lundi 17 juillet 2023

15ème dimanche du temps ordinaire / année A

 

16/07/2023

Matthieu 13, 1-23

La parabole du semeur nous parle du don de la Parole de Dieu. L’accent de cette parabole est davantage mis sur les différents terrains que sur le semeur. Ce semeur, c’est Jésus lui-même, Parole de Dieu faite chair pour reprendre l’expression du prologue de saint Jean. Nous savons bien, c’est le cœur de la révélation chrétienne, que Dieu nous parle par son Fils. Ecoutons la lettre aux Hébreux qui résume parfaitement le chemin de la Parole de Dieu jusqu’à nous :

À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes.

Jésus nous donne à voir quatre terrains différents qui peuvent correspondre à quatre types d’hommes. Mais n’oublions pas que tout au long de notre vie nous pouvons être successivement ces quatre terrains. A certains moments en effet nous faisons porter du fruit à la Parole et à d’autres nous ressemblons aux membres du peuple d’Israël décrits par Isaïe : Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux…

Regardons avec Jésus les différents terrains de notre cœur. Le premier est le terrain ensemencé au bord du chemin… lorsque nous entendons la parole du Royaume sans la comprendre. La première condition pour comprendre cette parole c’est de l’écouter. Ecouter demande toujours un effort de notre part. Il s’agit de prêter attention à ce qui est proclamé ou lu. Un bon exercice pour mieux écouter la parole de Dieu peut consister à apprendre à écouter notre prochain. Nous constatons tous à quel point il est difficile de nous écouter les uns les autres, même en famille, même dans le couple. Cela exige de notre part beaucoup de patience, de compréhension et d’humilité. Et il nous arrive de tomber sur des personnes bavardes qui mettent à l’épreuve notre capacité d’écoute ! Mais Dieu n’est jamais bavard, sa parole n’est pas assommante comme peuvent l’être certains discours humains. Nous ne comprendrons jamais parfaitement ni totalement la Parole de Dieu. Ce qui nous est demandé, c’est d’ouvrir les oreilles de notre cœur. Saint Benoît commence sa règle monastique par les paroles suivantes : Ecoute, mon fils, les préceptes du Maître et prête l’oreille de ton cœur.

Le deuxième terrain est le sol pierreux. Il s’agit de l’homme d’un moment qui est incapable de garder fidèlement la Parole. Jésus nous rappelle ici la grande difficulté que nous avons à persévérer dans nos choix de vie, dans nos bonnes résolutions. Commencer est le plus facile, tenir dans la durée c’est une autre histoire ! Même sans la détresse ou la persécution à cause de la Parole, la persévérance dans la foi et l’accueil de la Parole ne sont jamais choses évidentes. Probablement parce que le deuxième terrain et le troisième se ressemblent. Le sol pierreux et le sol sur lequel poussent les ronces ou les épines… Qu’est-ce qui peut bien nous empêcher de persévérer dans l’écoute fructueuse de la Parole dans un temps de liberté religieuse où nous ne sommes pas persécutés à cause de notre appartenance au Christ ? Jésus le dit clairement : le souci du monde et la séduction de la richesse. L’atmosphère d’une société, son impact sur nous, peuvent constituer une véritable mise à l’épreuve de notre foi chrétienne. Si nous vivons dans une ambiance matérialiste qui ne cesse de nous renvoyer à longueur de journée via les media et les publicités, mais aussi les discours politiques, l’idée selon laquelle une vie humaine réussie consisterait à accumuler le maximum de richesses, de célébrité et de pouvoir, nous comprenons immédiatement que cette ambiance est incompatible avec les enseignements du Christ. Si nous vivons dans une société où il faut toujours être actif et bouger, une société bruyante qui nous envahit par un bruit de fond permanent, qui s’insinue dans notre intimité de chaque instant par l’asservissement de beaucoup à des outils techniques tels que les smartphones et Internet, nous nous rendons incapable d’écouter le Dieu silencieux. Si nous voulons être le quatrième terrain, la bonne terre qui porte du fruit, nous devons travailler à nous libérer de ces esclavages technologiques qui non seulement nous empêchent de prêter attention à notre prochain mais nous rendent sourds à la Parole de Dieu. Il s’agit pour nous de retrouver le chemin de la prière et de la méditation, du temps gratuit offert à Dieu pour être là tout simplement en sa présence et nous laisser transformer par sa Parole. L’Evangile de ce dimanche nous invite à faire nôtres les belles paroles du psalmiste et à nous reposer en Dieu :

