mardi 13 mai 2008

PENTECOTE

Pentecôte / A
11 mai 2008
Jean 20, 19-23 (page 779)
Au terme du temps pascal nous célébrons chaque année la manifestation de l’Esprit à l’Eglise naissante. Cette manifestation est un accomplissement : Jésus nous a révélé que Dieu est Amour, que l’être même de Dieu est trinitaire. Avec la Pentecôte, c’est le mystère de Dieu Trinité qui est enfin pleinement révélé. Et ce n’est pas un hasard si le dimanche qui suit la Pentecôte est une célébration de la Sainte Trinité…
L’Evangile de Jean situe le don de l’Esprit le soir même de Pâques alors que les Actes des Apôtres parlent de ce même don le 50ème jour après Pâques. Cette variété de point de vue dans le Nouveau Testament peut nous renvoyer au lien entre le baptême et la confirmation. Oui, l’Esprit est déjà donné au baptême. En même temps nous avons besoin de la confirmation pour accueillir ce don en plénitude et l’approfondir… Ce qui signifie au fond que l’Esprit de Dieu n’est jamais donné une fois pour toutes en un instant précis. Souvenons-nous des paroles de Jésus à Nicodème : « Le vent souffle où il veut ; et sa voix, tu l’entends, mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va : ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit . » Le don de l’Esprit se situe donc dans notre histoire personnelle. Et si le baptême et la confirmation en constituent des étapes essentielles, c’est chaque jour que nous avons à accueillir la manifestation de l’Esprit dans nos vies, sa présence humble et discrète. Par les sacrements nous recevons vraiment ce don de l’Esprit. Mais les sacrements ne font pas de nous des propriétaires de l’Esprit de Dieu ! Nul ne peut dire : je possède l’Esprit Saint, pas même le pape ! C’est le contraire qui devrait se vérifier dans une vie chrétienne authentique : je suis « possédé » par le Saint Esprit, c’est-à-dire : je me dispose à l’accueillir, je désire sa venue en moi et j’essaie de me laisser guider par Lui. Même l’Eglise ne possède pas le Saint Esprit. Elle a simplement l’assurance d’être toujours assistée par Lui dans son pèlerinage sur terre.
Le psaume 103 comme l’Evangile utilise la belle image du souffle pour nous parler de l’Esprit de Dieu. Cela rejoint d’ailleurs le violent coup de vent de la première lecture. Dans ce contexte il est intéressant de partir du psaume de cette messe : « Tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre. » L’Esprit participe déjà à la création. Notre vie humaine naturelle ne peut être sans l’activité de l’Esprit. Le retour à la poussière mentionné par le psaume est une conséquence du péché originel. Notre mort est bien ce moment où le souffle nous est enlevé. Et le livre de l’Ecclésiaste décrit d’une manière poétique les difficultés de la vieillesse lorsque le souffle vient à nous manquer : « Quand on redoute la montée et qu’on a des transes en chemin… tandis que l’homme s’en va vers sa maison d’éternité. » L’Esprit Créateur est donc le souffle de vie. Avec le mystère pascal Dieu vient faire une création nouvelle, il vient nous libérer de la malédiction issue du péché originel. C’est par sa Parole et par son Souffle que le Père a créé toutes choses, c’est aussi par son Verbe et par son Esprit qu’il recrée toutes choses. Et cela d’une manière paradoxale pour notre raison humaine. Car c’est par la mort du Verbe fait chair sur la Croix que l’Esprit va être donné en vue de la création nouvelle. La mort de Jésus n’est pas un point final, elle est au contraire un accomplissement : « Tout est achevé ! » Et cet accomplissement se manifeste par la transmission de l’Esprit : « Inclinant la tête, il remit l’esprit. » Ce verset de Jean signifie d’abord la mort de Jésus, mais aussi le don de l’Esprit. La Bible latine de la néo-vulgate dit : « Tradidit Spiritum ». Et du calvaire au soir de Pâques, c’est un même mystère qui s’accomplit : « Il répandit sur eux son souffle et il leur dit : ‘Recevez l’Esprit Saint’ ». Si l’Esprit de vie peut recréer la création déchue, c’est bien parce que le pardon des péchés est offert : une vie nouvelle, la vie surnaturelle des enfants de Dieu, peut désormais commencer au sein de l’Eglise.
Ceux qui font du sport, du footing par exemple, savent l’importance du souffle, de la respiration en vue d’une bonne performance. Ils savent aussi qu’une surcharge pondérale est mauvaise pour leur activité… de même qu’une alimentation déséquilibrée… L’Esprit de vie est notre souffle intérieur. C’est lui le guide et le maître de toute notre activité spirituelle et chrétienne. Par notre liberté nous devons donner au Souffle de Dieu la possibilité d’agir en nous sans entraves. Si nous sommes alourdis par le poids de nos péchés et de nos préoccupations terrestres et matérielles, nous aurons bien du mal à courir dans les voies du Seigneur, nous nous essoufflerons… Si nous ne recevons pas régulièrement avec amour le Pain de Vie dans l’Eucharistie, nos muscles spirituels perdront leur force et leur vigueur. Bref pour bien courir avec le souffle de l’Esprit jusqu’à la vie bienheureuse avec Dieu, ayons la volonté de nous laisser réconcilier régulièrement avec le Seigneur et de nous nourrir du Pain de Vie chaque dimanche.
Amen

Aucun commentaire: