Méditation
pour le jeudi saint 2024
En ce jeudi saint nous faisons
mémoire de l’institution du sacrement de l’eucharistie par Jésus la veille de
sa mort. Ce sacrement a une place et une importance unique parmi les sept
sacrements de l’Eglise catholique, c’est la raison pour laquelle on l’appelle
le saint sacrement. Cela explique aussi pourquoi c’est le seul sacrement auquel
l’Eglise a consacré une fête, celle du saint sacrement du corps et du sang du
Christ que nous célébrerons cette année le 2 juin. L’introduction que saint
Jean donne au geste du lavement des pieds nous dit ce qui constitue le cœur de
l’eucharistie :
Avant la fête de la Pâque,
sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père,
Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.
C’est en effet dans l’eucharistie
et particulièrement dans son sommet, la communion, que nous est manifesté
l’amour extrême de Jésus pour chacun d’entre nous. L’amour qu’il soit humain ou
divin recherche toujours la communion. L’eucharistie nous rappelle que c’est
Dieu qui, le premier, nous a aimé en nous donnant son Fils. L’amour est
inventif et cherche toujours des voies nouvelles pour se communiquer et trouver
son accomplissement. Lors de la dernière Cène le Seigneur Jésus institue ce
sacrement nouveau par une invention de son amour infini. Et il le fait avec une
délicatesse tout aussi infinie, une délicatesse d’amour qui respecte notre
liberté. Il choisit les éléments végétaux du pain et du vin pour se cacher sous
de humbles apparences et se donner ainsi totalement à nous. Comme tous les
sacrements l’eucharistie est le sacrement de la foi : oui, il est grand le
mystère de la foi ! Dans le temps de l’Eglise après la Pentecôte nous
vivons de la foi et par la foi. Nous vivons en même temps l’absence et la
présence du Ressuscité. Depuis l’Ascension Jésus n’est plus présent
physiquement parmi nous. Il est comme le Père et l’Esprit invisible. Pour que
cette absence ne soit pas perçue comme un éloignement ou une indifférence, pour
cette absence ne crée pas une distance infranchissable entre Dieu et l’homme,
Jésus a voulu en quelque sorte se prolonger dans son Corps qui est l’Eglise. Il
a aussi voulu perpétuer à jamais sa présence de Ressuscité dans l’Eglise par le
don de l’eucharistie, eucharistie qui prolonge sacramentellement, au-delà de
l’Ascension, l’incarnation du Fils bien-aimé. Le mouvement de l’eucharistie est
celui de l’action de grâce pour cet amour prévenant du Seigneur à notre égard.
Le troisième dialogue qui introduit la préface, avant le sanctus, est une
invitation à rendre grâce à Dieu par, avec et dans le Christ qui s’offre en
sacrifice pour notre salut : Rendons grâce au Seigneur notre Dieu. La
célébration de l’eucharistie est une école spirituelle pour apprendre ou
réapprendre la vertu de gratitude envers Dieu. En reconnaissant le Christ
présent sous les humbles apparences du pain et du vin, nous sommes entraînés à
la reconnaissance pour tous les bienfaits de Dieu : notre existence et notre
vie, la grâce de la foi et de la vocation, le don de l’amour de Dieu dans les
sacrements. L’ingratitude envers Dieu et envers les hommes est un péché que
nous ne devons pas sous-estimer. C’est même un péché grave qui nous coupe de la
joie et de la paix de Dieu. L’eucharistie bien comprise et célébrée avec
ferveur et foi est une école de gratitude extraordinaire. Dans l’eucharistie
nous ne demandons rien, nous recevons tout puisque nous recevons Dieu lui-même
en son Fils, et nous répondons à cet immense don par notre présence à la
présence divine. C’est dire que l’eucharistie en plus d’être une école de
gratitude est toujours une école de prière. L’eucharistie nous apprend que dans
la prière il ne s’agit pas d’abord de demander des choses, mais de se rendre
disponibles et ouverts au don de Dieu. La prière n’est-ce pas se rendre
présents à la présence cachée et silencieuse de Dieu ? L’eucharistie nous
redit l’importance du « merci » à côté de la demande. Demande qui
trouve sa perfection dans la simple prière : Que ta volonté soit
faite ! Célébrer l’eucharistie en mémoire du Seigneur suppose une vie de
prière chez ceux qui participent à la messe. La prière personnelle et la prière
communautaire se fortifient mutuellement. Pour vivre profondément de l’eucharistie
nous avons besoin de prier dans le secret de notre chambre comme nous y invite
Jésus. Oui, heureux sommes-nous d’être invités au repas des noces de
l’Agneau ! Que Jésus dans sa bonté nous préserve de participer de manière
indifférente ou distraite à la messe, qu’il nous préserve de faire de la
communion eucharistique un geste banal et routinier ! Qu’il mette toujours
en nous le feu de l’Esprit Saint pour que nous sachions recevoir le grand don
de sa personne avec foi et ferveur, comme si chaque communion était unique,
comme si elle était la première et la dernière de notre vie !
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