vendredi 21 janvier 2011

3ème dimanche du temps ordinaire

3ème dimanche du TO/A
23/01/2011
Matthieu 4, 12-23 (p. 447)

En ce début du temps ordinaire l’évangéliste Matthieu nous présente le commencement de la prédication du Seigneur. Le contenu de cette prédication n’est ni nouveau ni original. Jésus reprend l’appel à la conversion de Jean le baptiste et ce faisant il le confirme dans sa qualité de prophète envoyé par Dieu pour préparer la Nouvelle Alliance : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche ». Par contre saint Matthieu souligne fortement le choix du lieu fait par Jésus pour y commencer son ministère public : la Galilée, carrefour des païens. Jésus a passé les trente années de sa vie cachée à Nazareth, donc dans cette province de Galilée au nord d’Israël, province frontalière avec des territoires païens. Il descend vers le sud pour se faire baptiser par Jean dans les eaux du Jourdain et, après l’épisode du séjour au désert, remonte vers le nord. Ce choix a de quoi surprendre. On aurait pu imaginer Jésus commencant sa prédication en Judée, au centre religieux du pays, et même à Jérusalem, ville sainte à cause du Temple et des sacrifices. Non, le Seigneur délaisse ces lieux prestigieux pour tout Juif et s’installe en Galilée, province lointaine et méprisée parce qu’ouverte aux mauvaises influences de peuples impurs, de peuples païens. Nous le voyons, Jésus est un Juif fidèle et pratiquant, mais il ne se laisse pas enfermer dans l’orgueil religieux de son peuple. Dès le début de sa mission il indique qu’il vient pour tous, et d’abord pour ceux qui sont méprisés par les élites religieuses de Jérusalem. Il fait de la ville de Capharnaüm, au bord du lac de Galilée, sa base arrière. Jérusalem sera donc le terme de sa mission et non pas le point de départ. Jésus part de l’extérieur du Judaïsme pour aller au fur et à mesure des trois années de sa prédication vers son centre, Jérusalem, où il offrira sa vie pour nous.
C’est donc dans cette Galilée que dès le début il voudra s’associer des hommes, appeler des disciples. Nous connaissons bien le récit de l’appel des quatre premiers disciples. Mais nous devrions peut-être nous étonner encore une fois de l’originalité du choix de Jésus. Ces hommes ne sont ni des prêtres, ni des docteurs de la Loi ni des pharisiens. Ils ne font pas partie de l’élite religieuse d’Israël. Aujourd’hui on dirait que ce sont de simples laïcs, des croyants certainement pas parfaits, des membres du peuple de Dieu. Ce choix de Jésus reflète bien la manière de faire de Dieu qui exalte les personnes simples et élève les humbles. Ces hommes sont des pêcheurs. Etait-ce une bonne situation sociale en Galilée à l’époque de Jésus ? Je n’en sais rien. Pierre était peut-être un patron pêcheur. En tout cas leur activité semble avoir un caractère familial. Ce qui est certain c’est que ces hommes, encore une fois, sont bien des personnes simples appartenant à un milieu modeste et populaire. Et bien ce sont eux qui sont appelés à devenir pêcheurs d’hommes à la suite de Jésus. Leur réponse généreuse et immédiate à cet appel nous touche. De cet épisode fondateur dans la prédication de l’Evangile nous pouvons aussi retenir un enseignement important pour la vie de notre Eglise aujourd’hui. Jésus, tout Fils de Dieu qu’il était, n’a pas voulu commencer sa mission d´évangélisation tout seul. Il a voulu s’associer quatre hommes faibles et sans formation particulière. Leur seule bonne volonté et générosité lui suffisaient. Lorsque notre Eglise veut porter l’Evangile aux hommes de notre temps elle le fait avec tous ses membres. Le concile Vatican II a enseigné que les laïcs n’étaient pas là seulement pour aider les prêtres dans cette mission. Parce qu’ils sont baptisés et confirmés les laïcs partagent avec les prêtres la responsabilité de l’annonce de l’Evangile. Et le même Concile a rappellé que le lieu propre de la mission des laïcs c’était le monde, particulièrement le monde du travail et de la famille. Le premier engagement des fidèles est donc dans leurs lieux de vie ordinaire. Ce n’est pas dans une synagogue que les disciples ont été appellés mais bien sur leur lieu de travail, au bord du lac. Je ne sais pas si vous réalisez à quel point vous faites de nombreuses rencontres avec des personnes fort différentes tout au long de l’année dans votre travail, à l’école, dans les commerces, en famille etc. Dans tout ces lieux vous pouvez être témoins du Christ et de son Evangile, toujours par vos actes et votre attitude, par la parole aussi lorsque l’occasion se présente. Ce premier engagement des laïcs dans le monde n’exclue pas bien sûr un engagement au sein de la paroisse ou de la communauté chrétienne. Que ce soit dans la paroisse ou dans le monde nous devons toujours garder au fond de notre coeur cette flamme missionnaire. Cette flamme qui nous redit chaque jour que nous avons à partager sans crainte la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Encore faut-il que nous sachions voir toutes les occasions de le faire que la Providence met sur notre route, et qu’avec l’aide de l’Esprit Saint nous puissions répondre généreusement « oui » à cet appel intérieur du Christ notre Seigneur.