Je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère (Psaume 130).

dimanche 9 juillet 2023

14ème dimanche du temps ordinaire / année A

 

9/07/2023

Matthieu 11, 25-30

Nous venons d’écouter les versets qui concluent le chapitre 11 de l’Evangile selon saint Matthieu. Ces versets rassemblent une prière de Jésus et un appel qu’il adresse aux foules. Ce qui unit ces versets c’est bien le thème de l’humilité. Dieu se révèle de préférence aux tout-petits, c’est-à-dire à ceux qui ont un cœur de pauvre, un cœur humble. Jésus reprend dans sa prière au Père l’esprit des Béatitudes. En correspondance aux tout-petits Jésus se présente lui-même comme doux et humble de cœur. C’est en effet Jésus qui incarne parfaitement ce qu’il enseigne dans les Béatitudes. C’est lui le pauvre de cœur, c’est lui le doux. C’est lui qui nous appelle, qui appelle tous les hommes à venir à lui, et son appel est rempli de tendresse et d’amour, de compassion aussi : Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.

Le Seigneur sait bien que notre vie humaine prend souvent l’aspect d’un fardeau difficile à porter, le fardeau de la solitude, de la maladie, de la vieillesse, du désespoir, de la misère etc. A ce fardeau de notre condition humaine correspond le joug que Jésus nous appelle à prendre. Cela nous rappelle l’invitation à porter notre croix à sa suite. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme.

Si le fardeau de notre vie humaine peut parfois nous conduire au désespoir ou au découragement, le joug de Jésus, lui, nous donne accès au repos de Dieu, c’est-à-dire à la paix du cœur. Le dernier verset se présente sous la forme d’un paradoxe : Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger.

Joug et facile, fardeau et léger ne sont pas associés dans notre esprit. Seul l’amour du Christ peut faire que notre joug soit facile à porter et notre fardeau léger. A travers ce paradoxe Jésus nous parle en fait de la puissance de son amour, de la puissance de sa grâce. On pourrait même deviner dans ces paroles une annonce de son mystère pascal dans lequel le joug de la croix devient facile à porter en raison du triomphe de l’amour du cœur de Jésus, triomphe qui culmine au matin de Pâques avec la découverte du tombeau ouvert et vide. Ces paroles d’encouragement et de consolation qui touchent profondément notre cœur de disciples et de croyants, Jésus les prononce en puisant dans la riche tradition de la Sagesse de l’Ancien Testament. Le livre du Siracide, écrit deux siècles avant le Christ par un autre Jésus, fils de Sirac, semble en effet avoir inspiré beaucoup d’enseignements de sagesse du Seigneur, pas seulement dans la page évangélique de ce dimanche mais aussi en bien d’autres endroits des Evangiles. Ecoutons en conclusion deux passages du Siracide qui sont à la source de l’invitation de Jésus à prendre sur nous son joug qui est celui de la sagesse divine :

Écoute, mon fils, et reçois mon avis ; ne rejette pas mon conseil. Engage tes pieds dans les entraves de la sagesse et ton cou dans son carcan. Incline ton épaule pour la porter et ne te rebiffe pas contre ses liens. (6, 23-25)

Approchez-vous de moi, vous qui n’avez pas d’instruction, prenez place dans mon école. Pourquoi dire que vous manquez de sagesse, pourquoi vos âmes ont-elles si grande soif ? J’ouvre la bouche et déclare : « Faites-en l’acquisition sans rien payer ; placez votre cou sous le joug, et recevez l’instruction. » On la trouve tout près de soi. Constatez-le de vos yeux : en prenant peu de peine, j’ai trouvé beaucoup de repos. (51, 23-27).