dimanche 4 mai 2008

7ème dimanche de Pâques

7ème dimanche de Pâques / A
4 mai 2008
Jean 17, 1-11 (page 728)
Le 7ème dimanche de Pâques nous prépare plus directement à la fête de Pentecôte. Chaque année l’Eglise offre à notre méditation un passage du chapitre 17 de saint Jean. Aujourd’hui nous avons entendu le commencement de cette longue prière que Jésus adresse à son Père avant d’entrer dans sa Passion. Cet Evangile n’est pas facile à comprendre car son vocabulaire est particulier, propre au quatrième évangéliste.
Un verbe qui revient très souvent tout au long de cette prière c’est le verbe « donner ». Le Père donne au Fils et le Fils donne aux disciples. Dieu est donc celui qui donne, celui qui se donne. Et même si l’Esprit Saint n’est pas mentionné dans ce chapitre, comment ne pas penser à la promesse de Jésus dans les chapitres précédents ? « Moi, de mon côté, je demanderai au Père de vous donner un autre Protecteur qui sera pour toujours avec vous. C’est l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas. Mais vous, vous le connaissez, puisqu’il est avec vous et demeure en vous. » Nous pouvons retrouver dans la prière de Jésus une allusion à ce don de l’Esprit de vérité : « Je me consacre pour eux, de façon qu’eux aussi soient consacrés dans la vérité. » C’est par sa Passion que Jésus va se consacrer pour ses disciples, et c’est du crucifié que va jaillir sur l’Eglise naissante le Don par excellence, le Don de l’Esprit : « Tout est accompli » ; « Il inclina la tête et il remit l’esprit. »
Dans l’Evangile de cette liturgie, une expression revient souvent dans la bouche du Seigneur : « ceux que tu m’as donnés. » Qui sont-ils donc ces hommes que le Père a donnés à son Fils ? Ces hommes qui ont été pris dans le monde pour être donnés à Jésus ? La prière du Seigneur nous donne la réponse : ces hommes, ce sont d’abord les apôtres en présence desquels le Seigneur prie la veille de sa mort. Les Douze, pierres de fondation de l’Eglise, sont donc un don du Père à son Fils. Ces hommes sont des hommes de foi : ils ont reçu les paroles du Père par le Fils. « Ils ont vraiment reconnu que je suis venu d’auprès de toi, et ils ont cru que c’était toi qui m’avais envoyé. » Jésus prie donc pour ceux qui lui ont été donnés par le Père, et ce sont d’abord les apôtres. Mais dans la suite de sa prière il dit à son Père : « Je ne prie pas seulement pour eux mais pour ceux qui croiront en moi grâce à leur parole. » Bref la prière du Seigneur s’élargit de manière universelle dans le temps comme dans l’espace : il prie pour tous les chrétiens, donc aussi pour nous ; nous qui faisons partie de ces hommes qui ont été donnés à Jésus par son Père. « Ceux que tu m’as donnés » : cette expression pourrait nous faire penser à une prédestination, comme si Dieu en choisissait certains pour être sauvés, et en laissaient d’autres… En fait il s’agit plutôt d’une élection. De la même manière qu’autrefois Dieu avait choisi parmi les peuples le peuple d’Israël ; de la même manière, en ces temps qui sont les derniers, il donne à son Fils des hommes pour constituer le nouveau peuple de l’Alliance, l’Eglise, dont les pierres de fondation sont les apôtres. Il faudrait mettre en parallèle ce chapitre de saint Jean avec le commencement de la lettre de Paul aux Ephésiens : En Jésus, Dieu « nous a choisis avant la création du monde pour être devant lui saints et sans tache. […] C’est ainsi qu’en lui nous avons été choisis ; Celui qui agit en tout selon sa libre volonté, avait en effet décidé de nous mettre à part. […] C’est là le premier acompte de notre héritage (le don de l’Esprit), dans l’attente d’une délivrance pour le peuple que Dieu s’est donné pour sa louange et pour sa gloire. » Nous percevons bien un même vocabulaire théologique chez Paul et chez Jean. Cette élection du peuple nouveau serait-elle en contradiction avec la volonté de Dieu de sauver tous les hommes dans le Christ ? Non, car cette élection, ce choix divin, est en vue de la mission universelle de l’Eglise : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les envoie dans le monde. » Face au Christ Sauveur, c’est la foi qui va partager l’humanité en deux. Ce qui ne signifie pas pour autant que tous les incroyants seront privés du salut apporté par le Christ…
D’ailleurs une autre expression de cette prière évoque la mission universelle du Seigneur, bien au-delà de ceux qui lui ont été donnés par le Père : « Tu lui a donné autorité sur tout être vivant. » Ici, c’est à la Genèse, le premier livre biblique, que nous devons nous référer : « Ayez autorité sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui vont et viennent sur la terre ! » Adam reçoit du Créateur l’autorité sur le monde animal. Jésus, nouvel Adam, reçoit de son Père l’autorité sur notre humanité défigurée par le péché et par le mal, pour l’introduire dans le Royaume de Dieu, inauguré par l’Eglise catholique.

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