samedi 14 juillet 2018

15ème dimanche du temps ordinaire / B



15/07/18

Marc 6, 7-13

Après l’échec de sa première prédication dans la synagogue de Nazareth, Jésus envoie pour la première fois les douze apôtres en mission. Saint Marc donne moins de détails que saint Matthieu. Aussi sera-t-il utile de se référer parfois à la version de Matthieu afin de mieux comprendre le sens des consignes missionnaires que le Seigneur donne à ses apôtres.

Le premier élément significatif consiste dans le fait que les apôtres sont envoyés deux par deux dans les villages de Galilée. La mission d’annoncer l’Evangile est inséparable de l’appartenance à la communauté de l’Eglise. Elle se reçoit du Christ et se partage avec d’autres. Le message porté par un apôtre dépasse toujours son témoignage personnel pour rejoindre celui de l’Eglise tout entière. Même s’il peut arriver qu’un apôtre évangélise seul pendant un temps, ce fut le cas de Paul juste après sa conversion lorsqu’il partit pour l’Arabie, cette mission demeure toujours celle de l’Eglise du Christ. Par le baptême et par la foi, nous devenons les membres du Corps du Christ, ce qui signifie que nous ne sommes jamais chrétiens seuls, isolés du reste de l’Eglise. En outre le but de l’évangélisation est bien d’amener un homme ou une femme à la conversion, à la foi en Jésus Sauveur, et inséparablement à la vie chrétienne dans la communion de l’Eglise. Chaque fois que nous participons à la messe du dimanche, nous le faisons avec nos frères et sœurs dans la foi. La messe implique un rassemblement des croyants pour faire mémoire du mystère du Christ mort et ressuscité et pour vivre la communion de l’Eglise avant de vivre la communion avec Jésus.

Le deuxième élément significatif se trouve dans le style de vie simple des missionnaires. Jésus leur demande de partir deux par deux sur les routes sans rien emporter avec eux, légers. Ce dépouillement des missionnaires trouve sa motivation en saint Matthieu : pensez que l’ouvrier a droit à sa nourriture. Les apôtres auront à lutter contre les esprits mauvais. Une image peut éventuellement nous aider à comprendre cette exigence de dépouillement. Si un soldat est trop lourdement équipé, il sera moins rapide et moins agile sur le champ de bataille. Souvenons-nous de l’exemple de David affrontant Goliath. Le bagage le plus important des apôtres, c’est le pouvoir que Jésus leur donne sur les puissances du mal.

Enfin un troisième élément de la mission apostolique consiste à respecter la liberté de conscience de ceux auxquels le message est annoncé. Face au refus d’accueillir les missionnaires et d’écouter l’Evangile, le geste symbolique consistant à secouer la poussière de ses pieds signifie le respect de la liberté d’autrui. L’Evangile se propose, jamais il ne peut s’imposer par la force. La foi est en effet toujours un acte libre.

Marc ne nous dit rien du contenu de la première prédication des apôtres. D’où l’utilité de se référer à Matthieu : En entrant dans la maison, saluez ceux qui l’habitent. Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle. Si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne vers vous.

L’Evangile est donc un message de paix pour tous, il est le don de la paix même de Dieu à notre humanité. Une paix que ne peuvent recevoir que ceux qui s’ouvrent pleinement à l’action de l’Esprit Saint. Dès l’aube du mystère de l’incarnation, c’est le don de cette paix que les anges ont chanté dans la nuit de Noël, l’Eglise reprenant dans sa liturgie leur message par le chant du Gloria : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime.

dimanche 8 juillet 2018

14ème dimanche du temps ordinaire / B



8/07/18

Marc 6, 1-6

Après son baptême et les commencements de sa mission en Galilée, Jésus revient dans sa ville, Nazareth, pour y enseigner dans la synagogue le jour du sabbat. Il attire les foules mais c’est l’échec. Saint Marc nous décrit comment les auditeurs de Jésus passent de l’étonnement au scandale : frappés d’étonnement… profondément choqués à cause de lui. L’Evangile de ce dimanche nous parle de l’identité de Jésus, question centrale dans les Evangiles et pour la foi chrétienne. Il aura bien fallu 4 siècles de prière, de méditation, de réflexion théologique et de disputes pour que les premiers chrétiens parviennent à un accord doctrinal sur cette question… alors il n’est pas étonnant que Jésus ait suscité l’incompréhension parmi ses compatriotes. D’ailleurs cette incompréhension avait été annoncée par Syméon à Marie lors de l’épisode de la présentation au temple : Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction. Ce sur quoi butent les auditeurs dans la synagogue, c’est tout simplement le mystère inouï de l’incarnation : cet homme qui leur parle est vrai Dieu et vrai homme. Il est bien plus qu’un génial rabbin ou un grand prophète. Dans l’esprit des habitants de Nazareth, il y a une contradiction entre d’une part ce qu’ils connaissent humainement de Jésus et d’autre part sa sagesse et ces miracles : d’où cela lui vient-il ? Voilà la question à laquelle ils ne peuvent trouver de réponse satisfaisante. Pour eux il est tout simplement scandaleux que le charpentier de leur village, sans avoir fait d’études religieuses, puisse enseigner avec une telle autorité et une sagesse si grande et qu’en plus il ait ce pouvoir d’accomplir tant de miracles… Leur incompréhension les conduit logiquement au manque de foi. Ne serait-il pas un imposteur, un faux prophète ? Cet incident de la synagogue de Nazareth annonce déjà la grande incompréhension qui sera celle des derniers jours de Jésus à Jérusalem, entre l’entrée triomphale du jour des Rameaux et la condamnation à la mort de la croix le vendredi saint. La foule de Nazareth vit en un instant ce que les foules de Jérusalem vivront tout au long de la semaine sainte : passage de l’étonnement au scandale, de la gloire messianique à l’abandon du vendredi saint. La version que saint Luc donne de la première prédication de Jésus dans la synagogue de Nazareth confirme ce parallèle avec les jours de la Passion, car les habitants de Nazareth ne sont pas seulement scandalisés mais violents et remplis de colère au point de vouloir tuer Jésus ! À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.