mercredi 19 janvier 2011

2ème dimanche du temps ordinaire

2ème dimanche du TO/A
16/01/2011
Jean 1, 29-34 (p. 398)

En ce début du temps ordinaire l’Evangile de Jean fait le lien avec la fête de dimanche dernier, le baptême du Seigneur. Nous y retrouvons le personnage de Jean le baptiste. Cet Evangile se situe donc au moment où Jésus inaugure son ministère public. C’est un moment décisif. Jean rend son témoignage au Seigneur Jésus qui vient de Nazareth jusqu’au Jourdain pour y recevoir le baptême. D’avance il donne au peuple d’Israël l’identité de Jésus. Avant de regarder de près cette carte d’identité, il est bon de nous attarder sur un fait précis. A deux reprises Jean le précurseur affirme : « Je ne le connaissais pas ». Celui qui a pour mission de préparer les chemins du Seigneur n’hésite pas à affirmer son ignorance quant à l’identité réelle de Jésus ! C’est Dieu lui-même qui a inspiré à Jean la connaissance de son Fils. Il le lui a révélé. Ce fait nous permet de méditer sur la réalité de notre foi. Si nous sommes nés dans une famille chrétienne nous risquons d’oublier cette caractéristique essentielle de la foi : elle est un don de Dieu qui nous révèle son Fils comme Sauveur. La foi n’est pas une réalité naturelle accessible à notre seule volonté humaine. Elle est bien une grâce de Dieu qui se révèle en vue de notre bonheur et de notre salut. C’est pour cette raison que parler de « transmission de la foi » est toujours ambigü. Les parents comme les catéchistes ou encore les prêtres n’ont pas le pouvoir de transmettre la foi. Comme si des hommes pouvaient donner à d’autres hommes le don de la foi ! Je rencontre souvent des parents qui me disent leur peine face à des enfants éduqués chrétiennement et qui semblent avoir abandonné le chemin du Christ. Je comprends bien sûr leur peine. Je leur fais remarquer qu’il n’est pas rare que des enfants ayant recu la même éducation dans la même famille prennent ensuite des chemins différents... Les uns restent fidèles au Christ alors que les autres semblent s’en être éloignés... Comment expliquer cela ? Par le fait encore une fois que les parents n’ont pas le pouvoir de transmettre la foi à leurs enfants, mais aussi par le fait que la foi est un acte libre. La foi est toujours en même temps un don de Dieu et une réponse libre de notre part à ce don. Les éducateurs de la foi, parents, catéchistes ou prêtres n’ont qu’un seul pouvoir, non pas donner la foi, mais en présenter le contenu. Ils ont comme Jean le baptiste la possibilité de dire qui est Jésus et surtout de lui rendre témoignage. La véritable évangélisation consiste à rendre témoignage au Christ par nos actes et par nos paroles. Elle se différencie en cela du prosélytisme dans lequel on est convaincu de pouvoir donner la foi, même s’il faut pour cela ne pas respecter la liberté et la conscience de celui auquel nous voulons apporter le Christ. L’ignorance de Jean nous rappelle aussi qu’il a fallu à l’Eglise primitive au moins trois siècles pour, à partir des Ecritures et de sa vie de prière, comprendre un peu mieux l’identité de son Maître et Seigneur. Les conciles ont été des réponses à des erreurs, des hérésies, concernant la personne du Christ. Alors même si nous avons le catéchisme de l’Eglise catholique comme lumière pour notre foi, ne pensons pas tout comprendre du mystère du Christ et encore moins en avoir fait le tour à la mesure d’une vie humaine. Saint Thomas d’Aquin avouait à la fin de sa vie sa tentation de brûler tous ses écrits, se rendant compte de l’immense distance entre ce qu’il avait pu percevoir du mystère du Christ et la richesse inépuisable de la révélation chrétienne.
Ceci étant dit regardons maintenant comment Jean introduit le Christ au commencement de sa mission. Sur sa carte d’identité il écrit deux mots : l’Agneau de Dieu et le Fils de Dieu, souvent traduit dans d’autre versions de la Bible par l’Elu de Dieu. Et le sceau qui authentifie ce témoignage c’est l’Esprit Saint. L’expression « Agneau de Dieu » se réfère bien sûr au sacrifice de l’agneau pascal par lequel les Juifs faisaient mémoire de leur libération d’Egypte. Dans la nouvelle Alliance l’Agneau n’est plus un animal mais un homme, l’Elu de Dieu, le Fils de Dieu. Dès le commencement de son ministère Jésus est désigné par Jean comme celui qui donnera sa vie pour notre libération. Ainsi la Croix est présente dès le début. Jésus est aussi l’Elu de Dieu sur qui repose l’Esprit Saint. Dans la nouvelle Alliance Dieu nous parle non plus à travers des prophètes mais par son Fils unique, celui qu’il a choisi pour nous dire une fois pour toutes et d’une manière extrême son amour de Père, sa volonté de nous voir enfin réconciliés entre nous et avec Lui. Après le Christ il ne peut donc y avoir ni de nouveaux prophètes ni de nouvelle révélation. C’est pour cela qu’un chrétien ne peut pas considérer Mahomet comme un prophète.
Pour conclure nous pouvons nous poser quelques questions : Quelle est la place de l’Esprit Saint dans ma vie de foi et dans ma prière ? Ai-je toujours ce désir de mieux connaître le Christ par la prière et par l’étude ? En tant que chrétiens nous ne pouvons pas nous reposer sur nos acquis et encore moins sur le seul catéchisme recu lors de notre enfance. Par la prière nous devons nourrir en nous le désir de Dieu, lui dire que nous le recherchons sans cesse. Et par l’étude faire que la Parole de Dieu nous devienne de plus en plus intérieure et lumineuse malgré toutes les difficultés de la révélation biblique.

