dimanche 27 septembre 2015

26ème dimanche du temps ordinaire / B


Marc 9, 38-48

27/09/15

L’Evangile de ce dimanche rassemble plusieurs paroles de Jésus qui ont été mises à la suite les unes des autres par saint Marc. L’unité entre ces paroles ne nous est pas donnée d’emblée : il ne s’agit pas d’une unité littéraire. Il existe même un contraste entre l’ouverture d’esprit recommandée par Jésus au début et la radicalité évoquée ensuite.

« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous »
« Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la ».

Entre ces deux enseignements le Seigneur évoque l’importance du traitement que les hommes réserveront à ses disciples en positif comme en négatif : le simple verre d’eau offert à un chrétien et le scandale qui fait chuter les croyants.

« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous ».

Avant d’aborder la portée de cette parole pour nous aujourd’hui, il faut être honnête et reconnaître que dans l’Evangile selon saint Luc Jésus semble dire le contraire : « Qui n’est pas avec moi est contre moi, qui ne rassemble pas avec moi disperse ». Mais de quoi s’agit-il chez saint Marc ? D’un homme qui chasse des esprits mauvais au nom de Jésus sans faire partie du groupe des disciples. Ce que le Seigneur condamne ici par avance, c’est bien la tentation du sectarisme dans son Eglise. Faire le bien n’est pas la propriété des seuls catholiques et Jésus n’appartient pas seulement aux catholiques. Plutôt que de vouloir empêcher les non-catholiques de faire du bien, nous devrions au contraire nous réjouir du bien accompli aussi par les membres des autres églises chrétiennes. Le bien est une valeur universelle qui dépasse largement les frontières déterminées par les diverses confessions religieuses. Tout simplement parce que la capacité à discerner le bien du mal et à s’engager dans la lutte contre le mal s’enracine en premier lieu dans la conscience morale. Et cette conscience est donnée par Dieu à tous les hommes comme une lumière pouvant les guider. C’est la raison pour laquelle même des athées peuvent accomplir le bien. Si Dieu veut passer par son Fils et par l’Eglise pour donner ses grâces aux hommes, son action n’en est pas pour autant limitée : il est le Père et le créateur de tous et par son Esprit il veut agir en tous en vue du salut du plus grand nombre. Etre catholique, c’est donc se garder d’un esprit étroit et jaloux, c’est s’ouvrir au contraire aux merveilles de Dieu dans le cœur de tous les hommes, aux signes de sa présence dans tous les actes d’amour et de réconciliation.

« Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la ».

L’image est forte, elle est même violente. Si d’un côté nous devons nous réjouir du bien accompli en dehors de l’Eglise catholique, de l’autre nous devons être fermes et courageux pour ne pas commettre le mal. Telle est l’unité spirituelle de l’Evangile de cette liturgie. Que devons-nous donc « couper » dans notre vie pour être de vrais chrétiens ? Telle est la question que nous pose d’une manière radicale l’image utilisée. Cette image nous invite à regarder honnêtement ce qui, dans notre vie, nous empêche d’être unis à la volonté du Christ pour prendre ensuite la ferme décision de nous en séparer. La deuxième lecture nous donne quelques exemples de ce pied que certains doivent couper pour être libres de suivre le Christ : l’amour des richesses, le plaisir devenu une idole, le goût pour le luxe, et surtout l’indifférence et l’injustice. A chacun de nous de trouver le pied qui nous handicape dans notre marche à la suite du Christ…

Enfin Jésus nous parle du scandale qui fait chuter les croyants. N’oublions pas le scandale qui empêche les incroyants d’entrer dans l’Eglise. Nous contribuons tous à divers niveaux à ce scandale chaque fois que nous manquons de zèle pour accomplir le bien et rejeter le mal en nous et dans notre monde.

dimanche 20 septembre 2015

25ème dimanche du temps ordinaire / année B


Marc 9, 30-37

20/09/2015

Qui est le plus grand ? Cette question des disciples pourrait se décliner en de nombreuses variations : Qui est le plus fort ? Qui est le meilleur ? Qui est le plus puissant ? Saint Marc n’hésite pas à souligner la distance qui sépare Jésus de ses disciples, ces disciples qui ne comprenaient pas les paroles mystérieuses de leur Maître. La discussion des Douze est encadrée par deux paroles : la première annonce la souffrance de la passion et de la mort de Jésus, la seconde met en avant un enfant, celui qui est le plus petit de par sa taille.
Cette discussion porte sur l’un des lieux classiques de la tentation. Nous sommes tous marqués par le péché des origines et par nos propres péchés. C’est la raison pour laquelle nous sommes particulièrement faibles par rapport à trois réalités de notre vie humaine : le pouvoir, l’argent et la sexualité. Ce sont les trois lieux principaux de la tentation. Et saint Paul n’hésitera pas à affirmer que le plus dangereux des trois, c’est l’amour de l’argent. La cupidité est la racine de tous les maux. Saint Jacques dans la deuxième lecture reprend, lui aussi, ce thème : « Vous demandez des richesses pour satisfaire vos instincts ».

La discussion des disciples sur la route révèle « la jalousie et les rivalités » qui « mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes ». Derrière la question « qui est le plus grand ? », c’est bien la question du pouvoir qui est posée. En instituant le groupe des Douze, Jésus donne à ses apôtres une participation à son pouvoir divin, et, parmi les Douze, il accorde à Pierre la charge de veiller sur l’unité de la première communauté. La soif de puissance et de domination est liée à notre vanité. C’est bien parce que nous sommes orgueilleux que nous désirons être considérés par les autres comme les plus grands. Cette soif de reconnaissance et de grandeur est à l’origine de la plupart des carrières politiques et militaires. Même si l’homme politique authentique et le vrai militaire se situent dans l’optique du service et du bien commun. Dans le commentaire que le Seigneur fait, c’est bien le service qui est donné comme le critère de la vraie grandeur. Et pour pouvoir servir en vérité, il est nécessaire de se décentrer de sa propre personne, d’oublier ses ambitions : c’est cela que signifie être le dernier de tous. A de nombreuses reprises Jésus affirme que les premiers seront derniers et les derniers premiers. Les valeurs de ce monde, la vanité, la puissance et la richesse, sont opposées aux valeurs du Royaume de Dieu : l’amour et le service. Et nous savons que seules les valeurs du Royaume ont les promesses de la vie éternelle. Tout passera sauf l’amour de charité. Comme le dit Job, nous sommes entrés nus en ce monde, nous en sortirons nus. Après notre mort nos titres et nos richesses nous seront totalement inutiles. L’enseignement de Jésus nous révèle ainsi que la première vertu de celui qui a un pouvoir dans la société ou dans l’Eglise, c’est l’humilité. Seul un cœur humble peut comprendre la grandeur selon l’Evangile. L’humilité nous ouvre à la vérité. C’est par elle que nous comprenons à quel point les gloires humaines sont fragiles et passagères. C’est par elle que nous réalisons que la seule gloire véritable, c’est celle révélée dans la personne et dans la vie de Jésus-Christ. Jésus n’a jamais voulu être un roi ou un général, et sa gloire est infiniment plus grande que celle des plus grands de ce monde. Un Alexandre le grand, un Louis XIV, un Napoléon ne sont rien face à la gloire divine du Fils de Dieu. Mais cette gloire est cachée, et seule la foi nous permet de la reconnaître. Si nous voulons être les plus grands, écoutons avec attention ce que Paul nous dit : « Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes ».