dimanche 25 juillet 2021

17ème dimanche du temps ordinaire / année B


25/07/2021

Jean 6, 1-15

En ce dimanche nous quittons pour quelques semaines la lecture continue de l’Evangile selon saint Marc pour la lecture du chapitre six de l’Evangile selon saint Jean. Ce chapitre qui commence avec le récit de la multiplication des pains est consacré à l’enseignement de Jésus sur le pain de vie, donc sur le sacrement de l’eucharistie. Il remplace chez saint Jean le récit de l’institution de l’eucharistie lors de la dernière Cène.

Quand ils eurent mangé à leur faim, Jésus dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. »

Pour le Seigneur la nourriture du corps est quelque chose de sacré qui doit être respecté. D’où sa consigne donné aux disciples pour éviter tout gaspillage de nourriture. La question du gaspillage alimentaire  est une question d’une actualité brulante alors que la famine continue ses ravages non seulement dans les pays pauvres mais aussi dans les pays riches dont la France. Il est essentiel que les enfants et les jeunes apprennent le respect de la nourriture. C’est une tache éducative importante de la famille chrétienne. Quant aux adultes ils doivent donner l’exemple dans ce domaine aux plus jeunes. La facilité avec laquelle nous gaspillons la nourriture n’est pas uniquement la conséquence d’une certaine organisation économique. Elle provient aussi du fait que très peu de français sont directement liés au travail de la terre. Le nombre de paysans dans notre pays a chuté de manière vertigineuse depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les suicides d’agriculteurs démontrent malheureusement les difficultés liées au travail de la terre et le peu de reconnaissance de la part de l’Etat et de la société pour ce travail qui est le plus essentiel de tous. A tel enseigne que ceux qui nourrissent les français sont parmi les plus mal payés alors que des métiers beaucoup moins utiles, voire inutiles ou carrément nuisibles, correspondent à des salaires faramineux… Il s’agit bel et bien d’une terrible inversion des valeurs selon laquelle le superficiel est récompensé et le nécessaire méprisé. En 2011 le suisse Jean Ziegler a écrit un livre que je recommande à votre lecture : Destruction massive – Géopolitique de la faim, un livre qui nous invite à réfléchir sur ce paradoxe de la surabondance de biens de consommation et de richesse côtoyant la misère et la faim. Pour Jean Ziegler qui fut rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation de 2000 à 2008, cette situation scandaleuse ne doit rien au hasard ou à la fatalité, elle est la conséquence de choix économiques et politiques. En tant que chrétiens nous avons une motivation importante pour nous engager sur le chemin de la justice et de la lutte contre la faim et le gaspillage alimentaire. Pas seulement à travers la demande du Notre Père qui nous fait demander le pain de chaque jour mais aussi par la prière de l’offertoire pendant la messe, prière qui fait le lien entre le pain de la terre et celui du ciel, la nourriture du corps et celle de l’âme :

Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; nous ne te le présentons : il deviendra le pain de la vie.

A chaque messe nous faisons donc mémoire du pain, don de Dieu créateur, don de la terre et fruit du travail des agriculteurs. Cette prière nous engage dans la voie de l’écologie pour que la terre puisse continuer à produire tous ses fruits et dans la voie de la justice sociale pour que les agriculteurs soient estimés, soutenus et remerciés pour leur travail essentiel et qu’ils puissent vivre dignement de leur labeur et soient payés correctement.

 

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