Cette page évangélique nous montre toute la différence qui existe entre une perception simplement humaine de la personne de Jésus et une compréhension spirituelle de son identité. Sans la lumière de la foi, sans le secours du Saint Esprit, Jésus demeure incompréhensible. Saint Paul souligne l’importance de cette connaissance spirituelle dans sa deuxième lettre aux Corinthiens : Désormais nous ne regardons plus personne d’une manière simplement humaine : si nous avons connu le Christ de cette manière, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. Il n’est donc pas étonnant que certains, ayant seulement une connaissance humaine du Christ, aient pu percevoir en lui un imposteur ou encore un grand prophète… sans jamais parvenir au centre du mystère : il est le Fils bien-aimé du Père. Nouvel Adam, il est l’image du Dieu invisible. Par le mystère de l’incarnation, Dieu vient accomplir et porter à sa perfection ce qu’il avait commencé avec l’acte créateur en nous accordant gracieusement le pardon de nos péchés et la réconciliation. L’homme et la femme avaient été créés à l’image de Dieu et selon sa ressemblance, mais seul le Christ, parce qu’il est vraiment Dieu et vraiment homme, est l’image parfaite de son Père. Du point de vue de la sainteté de Dieu, il n’existe aucune contradiction entre l’humble condition du charpentier de Nazareth et la gloire de la divinité. Bien au contraire, c’est toujours par l’humilité et la simplicité que Dieu se manifeste le plus pleinement et de la manière la plus parfaite.

dimanche 1 juillet 2018

13ème dimanche du temps ordinaire / B



1/07/18

Marc 5, 21-43

La page évangélique de ce dimanche a été écrite par saint Marc dans un style particulièrement vivant. En témoigne, par exemple, cette annotation : la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait. Jésus n’accomplissait pas sa mission en suivant un planning détaillé dans lequel toutes ses activités étaient prévues à l’avance… Bien sûr il savait quelle était sa mission et où elle le conduirait. Certains choix, comme l’appel des Douze, étaient préparés dans la prière et murement réfléchis. Mais la plupart du temps Jésus se contentait de vivre simplement au milieu des gens en se laissant guider par leurs interrogations pour délivrer un enseignement ou par leurs prières pour accomplir un miracle. C’est justement cette impression de naturel qui domine la page évangélique de cette liturgie. Rien n’est planifié à l’avance. C’est dans la rencontre avec les hommes que Jésus manifeste sa puissance de Sauveur. Ici il guérit, à son insu, une femme malade depuis longtemps et il redonne la vie à une jeune fille. Les deux miracles s’entrecroisent. Comme toujours dans les Evangiles, Jésus associe le miracle à la foi de ceux qui en bénéficient. A la femme qui lui vole en quelque sorte sa propre guérison, il déclare avec affection : ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. Au chef de la synagogue, désespéré par la mort de sa fille, il n’hésite pas à dire : ne crains pas, crois seulement. Dans la mission de Jésus, ces miracles ne sont jamais un but en soi, encore moins des moyens faciles d’obtenir la popularité et le succès auprès des foules : il leur recommanda avec insistance que personne ne le sache. Jésus n’utilise jamais son pouvoir divin pour se faire de la publicité. Il agit d’abord mu par la compassion et l’amour envers les personnes qui souffrent dans leur corps à cause de la maladie ou dans leur âme comme ce père qui a perdu sa fille de douze ans. Jésus n’est pas un politicien qui se ferait une propagande facile afin de dominer les foules. Sa charité est authentique parce que désintéressée, sans aucune arrière-pensée. Dans son esprit, ces miracles sont des signes du Royaume de Dieu, ils annoncent son propre mystère de mort et de résurrection par lequel nous avons accès avec toute la création à la vie éternelle. Il est intéressant de relever que le Seigneur n’a pas guéri tous les malades ni redonné la vie à tous les morts. Là n’était pas le but de sa mission au milieu de nous. Mais dans certains cas il manifeste sa puissance de Sauveur pour faire naître et grandir dans le cœur des hommes la foi et l’espérance. Le vocabulaire employé dans les Evangiles est de ce point de vue significatif, il ne parle pas tant de guérison que du fait d’être sauvé : viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive / Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. La guérison des corps est donc toujours à comprendre comme une manifestation de la guérison spirituelle. Le vocabulaire utilisé par Jésus pour parler de la petite fille qui vient de mourir a aussi son importance : l’enfant n’est pas morte, elle dort. Saint Paul reprendra cette manière de parler pour l’appliquer aux défunts : ceux qui dorment, ceux qui se sont endormis. Dans leurs intercessions pour les défunts, les prières eucharistiques I et II reprennent aussi ce vocabulaire : souviens–toi aussi de nos frères qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection.

A travers cette page évangélique saint Marc nous rappelle donc le cœur de notre foi chrétienne : si, par le baptême et par la foi, nous sommes en communion avec Jésus mort et ressuscité pour nous, alors nous sommes sauvés, nous sommes déjà vainqueurs de la mort et appelés à entrer dans la vie du Royaume, la vie éternelle.