samedi 17 mai 2008

SAINTE TRINITE

La Sainte Trinité / A
18 mai 2008
Jean 3, 16-18 (page 1156)
La fête de la Sainte Trinité nous plonge au cœur même de notre foi chrétienne. Toute notre année liturgique est une célébration du mystère trinitaire. Mais l’Eglise a voulu instituer une fête spéciale en l’honneur de la Sainte Trinité pour bien nous faire prendre conscience de l’importance de ce dogme pour notre foi et notre vie chrétiennes.
Parmi ceux qui se disent chrétiens combien croient-ils réellement au Dieu Trinité ? Il me semble que dans les faits bien des chrétiens sont simplement déistes. Ils croient en Dieu bien sûr, mais d’une manière peut-être trop vague et trop générale. Il est en effet bien plus simple pour notre raison humaine d’admettre l’existence d’un dieu philosophique, c’est le déisme, que d’accueillir pleinement la révélation du mystère trinitaire. En se convertissant, c’est-à-dire en retrouvant la grâce de son baptême, Pascal saisit parfaitement toute la différence qu’il y a entre foi chrétienne et déisme. En témoigne le magnifique début de son Mémorial : « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants. Certitude. Certitude. Sentiment, Joie, Paix. Dieu de Jésus-Christ… ».
Les plus grands théologiens, je pense en particulier à saint Augustin et à saint Thomas d’Aquin, ont utilisé toutes les ressources de leur raison humaine pour mettre en lumière la révélation chrétienne concernant Dieu Trinité. Sans nier l’importance et la valeur de leur travail, il faut pourtant dire que c’est davantage par le cœur que par la raison que nous avons accès au plus grand mystère de notre foi. Bref c’est d’abord en aimant que nous pouvons être introduits dans une certaine intelligence du Dieu trois fois Saint. Et c’est pour cette raison qu’un chrétien qui ne prie pas et ne vit pas de la liturgie de l’Eglise risque bien de tomber dans une foi simplement philosophique, dans le déisme. Le mystère trinitaire s’expérimente davantage dans la prière personnelle et la liturgie que dans la lecture des plus grands traités théologiques. Et il est heureux qu’il en soit ainsi. Car autrement cela ferait de la révélation chrétienne une révélation élitiste, réservée aux intellectuels… Comment ne pas penser ici à la belle prière de louange que Jésus adresse à son Père dans l’Evangile de Matthieu ? « Je proclamerai tes grandeurs, Père, Seigneur du ciel et de la terre, car tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et tu les as révélées à des tout-petits. Oui, Père, c’est cela qui t’a paru bon ! » Et le Seigneur poursuit ainsi : « Tout m’a été remis par mon Père et personne ne connaît vraiment le Fils, si ce n’est le Père ; et personne ne connaît vraiment le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » Si notre vie de prière est essentielle dans la découverte de Dieu Trinité, alors cela vaut la peine de s’y arrêter un instant. Avant de parler de la prière personnelle, je dirai un mot de la liturgie, en particulier la liturgie de la messe. La grande majorité des prières de la messe s’adressent au Père, « source et origine de toute la divinité » pour reprendre une expression de saint Thomas. La messe est bien cette grande prière d’adoration et d’action de grâce que nous faisons au Père par le Fils dans l’Esprit. La prière solennelle d’offrande qui conclut la prière eucharistique est trinitaire : « Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. » Dans notre prière personnelle nous avons, je dirais, la liberté de notre dévotion. Mais il est essentiel que notre prière personnelle soit trinitaire elle aussi, en s’inspirant de la prière liturgique. Si nous nous limitons à prier Dieu d’une manière générale sans jamais prier les Personnes divines, notre prière risque bien de devenir déiste. Un exemple de cheminement dans notre prière personnelle pourrait être le suivant : j’invoque d’abord l’Esprit Saint pour qu’il me mette en présence de Jésus, le Fils, Vivant à jamais, et que par la contemplation du Fils je sois conduit auprès du Père. Il est bon aussi de prier la Sainte Trinité à l’exemple de la bienheureuse Elisabeth de la Trinité : Ô Sainte et bienheureuse Trinité, communion d’amour et de vie entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint, je vous aime et je vous adore !
Je terminerai en disant que la Bonne Nouvelle du christianisme, c’est la révélation de Dieu Trinité, avant même le fait que nous soyons sauvés. Car si le salut nous est offert dans le Christ, c’est bien parce que l’être même de Dieu est Amour. « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ! » : cette réflexion que Dieu se fait à lui-même après la création d’Adam est de grande portée. En effet si nous sommes créés à l’image de Dieu Trinité, alors nous ne sommes pas faits pour la solitude mais bien pour la communion dans la relation interpersonnelle (amitié, amour etc.). Notre existence est un don du Dieu communion. Nous ne nous comprenons vraiment qu’à la lumière de la Sainte Trinité… En même temps la nature de l’homme est un chemin pour approcher le mystère de Dieu Trinité. C’est pourquoi le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous.
Amen

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