dieu ? Elle, alors qu’elle est pauvre, n’est pas attachée au peu d’argent qu’elle a, mais elle fait ce geste qui paraît fou aux yeux de la sagesse humaine : le peu qu’elle a, elle le donne entièrement. Le don des deux piécettes est une image du sacrifice parfait, celui du Christ qui s’est donné entièrement pour que nous ayons la vie, et que nous l’ayons en abondance. Le Fils de Dieu a choisi de se faire pauvre pour pouvoir se donner entièrement à nous : Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. C’est ainsi que saint Paul met devant les yeux des Corinthiens l’exemple du Christ pour susciter en eux la générosité à l’occasion d’une collecte. Mais notre Evangile ne nous parle pas d’abord de générosité, puisque les riches ont donné des grosses sommes, même si c’était pris sur leur superflu. En mettant en avant le don de la veuve, Jésus pense probablement au don qu’il va faire de sa propre vie, nous sommes en effet proches de sa Passion. Il nous montre que dans la logique du Royaume de Dieu la vraie force, la puissance de transformation, l’irruption de la vie nouvelle ne dépendent pas des richesses mais bien des cœurs convertis. Seul un cœur qui aime totalement Dieu est en effet capable d’un tel don. Image du sacrifice du Christ, la veuve est aussi l’image du sacrifice spirituel des chrétiens tel que saint Paul l’évoque dans sa lettre aux Romains :


Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait.

dimanche 1 novembre 2015

TOUSSAINT

Toussaint 2015

Chaque année la Toussaint nous permet de méditer sur la sainteté chrétienne. La volonté de Dieu pour chacun d’entre nous, c’est que nous soyons saints. La vocation de tous les baptisés est en effet unique, même si elle se vit à travers des états de vie différents : c’est la sainteté. La Bible affirme que Dieu seul est saint. La sainteté de l’homme et de la femme est donc une participation à la sainteté même de Dieu.

Avant d’être une réponse libre de notre part à cet appel divin, la sainteté est d’abord un don. D’où la nécessité de nous rappeler des vérités fondamentales de notre foi. Le premier don de Dieu, c’est celui de notre vie humaine sur cette terre. Nous sommes des créatures voulues par le Père comme toutes les autres créatures. A ce don de la vie dans la création s’en ajoute un autre, nécessaire à cause du mal et du péché, celui de la grâce. La grâce nous vient par Jésus-Christ. Elle est la manifestation de la puissance de l’amour de Dieu qui ne nous abandonne pas, même lorsque nous nous éloignons de lui. La grâce fondamentale pour le chrétien correspond au baptême et à la foi. Tel est donc le projet de Dieu pour nous.

Comment pouvons-nous y répondre et devenir ainsi participants à la sainteté du Dieu trois fois Saint ? Tout d’abord en nous rappelant notre condition de créatures. La première page de la Bible nous enseigne que l’homme et la femme ont été créés à l’image de Dieu et selon sa ressemblance. Cela signifie que les hommes sont des animaux pas comme les autres, des animaux spirituels, capables de Dieu. C’est sur cette capacité que se fonde l’appel universel à la sainteté. Et la sainteté consiste, comme nous le rappelle le livre de la Genèse, à ressembler à notre Créateur : nous sommes créés selon sa ressemblance. Dans la révélation du Nouveau Testament nous apprenons que Jésus, le Fils, est l’image parfaite du Père. Donc être saints, c’est ressembler au Christ, c’est le suivre et l’imiter. Lui-même dans son enseignement nous fait comprendre que la sainteté est une affaire de ressemblance avec Dieu. Rappelez-vous ce passage de saint Matthieu où Jésus nous demande d’aimer nos ennemis. Quelle est donc la motivation qu’il donne ? La ressemblance avec Dieu notre Père :

« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes ».

Toute la vie et l’enseignement de saint Paul nous montrent que la sainteté consiste dans l’imitation du Christ. Par exemple dans sa lettre aux Philippiens : « Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus ».
Face à ce beau projet de Dieu pour nous, nous sommes tentés de dire que c’est trop difficile, que cet idéal est inaccessible pour nous. Ce serait oublier que si le Christ a accepté la mort sur la croix, c’est justement pour nous donner sa grâce au milieu des difficultés de cette vie. Ensuite les difficultés et les épreuves, les chutes et rechutes dans le péché, peuvent être des tremplins pour progresser dans la sainteté, à condition que nous les vivions dans la foi et en communion avec le Christ mort et ressuscité pour nous. De nombreux passages du Nouveau Testament sont capables de nous encourager et de ne pas céder à cette tentation qui nous fait entrevoir la sainteté comme une réalité réservée à une élite de chrétiens exceptionnels. Deux passages de la lettre aux Romains :

 « Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé. Ainsi donc, de même que le péché a établi son règne de mort, de même la grâce doit établir son règne en rendant juste pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur ».

« Nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ».

Ce qui est donc essentiel dans notre volonté de répondre à l’appel de Dieu à la sainteté, c’est bien notre fidélité et notre persévérance. Voilà ce que Dieu attend de nous comme Jésus nous l’a clairement indiqué dans l’Evangile :


« Celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé ».