lundi 19 octobre 2009

29ème dimanche du temps ordinaire

29ème dimanche du TO / B
18/10/09
Marc 10, 35-45 (p.793)
Dimanche des Missions
Au terme de cette semaine missionnaire mondiale, nous entendons Jésus qui justement nous donne le sens de sa mission : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » Cet enseignement essentiel du Seigneur vient juste après la troisième annonce qu’il fait de sa Passion, de sa mort et de sa résurrection à ses disciples. Deux apôtres, donc deux futurs responsables dans l’Eglise naissante, Jacques et Jean, viennent de demander à Jésus les premières places dans le Royaume. Ces deux hommes projettent dans une réalité spirituelle, la gloire de Dieu et notre participation à cette gloire au Paradis, les valeurs terrestres. Sur terre notre instinct ambitieux et orgueilleux nous fait rechercher en effet les premières places, les honneurs, les décorations, les grades. Ce que beaucoup nomment pudiquement « la carrière ». Une saine ambition a sa place dans la société civile, même si elle comporte toujours un danger. Mais ici ce sont deux apôtres qui raisonnent à la manière du monde, deux hommes qui devront diriger les premières communautés chrétiennes au nom du Christ. C’est pour nous l’occasion de réfléchir au sens de la hiérarchie dans l’Eglise catholique, et donc au sens du sacrement de l’ordre. Les successeurs des apôtres, le pape et les évêques, ainsi que les prêtres en communion de mission avec eux, sont les premiers responsables de la mission dans l’Eglise et dans le monde. Jésus indique ici l’esprit dans lequel ils doivent exercer leur mission en son Nom. La hiérarchie catholique est une hiérarchie de service, de don de soi à la suite du seul Maître et Seigneur, Jésus, mort et ressuscité pour nous. L’imbrication très ancienne (depuis Constantin) entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel a fait oublier cette vérité à bien des hommes d’Eglise. Saint Paul, le premier, a dû remettre les Corinthiens en place qui se réclamaient davantage des responsables de l’Eglise que du Christ, et qui, ainsi se divisaient entre eux… « Le Christ est-il partagé ? Serait-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Ou bien serait-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? » (1 Co 1,13). Le plus grand des apôtres rappelle ici que le responsable d’Eglise est un ministre du Christ, donc un serviteur. Et qu’il ne faut pas s’attacher excessivement à sa personne, mais bien plutôt le recevoir comme un envoyé du Christ. Le ministère apostolique vécu en dehors de l’humilité et de cet esprit de service est une imposture. Je suis étonné quand j’entends des jeunes chrétiens me dire : « Je suis de la génération Benoît XVI », comme j’entendais il y a quelques années leurs ainés déclarer : « Je suis de la génération Jean-Paul II » ! Je comprends ce qu’il peut y avoir de vrai dans cette formule. Mais je leur réponds toujours qu’on ne se définit pas par rapport à un pape mais par rapport au Christ. Il serait plus juste et plus beau de dire tout simplement : je suis catholique. Si Jésus s’est attiré la haine des scribes et des pharisiens, c’est bien parce qu’il leur a reproché leur manque d’humilité et d’esprit de service dans leur fonction religieuse. Réécoutons le début du chapitre 23 de saint Matthieu : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Pratiquez donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous dire. Mais n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ; ils aiment les places d'honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues, les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n'avez qu'un seul enseignant, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé. » Dans l’histoire de notre Eglise les papes, les cardinaux, les évêques et les prêtres ont bien souvent succombé à la tentation du pouvoir, des honneurs et de la richesse oubliant qu’ils étaient là au service du peuple de Dieu. Le bienheureux pape Jean XXIII et Paul VI à sa suite ont voulu simplifier tout le décorum et le faste qui entourait alors les papes, donnant d’eux l’image de princes de l’Eglise. Ces papes du Concile Vatican II ont voulu remettre à la première place la simplicité évangélique et l’esprit de service apostolique dans l’Eglise. Et c’est pour cette raison que leur témoignage a été entendu bien au-delà de la seule sphère catholique. Les textes du dernier Concile insistent fortement sur cette dimension de service de la hiérarchie et sur le caractère uniquement spirituel du pouvoir sacerdotal. Entre tous les chrétiens, parce que nous avons tous reçu le même baptême, doivent régner des relations fraternelles. Aujourd’hui au nom d’un retour à un sacré mal compris, nous voyons la tentation du faste, du décorum et des honneurs ressurgir. Le vrai témoignage apostolique ne se trouve pas dans des habits somptueux, des trônes élevés ou des titres ronflants, mais bien dans la simplicité et l’humilité des ministres du Seigneur. L’illusion des apparences ne remplacera jamais le témoignage authentique d’une vie donnée au Christ et à ses frères dans l’Eglise.

Aucun commentaire: