lundi 25 janvier 2010

3ème dimanche du temps ordinaire

3ème dimanche du TO/C (pour l’unité des chrétiens)
24/01/10
1 Corinthiens 12, 12-30 (p. 460)
Nous voici parvenus au terme de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Au cours de cette messe nous prions à cette grande intention de l’Eglise. Parmi les lectures bibliques de cette liturgie, la deuxième lecture nous permet de méditer sur l’Eglise, corps du Christ, avec saint Paul. « Dieu a voulu qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. » L’Apôtre nous rappelle dans ce contexte la volonté de Dieu notre Père : que tous ses enfants soient unis dans un même amour et une même vérité dans l’unique Corps du Christ. Historiquement les chrétiens ont malheureusement été infidèles à cette volonté de Dieu, autant pour des raisons politiques que pour des raisons de divergences quant à la foi. Et même à l’intérieur de l’Eglise catholique il nous est parfois bien difficile de vivre cette unité, cette communion des cœurs. La désunion des chrétiens est le signe que nous donnons bien souvent la priorité à nos opinions humaines plutôt qu’à la volonté de Dieu pour nous qui est la sainteté de ses enfants. Et certainement le diable y est pour quelque chose…
La comparaison de Paul (L’Eglise est comme un corps humain, elle est le Corps du Christ) peut nous aider à avoir une vision vraiment chrétienne de l’Eglise et de son unité. Au fondement de la réflexion de l’apôtre nous trouvons l’affirmation de l’égale dignité qui existe entre tous les baptisés : « Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l'unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l'unique Esprit. » Pour Paul cette vérité est tellement importante qu’il n’hésite pas à en reparler dans deux autres passages de ses lettres ! Tout d’abord dans la lettre aux Galates : « En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus. » Et aussi dans la lettre aux Colossiens : « Alors, il n'y a plus de Grec et de Juif, d'Israélite et de païen, il n'y a pas de barbare, de sauvage, d'esclave, d'homme libre, il n'y a que le Christ : en tous, il est tout. » L’insistance de saint Paul ne peut nous laisser indifférents. Le seul et unique fondement de l’unité des chrétiens dans le Corps du Christ c’est bien le baptême. Ce qui signifie que l’unité est un don de Dieu, un don qui correspond avec le don de sa propre vie divine par le baptême. Nous sommes baptisés au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, que nous soyons catholiques, orthodoxes ou protestants. Donc par le baptême nous sommes unis à la parfaite communion qui, en Dieu, unit les trois personnes divines. Pour Paul c’est ce don de Dieu qui est fondamental et qui fait passer toutes les autres réalités humaines au second plan (race, sexe, condition sociale etc.). L’unité est brisée ou menacée chaque fois que nous remettons au premier plan ces divisions humaines. Chaque fois que nous perdons de vue la catholicité de l’Eglise, son universalité. Chez tous les chrétiens, il a existé ou il existe encore la tentation orgueilleuse d’une religion nationale ou patriotique par exemple, ce qui est incompatible avec le sacrement de baptême. Le différend entre la Rome catholique et l’Orient orthodoxe résulte au fond d’un orgueil blessé, d’une volonté des uns et des autres d’avoir la suprématie sur l’Eglise. « Que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l'honneur, tous partagent sa joie. » Nous le voyons, Paul ne parle pas de domination des uns sur les autres, mais de communion fraternelle.
« Dieu a organisé le corps de telle façon qu'on porte plus de respect à ce qui en est le plus dépourvu ». Cette affirmation de l’Apôtre est importante, mais la traduction liturgique ne nous aide pas vraiment à en saisir la portée. Dans la Bible Osty nous lisons : « Dieu a disposé le corps de manière à donner davantage d’honneur à ce qui en manque ». Et dans la Bible des peuples : « Quand Dieu a modelé le corps, il a pris soin davantage de ceux qui sont les derniers ». Ce qui signifie encore une fois que dans l’Eglise il ne peut y avoir de hiérarchie de domination. Ce qui serait la négation de l’égale dignité des enfants de Dieu reçue au baptême. Mais seulement un service de l’unité du corps tout entier en vue de sa croissance. Bien des divisions dans l’Eglise ont été provoquées par les responsables de l’Eglise ou par le comportement scandaleux de la hiérarchie qui faisait passer ses intérêts et ses privilèges avant sa mission propre. Le protestantisme est en partie né de ce scandale. L’unité des chrétiens ne se réalisera en tant que don de Dieu que si chaque Eglise remet à la première place les humbles et les petits. Que dans la mesure où les responsables de chaque Eglise adopteront une attitude vraiment évangélique qui est celle du service désintéressé. Le ministère des apôtres est le plus important, le premier dans l’Eglise. Paul nous le rappelle en plaçant malicieusement les miracles et le don des langues en dernier dans la liste des charismes. C’est justement à cause de son importance au service de l’unité que ce ministère hérité des Apôtres doit être purifié de tout intérêt, de toute ambition et de tout carriérisme. Car c’est cela qui a sapé dans l’histoire l’unité des chrétiens. Les papes Jean XXIII et Paul VI l’ont bien compris en redonnant à leur ministère au service de la communion sa belle simplicité évangélique. A nous, catholiques, de faire en sorte que cette impulsion de l’Esprit issue du dernier Concile s’incarne toujours davantage dans la vie de nos diocèses et de nos communautés paroissiales. Pour que l’égale dignité entre tous les baptisés ne soit pas une belle idée, mais ce qui se vit réellement dans nos relations quotidiennes, nous qui sommes les membres variés, avec des missions différentes, de l’unique Corps du Christ !

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