lundi 26 mai 2008

SAINT SACREMENT

Le Saint Sacrement /A
25 mai 2008
Jean 6, 51-58 (page 1175)
Dimanche dernier la liturgie nous invitait à aller au cœur de notre foi chrétienne et à contempler le mystère de Dieu Trinité. Mystère dont saint Jean nous a ouvert l’accès en nous révélant que Dieu est Amour. C’est cet amour trinitaire qui est à l’œuvre dans tous les sacrements mais au plus haut point dans le Saint Sacrement de l’eucharistie que nous fêtons en ce dimanche. Dans notre année liturgique nous célébrons de manière particulière ce sacrement à deux moments : aujourd’hui mais aussi chaque Jeudi Saint avec la messe commémorant l’institution de l’eucharistie par Jésus lors de la dernière Cène.
Que retenir de la belle liturgie de la Parole qui nous est offerte en cette fête ? Je partirai volontiers d’un verset de la première lecture que nous connaissons bien parce que Notre Seigneur l’a utilisé pour repousser le tentateur au désert : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. » Voilà la grande vérité que nous avons à redécouvrir aujourd’hui avec urgence. L’homme peut devenir triste et sans espérance, notre humanité maussade, notre cœur desséché… lorsque nous limitons notre faim, donc notre désir, aux seuls biens matériels représentés ici par le pain. Car alors, d’une manière ou d’une autre, nous servons le dieu argent au lieu de servir le Dieu vivant. Sans ce qui sort de la bouche de Dieu, nous devenons vite esclaves de nos besoins et de nos passions. Et ce qui sort de la bouche du Seigneur, c’est d’abord sa Parole ! « Il envoie sa Parole sur la terre », chante l’auteur du psaume 147. Cette Parole présente d’abord par les prophètes, puis faite chair à Noël dans le sein de Marie, l’humble Vierge de Nazareth ! C’est bien parce que le Verbe s’est fait chair dans le grand mystère de l’incarnation qu’il peut ensuite nous donner sa chair de ressuscité à manger à travers le signe du pain. Oui, dans l’eucharistie, nous avons véritablement tout ce qui sort de la bouche du Seigneur, ce qui nous fait vivre véritablement : la Parole de Dieu que nous venons d’écouter et que nous méditons, et le Pain de Vie que nous sommes appelés à recevoir en communion. Les lectures nous rappellent que ce pain vient du Ciel. Il est un don issu de l’amour de Dieu pour nous, d’un amour fou manifesté dans le Christ. Ce pain surnaturel n’est pas le produit de l’homme : il est sacrement. En même temps souvenons-nous de la prière dite par le prêtre au moment de la préparation des dons : ce pain est certes un don de Dieu mais il est en même temps « le fruit de la terre et du travail des hommes. » C’est l’Esprit de Dieu qui seul peut nous donner le pain surnaturel, le pain du Ciel : d’où la prière eucharistique précédée par une invocation à l’Esprit. Mais l’Esprit ne peut faire le sacrement de l’eucharistie sans la matière du pain : fruit de la terre et du travail des hommes. Dans l’eucharistie est donc anticipée la réconciliation parfaite, dans l’amour et la sainteté, entre la création, l’humanité et Dieu. L’eucharistie unit ce qui était opposé : la terre et le ciel. C’est bien normal puisque celui qui a voulu pour nous ce très saint sacrement est véritablement homme et véritablement Dieu. Comme l’affirme avec bonheur un père jésuite : « Le pain et le vin que nous recevons nous permettent de devenir le pain que nous pouvons, à notre tour, donner. Ainsi le pain du ciel peut devenir pain de la terre. » En nous le pain du ciel doit devenir, dans l’élan de chaque eucharistie, un pain pour notre terre, c’est-à-dire un engagement de notre part à rayonner et à partager l’amour du Seigneur en paroles et en actes.
Dans l’Eucharistie nous sont offertes la vraie nourriture et la vraie boisson. Ce qui signifie une nourriture qui se garde pour la vie éternelle. Nous avons sans cesse à nous questionner de manière honnête sur notre désir de cette vraie nourriture qu’est le corps du Christ… Cette fête vient nous redire toute la grandeur du don pour nous empêcher de tomber dans la routine ou la banalisation… Quoi de plus beau et de plus sublime pour faire grandir en nous le désir de l’Eucharistie que ces paroles de Notre Seigneur ? « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. » C’est une promesse divine, nous n’avons pas à douter un seul instant ! Dans cette promesse nous avons la plus exacte et la plus parfaite définition de ce qu’est la communion eucharistique. Soyons concrets : lorsque nous venons recevoir avec foi, amour et respect ce qui semble être un petit morceau de pain, nous sommes alors immergés, introduits par Jésus le Vivant dans la vie même de la Sainte Trinité ! Nous demeurons en Lui, et par Lui dans la communion trinitaire. Vous voyez le lien étroit que Notre Seigneur établit entre notre communion eucharistique et notre «habitation » pourrait-on dire dans la communion source, celle de la Trinité ! Mais il y aussi le mouvement inverse, comme si cela ne suffisait pas ! « Je demeure en lui… » C’est l’amour fou de Dieu qui vient détruire toutes les barrières entre Lui et nous ! Alors si toute l’eucharistie est vraiment une action de grâce à Dieu notre Père, comment ne serions-nous pas dans une intense et profonde action de grâce au moment de la communion et après la communion ?

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