jeudi 6 avril 2023

Méditation pour le Vendredi saint

 


7/04/2023

Passion de Jésus-Christ selon saint Jean

Hier nous avons contemplé Jésus lavant les pieds de ses disciples, faisant sien le geste des esclaves. Dans la nuit nous l’avons vu à genoux, face contre terre, dans le jardin de Gethsémani, priant le Père d’éloigner la coupe de la Passion, souffrant dans son âme avant de souffrir dans son corps. Aujourd’hui nous venons de suivre Jésus pas à pas en compagnie de saint Jean jusqu’au Golgotha, là où l’instrument de son supplice a été préparé. Supplice infamant réservé aux esclaves dans l’Empire romain. Ce qui fait s’écrier à Paul : scandale pour les Juifs, folie pour les païens ! Entre le geste du lavement des pieds et le supplice de la croix, signes de l’abaissement ultime du Fils de Dieu au rang d’esclave, Jean nous montre pendant le procès romain un homme qui est roi, mais qui ne l’est pas à la manière de ce monde. Voici l’homme ! Voici votre roi ! Comment Jésus caractérise-t-il le pouvoir des rois de ce monde ? Il nous le dit lui-même dans l’Evangile :

Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude.

Cet enseignement que nous trouvons en saint Matthieu (20, 25-28) a le mérite de la clarté. Il nous permet d’entrer dans le scandale de la Passion et de comprendre du point de vue de Jésus lui-même la signification de ce drame. Oui, il faut affirmer ce paradoxe absolu : dans sa Passion Jésus est au plus haut point ce roi-esclave qui, à aucun moment, ne se départit de sa dignité face aux coups, aux injures et aux puissants de ce monde. Dans sa Passion l’Homme par excellence, le Fils de l’homme, nous donne à voir le vrai visage de son Père. Non pas un dieu despote assis sur un trône qui s’imposerait à nous par la force, la terreur et la crainte (autant dire un dieu fabriqué par les hommes à l’image des gouvernants de ce monde), mais un Dieu qui se fait serviteur de sa créature par pur amour. Dieu règne en renonçant, en s’effaçant… Le Nouveau Testament utilise le verbe « renoncer » ou un équivalent pour qualifier l’abaissement volontaire et sauveur du Fils de Dieu pour chacun d’entre nous. Tout d’abord dans la lettre de Paul aux Philippiens : Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur… Puis dans la lettre aux Hébreux : Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice…

Dans le mystère de cet amour incompréhensible parce qu’il est celui de Dieu, l’humanité est libérée de tout pouvoir qui opprime et écrase. Notre dignité de fils de Dieu nous est rendue et avec elle notre liberté. Depuis l’événement unique du Golgotha, Jésus élevé en croix attire à lui tous les hommes, de toutes races, de toutes nations, de toutes conditions. Il nous attire auprès de son cœur par ce pouvoir divin qui n’a aucune autre puissance que celle de l’amour, aucune arme si ce n’est celle de l’abaissement et de l’humilité de Dieu, se faisant notre serviteur en son Fils bien-aimé. Oui, en vérité Tout est accompli lorsque Jésus meurt sur le bois de la croix. Mais assimiler cette révolution de l’amour divin, ce renversement des images païennes de la divinité, prend assurément beaucoup de temps. Que ce soit au niveau de l’humanité dans son ensemble, de l’Eglise ou de chacun d’entre nous. Ce soir rendons grâce au Dieu trois Saint de nous ouvrir ce chemin de libération, de vérité et de vie !


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