vendredi 29 mars 2024

JEUDI SAINT 2024

 


Méditation pour le jeudi saint 2024

En ce jeudi saint nous faisons mémoire de l’institution du sacrement de l’eucharistie par Jésus la veille de sa mort. Ce sacrement a une place et une importance unique parmi les sept sacrements de l’Eglise catholique, c’est la raison pour laquelle on l’appelle le saint sacrement. Cela explique aussi pourquoi c’est le seul sacrement auquel l’Eglise a consacré une fête, celle du saint sacrement du corps et du sang du Christ que nous célébrerons cette année le 2 juin. L’introduction que saint Jean donne au geste du lavement des pieds nous dit ce qui constitue le cœur de l’eucharistie :

Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.

C’est en effet dans l’eucharistie et particulièrement dans son sommet, la communion, que nous est manifesté l’amour extrême de Jésus pour chacun d’entre nous. L’amour qu’il soit humain ou divin recherche toujours la communion. L’eucharistie nous rappelle que c’est Dieu qui, le premier, nous a aimé en nous donnant son Fils. L’amour est inventif et cherche toujours des voies nouvelles pour se communiquer et trouver son accomplissement. Lors de la dernière Cène le Seigneur Jésus institue ce sacrement nouveau par une invention de son amour infini. Et il le fait avec une délicatesse tout aussi infinie, une délicatesse d’amour qui respecte notre liberté. Il choisit les éléments végétaux du pain et du vin pour se cacher sous de humbles apparences et se donner ainsi totalement à nous. Comme tous les sacrements l’eucharistie est le sacrement de la foi : oui, il est grand le mystère de la foi ! Dans le temps de l’Eglise après la Pentecôte nous vivons de la foi et par la foi. Nous vivons en même temps l’absence et la présence du Ressuscité. Depuis l’Ascension Jésus n’est plus présent physiquement parmi nous. Il est comme le Père et l’Esprit invisible. Pour que cette absence ne soit pas perçue comme un éloignement ou une indifférence, pour cette absence ne crée pas une distance infranchissable entre Dieu et l’homme, Jésus a voulu en quelque sorte se prolonger dans son Corps qui est l’Eglise. Il a aussi voulu perpétuer à jamais sa présence de Ressuscité dans l’Eglise par le don de l’eucharistie, eucharistie qui prolonge sacramentellement, au-delà de l’Ascension, l’incarnation du Fils bien-aimé. Le mouvement de l’eucharistie est celui de l’action de grâce pour cet amour prévenant du Seigneur à notre égard. Le troisième dialogue qui introduit la préface, avant le sanctus, est une invitation à rendre grâce à Dieu par, avec et dans le Christ qui s’offre en sacrifice pour notre salut : Rendons grâce au Seigneur notre Dieu. La célébration de l’eucharistie est une école spirituelle pour apprendre ou réapprendre la vertu de gratitude envers Dieu. En reconnaissant le Christ présent sous les humbles apparences du pain et du vin, nous sommes entraînés à la reconnaissance pour tous les bienfaits de Dieu : notre existence et notre vie, la grâce de la foi et de la vocation, le don de l’amour de Dieu dans les sacrements. L’ingratitude envers Dieu et envers les hommes est un péché que nous ne devons pas sous-estimer. C’est même un péché grave qui nous coupe de la joie et de la paix de Dieu. L’eucharistie bien comprise et célébrée avec ferveur et foi est une école de gratitude extraordinaire. Dans l’eucharistie nous ne demandons rien, nous recevons tout puisque nous recevons Dieu lui-même en son Fils, et nous répondons à cet immense don par notre présence à la présence divine. C’est dire que l’eucharistie en plus d’être une école de gratitude est toujours une école de prière. L’eucharistie nous apprend que dans la prière il ne s’agit pas d’abord de demander des choses, mais de se rendre disponibles et ouverts au don de Dieu. La prière n’est-ce pas se rendre présents à la présence cachée et silencieuse de Dieu ? L’eucharistie nous redit l’importance du « merci » à côté de la demande. Demande qui trouve sa perfection dans la simple prière : Que ta volonté soit faite ! Célébrer l’eucharistie en mémoire du Seigneur suppose une vie de prière chez ceux qui participent à la messe. La prière personnelle et la prière communautaire se fortifient mutuellement. Pour vivre profondément de l’eucharistie nous avons besoin de prier dans le secret de notre chambre comme nous y invite Jésus. Oui, heureux sommes-nous d’être invités au repas des noces de l’Agneau ! Que Jésus dans sa bonté nous préserve de participer de manière indifférente ou distraite à la messe, qu’il nous préserve de faire de la communion eucharistique un geste banal et routinier ! Qu’il mette toujours en nous le feu de l’Esprit Saint pour que nous sachions recevoir le grand don de sa personne avec foi et ferveur, comme si chaque communion était unique, comme si elle était la première et la dernière de notre vie !


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