dimanche 9 janvier 2011

LE BAPTEME DU SEIGNEUR

Le baptême du Seigneur / A
9/01/2011
Matthieu 3, 13-17 (p. 345)

La fête de ce dimanche marque le passage entre le temps de Noël et le temps ordinaire qui commencera demain. Le baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain a ainsi une double signification. Il nous donne le but du mystère de l’incarnation et en même temps il inaugure, après des années de vie cachée à Nazareth, le ministère public de Jésus au milieu de son peuple. Le baptême de Jésus est une véritable révélation de sa mission, un moment fondateur pour tout ce qui suivra. Et c’est probablement pour cela qu’il est aussi une manifestation du Dieu Trinité.

Dans les eaux du Jourdain le Seigneur nous dit le but de sa venue parmi nous, le pourquoi de sa fraternité avec tout homme depuis sa naissance au milieu des animaux de la crèche de Bethléem : que tout homme puisse devenir un fils bien-aimé du Père. Toute la mission du Seigneur consistera précisément à révéler Dieu non seulement comme son Père mais comme notre Père à tous. Tous les actes et toutes les paroles du Seigneur seront un rappel de notre divine vocation : créatures de Dieu nous sommes faits pour devenir ses fils, par le baptême justement. « Là où il passait, il faisait le bien » : c’est ainsi que le chef des apôtres résume le ministère de son Maître et Seigneur. C’est dire que ce Dieu Père révélé par Jésus a pour caractéristique essentielle la bonté. C’est comprendre aussi que si nous prétendons être ses fils, nous devons marcher sur le même chemin que Jésus, être des reflets de la bonté divine partout où nous passons.

