1er/09/2024
Marc 7,
1-23
La page évangélique de ce
dimanche est d’une grande importance. Elle contient en effet un enseignement
essentiel de Jésus sur la pureté et l’impureté, notions centrales dans la loi
de Moïse. Tout part d’une attitude des disciples de Jésus, cause de scandale
auprès des pharisiens et des scribes : Pourquoi tes disciples ne
suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des
mains impures. Les disciples prennent leur repas sans s’être auparavant
lavé les mains. Ce qui est pour nous une simple règle d’hygiène était à cette
époque revêtu d’une valeur religieuse. La loi de Moïse avait en effet tendance
à codifier tout le quotidien de la vie jusque dans les moindres détails. Les
disciples prennent donc une certaine liberté vis-à-vis de ces prescriptions.
Dans sa réponse Jésus assimile la tradition des anciens dont se réclament les
pharisiens à une simple tradition humaine. Ce type de préceptes n’ont rien à
voir avec la religion ou encore le culte rendu à Dieu : Les doctrines
qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous aussi, vous
laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition
des hommes.
Dans un second temps Jésus
profite de cet incident pour donner un enseignement de portée plus générale sur
l’impureté et la pureté. Le cœur de cet enseignement tient en un seul
verset : Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne
peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme
impur. L’argumentation du Seigneur repose sur l’opposition entre extérieur
et intérieur. Nous pouvons la retrouver au chapitre 23 de saint Matthieu
lorsque Jésus déclare malheureux les pharisiens en raison de leur
hypocrisie et de leur manque de discernement. Ils donnent de l’importance à ce
qui est très secondaire et ils oublient l’essentiel de la religion : Guides
aveugles ! Vous filtrez le moucheron, et vous avalez le chameau ! A deux reprises
le Seigneur leur montre que l’essentiel se trouve du côté de l’intériorité en
reprenant l’opposition extérieur/intérieur que nous avons repérée chez saint
Marc :
Malheureux êtes-vous, scribes et
pharisiens hypocrites, parce que vous purifiez l’extérieur de la coupe
et de l’assiette, mais l’intérieur est rempli de cupidité et
d’intempérance ! Pharisien aveugle, purifie d’abord l’intérieur de la
coupe, afin que l’extérieur aussi devienne pur.
Malheureux êtes-vous, scribes et
pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis à la
chaux : à l’extérieur ils ont une belle apparence, mais l’intérieur
est rempli d’ossements et de toutes sortes de choses impures. C’est ainsi que
vous, à l’extérieur, pour les gens, vous avez l’apparence d’hommes
justes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal.
La religion que Jésus enseigne
est donc clairement celle de l’intériorité et du cœur, opposée à toute forme
d’hypocrisie. Pour Jésus aucun aliment ne peut être déclaré impur contrairement
aux affirmations de la tradition des anciens. Ce que la Bible appelle la pureté
du cœur n’a rien à voir avec ce que l’on mange ou le fait de ne pas se laver
les mains avant un repas (ça c’est la pureté rituelle !) … Notre texte
liturgique omet certains versets qui rendent encore plus claire l’argumentation
du Seigneur, en particulier les versets 18 et 19 : Ne comprenez-vous
pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le
rendre impur, parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre,
pour être éliminé ? A la suite des prophètes Jésus prêche une religion du
cœur, une religion qui a pour but de changer notre cœur de pierre en un cœur de
chair. Notre relation authentique avec le Seigneur doit nous rendre meilleurs
et nous transformer. Le péché vient en effet du dedans, d’un cœur
mauvais : Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les
pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités,
méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Pensées
et actions perverses sont intimement liées comme l’arbre et ses fruits. Au
chapitre deuxième de sa lettre aux Colossiens Paul tirera toutes les conséquences
de cet enseignement libérateur du Christ :
Que personne ne vous juge pour
des questions de nourriture et de boisson, ou à propos de fête, de nouvelle
lune ou de sabbat : tout cela n’est que l’ombre de ce qui devait venir, mais la
réalité, c’est le Christ. Ne vous laissez pas frustrer de votre récompense par
ceux […] qui se laissent vainement gonfler d’orgueil par des idées purement
humaines. Ces gens-là ne sont pas en union avec la tête, avec Celui par qui
tout le corps poursuit sa croissance en Dieu… Si, avec le Christ, vous êtes
morts aux forces qui régissent le monde, pourquoi subir des prescriptions
légales comme si votre vie dépendait encore du monde : « Ne prends pas
ceci, ne goûte pas cela, ne touche pas cela », alors que toutes ces choses sont
faites pour disparaître quand on s’en sert ! Ce ne sont là que des préceptes
et des enseignements humains…
Lorsque nous ne sommes plus, ou
pas assez, en communion de cœur avec Jésus, alors le risque est grand pour nous
de penser et d’agir comme les pharisiens, d’avoir une apparence de religion, un
vernis de christianisme, en nous attachant méticuleusement à des observances
rituelles mais en oubliant l’essentiel, c’est-à-dire la conversion de notre
cœur. C’est bien de ce changement radical de notre être dont témoigne saint
Augustin que nous avons fêté le 28 août :
Tu étais au-dedans de moi quand
j’étais au-dehors, et c’est dehors que je te cherchais… Tu étais avec moi, et
je n’étais pas avec toi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire