dimanche 7 mars 2010

3ème dimanche de Carême

3ème dimanche de Carême / C
7/03/10
Luc 13, 1-9 (p. 131)
Les lectures de ce dimanche de Carême posent une question essentielle : celle du sens des épreuves inévitables que nous connaissons tout au long de notre vie. Notre manière de pensée habituelle procède par causalité. S’il m’arrive quelque chose de mauvais ou de négatif, j’ai toujours tendance à chercher un responsable, un coupable. Et ce coupable, je pense que c’est moi… J’ai certainement fait quelque chose de pas bien, un péché en langage religieux, qui expliquerait l’épreuve qui me tombe dessus ! Avec le livre de Job, la révélation nous met en garde contre ce raisonnement simpliste. Nous n’avons pas à chercher systématiquement une cause et un sens à ce qui nous arrive de positif comme de négatif. Ce qui n’enlève rien au fait que le regard de la foi nous permet de tirer des leçons de notre expérience. Dans nos lectures, l’expérience de la servitude du peuple en Egypte et de sa libération par Dieu est relue dans la foi par saint Paul. Et Jésus, dans l’Evangile, commente l’actualité malheureuse de son temps. Aujourd’hui on aurait pu lui demander : les haïtiens ou les chiliens sont-ils coupables d’un péché plus grand que les habitants de Carpentras pour avoir eu à souffrir des tremblements de terre ?
La question essentielle n’est peut-être donc pas celle que je me posais au début : pourquoi ces épreuves dans ma vie ? Mais plutôt : comment dois-je regarder les événements de ma vie, qu’ils soient joyeux ou pénibles ? Et tout d’abord comment considérer mon passé ou bien celui de mon peuple, de mon pays ? Il est important pour nous de tirer des leçons de sagesse de notre expérience passée, au niveau personnel comme au niveau communautaire, pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs et les mêmes péchés. L’histoire est en ce sens une discipline qui devrait nous faire progresser en sagesse. Mon histoire personnelle en tant que croyant est tout aussi importante. Je connais mes capacités comme mes faiblesses à partir d’elle. Le regard de la foi ne m’enferme pas dans mon passé, il est libérateur au contraire en me situant en vérité par rapport à lui. Le regard de foi que je porte sur mon histoire passée est ouverture sur l’espérance. Comment considérer aussi mon présent personnel comme l’actualité du monde dans lequel je vis et j’évolue ? Le concile Vatican II nous a invités à regarder les signes des temps. Mon présent comme le présent du monde peut être pour moi parole de Dieu si je le regarde dans la foi. Non pas en cherchant toujours les ou le coupable du mal dont je peux souffrir, mais en percevant mon épreuve comme un appel de la part de Dieu à aller plus loin, à me surpasser. Le vrai sens de mon histoire personnelle du passé comme du présent n’est donc pas dans la recherche d’une cause à tout ce qui ne va pas, mais dans un appel à la conversion. Ce qui me projette vers mon avenir avec espérance. Car je suis capable de changer, d’évoluer, de connaître enfin une plus grande liberté spirituelle. Les épreuves de ma vie peuvent donc me stimuler à aller de l’avant et à mieux répondre à l’appel du Seigneur à la sainteté. Mais tout cela est un don de Dieu. Seul ce regard de foi me permet de transfigurer mon présent en me tournant avec confiance vers l’avenir, non pas isolé, mais sous le regard de Dieu. Le vocabulaire de la première lecture nous rappelle que Dieu est proche et qu’il s’intéresse à notre vie. Les difficultés que nous pouvons traverser ne le laissent ni indifférent ni inactif : j’ai vu, j’ai entendu, je connais, je suis descendu…
Une affirmation de saint Paul dans la deuxième lecture me permettra de conclure cette méditation : « Celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber ». Une traduction plus littérale donnerait : « Que celui qui pense être debout prenne garde de ne pas tomber ». Notre histoire personnelle, relue dans la foi, est pleine de leçons et d’avertissements. C’est notre faux sentiment de sécurité qui nous empêche de les recevoir. Nous connaissons tous des personnes qui se croyaient invincibles, fortes, qui étaient sûres d’elles mêmes, de leur bon droit et de leurs talents, et qui pourtant sont tombées. Tout ce que nous ne construisons pas avec humilité, avec Dieu, a pour fondements les sables mouvants et les aléas de notre histoire humaine. Au début du livre des Actes des Apôtres, lorsque les apôtres sont arrêtés par le grand prêtre à cause de leur prédication du Nom de Jésus Sauveur, ils passent en jugement devant le Sanhédrin. Et voilà qu’un pharisien nommé Gamaliel, membre du Conseil, demande pour eux la clémence. Son argumentation est remplie de sagesse :
Eh bien, dans la circonstance présente, je vous le dis : ne vous occupez plus de ces gens-là, laissez-les. Car si leur intention ou leur action vient des hommes, elle tombera. Mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber. Ne risquez donc pas de vous trouver en guerre contre Dieu.

La Parole de Dieu nous demande en ce dimanche de construire humblement notre vie avec Dieu et de tirer profit des épreuves pour grandir en sagesse et en foi.

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