Si au baptême de Jésus notre divine vocation nous est révélée, nous savons aussi quel obstacle se dresse sur la route de notre divinisation. Car le baptême que Jésus veut recevoir des mains de Jean est un baptême de pénitence en vue du pardon des péchés. D’où la réaction de Jean qui ne s’y trompe pas et qui fait au Seigneur la lecon : N’es-tu pas en train d’inverser les rôles ? Cette réaction de Jean en annonce une autre à l’autre bout de l’Evangile, le soir du jeudi saint. Souvenez-vous de l’initiative surprenante du Seigneur à la veille de sa mort : il veut laver les pieds de ses disciples dans un geste réservé aux esclaves. Et Pierre de refuser cet abaissement de son Maître, cette inversion des rôles entre Dieu et l’homme... Dans les eaux du Jourdain Jésus force la main à Jean, et cela pour deux raisons au moins. Lui qui est le Fils de Dieu veut se montrer solidaire des pauvres pécheurs que nous sommes. Mais c’est aussi pour nous libérer du pouvoir du mal et du péché qu’il descend dans les eaux. Et c’est là le début de son ministère, de son divin service à notre égard. Non seulement nous révéler que nous sommes faits pour être les fils de Dieu et vivre en conséquence, mais aussi nous donner la possibilité de guérir de notre péché par le baptême, la foi et les actes de bonté et de justice. Et ce divin service de libération atteindra son sommet dans le témoignage inouï du don de soi sur la croix. La fête de ce jour nous projette donc déjà au-delà du temps ordinaire dans le temps de Pâques.

Célébrer le baptême du Seigneur c’est inévitablement faire mémoire de notre propre baptême et de notre condition de chrétiens dans ce monde. C’est nous redire ces grandes vérités de notre foi. Oui, nous sommes véritablement les fils et les filles bien-aimés du Père. Oui, nous sommes déjà libérés des puissances du mal même si nous demeurons faibles et sujets à bien des tentations. Oui, nous sommes appelés à mener notre vie en nous laissant inspirer et conduire par l’Esprit de Dieu. Peut-être que l’une des tentations de notre vie chrétienne est-elle celle de Jean et de Pierre... Nous pouvons penser que le Seigneur va trop loin ! Si nous progressons parfois si peu dans notre lutte contre le péché en nous et le mal dans nos vies, ne serait-ce pas parce que nous ne laissons pas à Jésus ressuscité jouer son rôle de Sauveur ? Quand nous mettons véritablement notre confiance en la puissance de l’Esprit Saint, quand nous le croyons capable de transformer nos coeurs et nos vies, si nous sommes des hommes et des femmes de bonne volonté, alors oui, nous progressons dans la vie des fils de Dieu, et souvent de manière visible et concrète. Se laisser conduire par l’Esprit implique aussi de savoir tirer profit même de nos faiblesses et de nos rechutes. Si Dieu les permet, c’est peut-être pour nous remettre dans l’esprit d’humilité, esprit sans lequel Dieu ne peut pas accomplir ses merveilles en nous. Rien ne serait plus terrible pour nous que de ne plus avoir foi en la puissance transformante de la grâce du baptême en nous. Nous ne sommes pas chrétiens une fois pour toutes, nous le devenons un peu plus chaque jour si nous sommes fidèles à l’Esprit, jusqu’au grand passage de la mort, où avec Jésus nous aurons la force de dire : Père, entre tes mains je remets mon esprit !

dimanche 2 janvier 2011

EPIPHANIE DU SEIGNEUR

Epiphanie du Seigneur
2/01/2011
Matthieu 2, 1- 12 (p. 312)

