18/08/2024
Jean 6,
51-58
L’Evangile de ce dimanche est
celui du scandale eucharistique. Les Juifs se querellaient entre eux : «
Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Le réalisme avec
lequel Jésus parle du don de sa personne dans le pain de vie ne pouvait que
choquer profondément les Juifs comme il a choqué les païens. Plus tard, au
moment de la réforme protestante, ce même scandale a resurgi avec des variantes
chez les réformateurs qui refusaient de croire en la présence réelle du Christ
dans le pain de vie. L’enseignement de Jésus peut en effet faire penser dans un
premier temps à du cannibalisme : manger la chair et le sang d’un homme.
Mais si les Juifs sont si profondément choqués, c’est bien parce que l’enseignement
de Jésus est en contradiction flagrante avec l’un des piliers de la loi de
Moïse, la cacherout. Voici une définition de la cacherout que vous
pouvez trouver sur Wikipédia :
La cacherout
(« convenance de la cuisine et des aliments ») est le code alimentaire
prescrit aux enfants d'Israël dans la Bible
hébraïque.
Elle constitue l'un des principaux
fondements de la Loi, de la pensée et de la culture juive. Elle regroupe d'une part l'ensemble des critères désignant
un aliment (animal ou végétal) comme permis ou non à la consommation,
et d'autre part l'ensemble des lois permettant de les préparer ou de les rendre
propres à la consommation. Les aliments en conformité avec ces lois sont
dits casher,
« aptes » ou « convenables » à la consommation.
Ecoutons à nouveau ce que Jésus
affirme avec solennité à ses auditeurs : Amen, amen, je vous le dis :
si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son
sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang
a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En
effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en
lui.
A quatre reprises le Seigneur
parle de boire son sang, ce qui est parfaitement opposé à la cacherout.
Dès la sortie de l’arche Dieu édicte en effet cet interdit à Noé et à ses
fils : Avec la chair, vous ne mangerez pas le principe de vie,
c’est-à-dire le sang (Genèse 9, 4). Loi s’appliquant aux aliments d’origine
animale… à plus forte raison s’il s’agit de sang humain ! Le chapitre 17
du Lévitique confirme cet interdit avec la plus grande sévérité, puisque l’enfreindre
revient à être retranché du peuple : Si un homme, un homme de la maison
d’Israël ou un immigré résidant parmi vous, consomme n’importe quel sang, je
tournerai mon visage contre celui qui aura consommé le sang, et je le
retrancherai du milieu de son peuple (10). Lorsque Jésus affirme que son
sang est la vraie boisson, il ne peut ignorer la provocation que cela
représente aux yeux des Juifs attachés au respect de la cacherout,
d’autant plus qu’il délivre ce message dans la synagogue de Capharnaüm.
La sortie du scandale ne sera
possible que grâce aux paroles de Jésus que nous entendrons dimanche
prochain :
C’est l’esprit qui fait vivre, la
chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont
esprit et elles sont vie.
Le réalisme avec lequel le
Seigneur nous parle du don du pain de vie dans l’eucharistie est un réalisme
spirituel. C’est dans l’Esprit Saint en effet que nous pouvons recevoir ces
paroles sans être scandalisés comme l’ont été les Juifs et les païens. Si le
sang représente la vie pour les Hébreux, comprenons bien que lorsque Jésus nous
dit que son sang est la vraie boisson, il nous invite à saisir que dans
l’eucharistie il nous fait le don de sa vie divine.
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