dimanche 25 octobre 2009

30ème dimanche du temps ordinaire

30ème dimanche du TO/B
25/10/09
Marc 10, 46-52 (p.839)
Dans sa simplicité l’évangéliste Marc a le génie d’un grand peintre : lorsqu’il nous rapporte une scène de la vie de Jésus, nous avons la sensation d’être présents et de contempler avec lui l’action qui se déroule sous nos yeux. C’est particulièrement vrai de l’Evangile de ce dimanche : la guérison de l’aveugle Bartimée. Alors essayons de garder cette simplicité propre à Marc pour regarder ensemble le déroulement de ce miracle.
La première phrase campe le décor. Nous sommes à la sortie d’une ville, sur la route. D’un côté Jésus, entouré d’une foule disparate ; de l’autre, un homme seul qui mendie parce qu’il est aveugle. Les uns marchent, lui est assis. Bartimée est aveugle mais il n’est pas sourd, il entend le bruit des pas de cette foule et s’informe. Dès qu’il sait que c’est Jésus qui va passer, il n’hésite pas un instant à se manifester, à attirer l’attention du Maître sur sa misère, et il le fait en criant pour se faire entendre au milieu du brouhaha de cette foule orientale : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! » Cet appel au secours est une profession de foi. Pour lui Jésus est le Messie. Mais voilà que beaucoup dans la foule veulent le faire taire… Et parmi ces personnes il y a probablement des apôtres, des disciples de Jésus. Souvenons-nous de leur réaction, un peu plus haut dans le même chapitre, lorsque des enfants s’approchent de leur Maître : « Et on lui présentait des enfants pour qu’il les touche, et les disciples les menacèrent. » Bref on a l’impression que certains disciples veulent garder Jésus pour eux seuls. Et qu’ils décident de qui est digne de s’en approcher ou pas ! Cela nous interroge aujourd’hui. Nous qui sommes les disciples de Jésus, sommes-nous un obstacle pour ceux qui veulent se rapprocher de Lui ? Avons-nous cet orgueil de ceux qui se rangent dans l’élite religieuse et qui considèrent les autres avec mépris ? Les athées, les pauvres, les petits, les ignorants… En un mot nos communautés chrétiennes sont-elles ouvertes aux autres dans leur différence, à ceux qui sont en recherche ? Ou bien ressemblent-elles à des clubs privés dans lesquels on ne peut entrer qu’après avoir franchi bien des obstacles ? L’accueil des autres et des nouveaux est un défi très important pour nos communautés paroissiales en France. Cet Evangile nous le rappelle. En tout cas Bartimée ne se décourage pas, et il se met à crier encore plus fort. Sa foi ne se laisse pas intimider par l’attitude négative de l’entourage de Jésus. Sa foi est persévérante. Voilà l’une des grandes caractéristiques de notre foi chrétienne, elle ne se laisse pas ébranler par les difficultés, dans sa force, elle tient bon, jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au jour de notre mort.
Et voilà que Jésus perçoit cet appel au secours et s’arrête de marcher. Et il oblige son entourage à changer radicalement d’attitude. Eux qui voulaient faire taire le mendiant aveugle et le laisser au bord de la route doivent maintenant l’inviter à rejoindre Jésus qui l’attend. « L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. » Il se débarrasse de ce qui l’alourdit, et dans un acte de foi encore plus grand, se met debout, et court vers le Seigneur, alors qu’il n’y voit rien ! La question que lui pose alors Jésus peut nous sembler étrange : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Comme si Jésus ne savait pas ce que désire cet aveugle ! Mais au fond cette question n’est pas plus étrange que les questions de nos rituels. Lorsque le prêtre interroge les parents venus pour le baptême de leur enfant de la manière suivante : « Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? », ou bien lorsqu’il demande aux fiancés de dire « oui » le jour de leur mariage… Cette question de Jésus nous montre l’importance de notre liberté dans l’œuvre de Dieu. Dieu ne peut pas nous forcer à recevoir ses dons. Il a besoin pour cela de la participation de notre liberté, de notre « oui » à son œuvre de salut et de grâce. Et comme c’était prévisible notre aveugle demande la guérison : « Rabbouni, que je voie. » Toute l’Ecriture utilise l’image de l’aveuglement spirituel. Ce qui nous donne la possibilité de recevoir cette page d’Evangile aussi selon son sens spirituel. Nous avons à nous poser la question : est-ce que je voie correctement avec les yeux de la foi ? Dieu tout d’abord, les autres et moi-même. Notre aveuglement peut en effet porter sur ces trois réalités de notre vie spirituelle. Et nous aussi nous aurions bien besoin de faire nôtre la prière de Bartimée. Seigneur, fais que je voie Dieu comme un Père aimant, miséricordieux et plein de tendresse ! Seigneur, fais que je voie les autres comme des enfants de Dieu, comme mes frères, avec bienveillance, patience, tolérance, indulgence et capacité de pardonner ! Seigneur, fais que je me voie moi-même avec tes yeux ! En évitant l’écueil de l’orgueil et la tentation de me rabaisser ou de me mépriser… Seigneur, fais que je voie mes fautes et mes péchés, non pas pour désespérer de moi, mais au contraire pour repartir sur la route de ma vie d’un pas plus léger et plus alerte ! Si nous demandons avec foi de voir avec le regard de Dieu toutes choses, alors nous serons sauvés et nous serons vraiment les témoins de l’espérance qui ne déçoit pas.

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