Dans le temps de Noël la fête de l’Epiphanie nous permet d’approfondir le mystère de l’incarnation. Car l’Epiphanie va bien au-delà de l’image populaire des trois rois mages... que nous ne trouvons pas dans le texte de Matthieu, lui se contente de parler des mages venus d’Orient. L’Evangile de cette fête a en effet une signification théologique d’une grande richesse. L’une des questions à laquelle répond ce récit pourrait être la suivante : Qui est venu voir l’enfant Jésus ? Nous savons par saint Luc que ce furent d’abord des bergers des environs de Bethléem : des personnes simples, pauvres, probablement analphabètes. Les bergers ne jouissaient pas d’une bonne réputation dans le peuple d’Israël. Toujours est-il que les seuls Juifs qui sont venus à la crèche ce sont eux. Les mystérieux mages venus d’Orient sont d’une certaine manière aux antipodes des bergers de Bethléem : ce sont des lettrés, des savants, des personnes riches et en plus des non-Juifs donc des païens. Quand nous lisons les Evangiles nous voyons donc auprès de l’enfant Jésus uniquement les bergers et les mages. Cela signifie que Jésus est venu pour être le sauveur de tous. Il est l’Emmanuel, Dieu avec nous, non seulement pour les Juifs mais aussi pour les païens. Il est l’Emmanuel pour les pauvres et pour les riches, pour les illétrés et pour les savants. Lui ne fait pas de tri. Son amour est universel et renverse toutes les frontières. Cet Evangile de Matthieu nous montre d’un côté l’amour universel du Père manifesté dans son Fils et de l’autre notre responsabilité face à cet amour. Car si les mages sont venus adorer Jésus, comment se fait-il que l’élite politique et religieuse d’Israël ne se soit pas déplacée ? Où étaient le roi Hérode, les chefs des prêtres et les scribes d’Israël ? Non seulement ils ne se sont pas déplacés, mais ils furent pris d’inquiétude en apprenant la naissance du Messie par des païens venus à Jérusalem leur demander des précisions. Lorsque Dieu accomplit enfin ses promesses à la plénitude des temps, lorsque Dieu se fait l’un de nous, il ne suscite dans son peuple que de l’inquiétude... Comment se fait-il que la naissance d’un enfant entraîne autant de méfiance et de crainte ? Et pourtant ils savaient. Ils avaient la connaissance des Ecritures, et c’est cette connaissance qui leur permet de répondre à la question des mages. Mais leur connaissance religieuse, aussi parfaite fut-elle, ne les a pas fait bouger. C’était probablement une connaissance dépourvue d’amour. Ce phénomène se répète chaque jour dans notre humanité. Nous savons parfaitement qu’il faudrait changer telle ou telle habitude, adopter un comportement plus responsable, ne plus tolérer le mensonge et l’injustice, mais tout semble continuer comme avant.
L’Epiphanie est aussi l’occasion pour nous de réfléchir aux signes par lesquels Dieu nous parle. Bien sûr le premier et grand signe, c’est celui de l’enfant dans la maison de Bethléem. Car cet enfant est la Parole de Dieu faite chair. Remarquons toutefois que les bergers, les mages et les chefs des prêtres ont tous eu des signes de la part de Dieu. Pour les bergers un ange, pour les mages une étoile et pour les prêtres les Ecritures. Lorsque Dieu nous donne des signes pour nous attirer à Lui, ce sont toujours des signes adaptés à ce que nous sommes. Les mages n’ont pas eu le même signe que les bergers. Lorsque Dieu nous donne un signe, il ne contraint jamais notre liberté. Nous en trouvons la preuve dans l’attitude des chefs des prêtres qui, tout en connaissant la vérité, n’ont pas agi en conséquence. Ils ont tout simplement dit « non » à l’invitation que Dieu leur adressait. Le Concile Vatican II a demandé aux chrétiens d’être attentifs aux signes des temps pour une plus grande fidélité à Dieu. Les signes des temps peuvent être des événements de la vie de notre monde, de notre planète, comme des événements connus de nous seuls dans notre vie personnelle. La foi, l’espérance et la charité nous donnent une lumière particulière pour reconnaître les signes des temps et à travers eux la volonté de Dieu. C’est par sa Providence que Dieu gouverne notre humanité. Il ne prend pas notre place, il ne nous enlève ni notre responsabilité ni notre liberté. Mais il nous parle à travers ses signes. Lorsque nous sommes capables de relire à la lumière de la foi les événements de notre vie et de notre planète, alors nous pouvons découvrir la Providence de Dieu à l’oeuvre. Le tableau peut sembler parfois bien obscur et l’impression que le mal triomphe et gagne du terrain pourrait nous amener au découragement. Dieu cependant ne cesse de susciter par son Esprit des hommes et des femmes de bonne volonté qui n’ont comme force que la charité. Ce n’est pas forcément ce qui est le plus visible et le plus médiatisé mais cela existe bien davantage que nous ne pouvons le soupconner habituellement. Les prêtres sont bien placés pour en être les témoins, eux qui dans leur ministère percoivent ces signes de Dieu. Combien de fois ai-je pu m’émerveiller devant la générosité, le courage, la persévérance de tel homme ou de tel femme, croyant ou non-croyant ? Dans le Corps du Christ qui est l’Eglise il y a malheureusement bien des blessures, des divisions, des mesquineries... Mais il y a surtout un trésor inestimable de générosité, de don de soi et d´engagement. Hérode malgré tout son pouvoir royal n’a pas pu supprimer celui qui l’inquiétait : l’enfant-Dieu. Car la Providence a guidé les mages ainsi que saint Joseph.
Oui, la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée !