dimanche 11 octobre 2009

28ème dimanche du temps ordinaire

28ème dimanche du temps ordinaire / B
11/10/09
Marc 10, 17-30 (p. 749)
En ce dimanche la Parole de Dieu nous parle de ce qui est bon pour nous. La première lecture fait l’éloge de la Sagesse de Dieu. L’Evangile nous montre un homme qui désire la vie éternelle. Et Jésus n’y va pas par quatre chemins : « Personne n’est bon, sinon Dieu seul. » Nous voilà bien prévenus : notre béatitude, notre bien véritable consiste à connaître et à aimer Dieu. Et pour ce faire nous n’avons pas d’autre chemin que le Christ, c’est Lui que nous devons suivre si nous voulons vraiment connaître le bonheur des enfants de Dieu. Mais sur ce chemin nous nous heurtons à bien des obstacles et même à des déviations… L’homme appelé par le Christ, un saint homme, « devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. » C’est l’occasion pour nous de réfléchir aux différents biens que nous connaissons dans notre vie afin d’y voir plus clair, afin de toujours préférer la Sagesse de Dieu… Il y a tout d’abord les biens matériels qui ne se limitent pas à l’argent même si c’est l’argent qui nous permet de les acquérir et de les conserver. Jésus cite la maison, la propriété d’un terrain. Il y a ensuite les biens culturels : livres, musique, cinéma, beaux-arts, voyages etc. Ces biens nourrissent notre intelligence, notre désir de connaître et notre sens de la beauté. Ils sont rarement gratuits mis à part certains monuments publics de nos villes et villages. Il y a enfin les biens spirituels, ceux qui nourrissent l’âme et la vie de Dieu en nous. Parmi ces biens les sacrements de l’Eglise catholique, mais aussi la prière, la méditation de la Parole de Dieu, une retraite spirituelle, une session de formation, un pèlerinage etc. Les biens spirituels qui nous viennent de Dieu par le Christ, comme les sacrements, sont eux toujours gratuits. La question fondamentale de notre vie est la suivante : comment, dans ma recherche du bonheur, je donne la priorité aux biens spirituels sur les autres ? Le chrétien ne nie pas la valeur des biens matériels, encore moins celle des biens culturels. Mais il essaie de mettre de l’ordre dans sa vie. La difficulté pour nous est d’établir cette hiérarchie des biens. Et pour le faire, nous devons être profondément convaincus, non seulement par notre intelligence mais par notre expérience de la foi, que Dieu seul est le bien véritable, celui qui ne déçoit jamais. La Parole de Dieu nous met aujourd’hui en garde contre le pouvoir tyrannique des biens matériels, contre l’esclavage dans lequel le dieu argent maintient tant d’êtres humains de par le monde entier. Ecoutons l’apôtre Paul dans sa première lettre à Timothée, il nous parle…
05 de gens à l'esprit corrompu, qui, coupés de la vérité, ne voient dans la religion qu'une source de profit.
06 Certes, il y a un grand profit dans la religion si l'on se contente de ce que l'on a.
07 De même que nous n'avons rien apporté dans ce monde, nous ne pourrons rien emporter.
08 Si nous avons de quoi manger et nous habiller, sachons nous en contenter.
09 Ceux qui veulent s'enrichir tombent dans le piège de la tentation ; ils se laissent prendre par une foule de désirs absurdes et dangereux, qui précipitent les gens dans la ruine et la perdition.
10 Car la racine de tous les maux, c'est l'amour de l'argent. Pour s'y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé à eux-mêmes des tourments sans nombre.
Suivre le Christ aujourd’hui, c’est résister à l’illusion de trouver notre bonheur dans toujours plus de consommation, dans l’accumulation de toujours plus de biens matériels. Le défi pour nous en Europe, c’est d’adopter un nouveau mode de vie et de remettre à la première place les biens de l’esprit et du cœur. Nous, les chrétiens, nous devrions pouvoir témoigner de la joie que nous apporte ce nouveau mode de vie fait de simplicité et de partage avec ceux qui n’ont même pas le nécessaire pour vivre. La crise économique que nous traversons n’est pas d’abord financière. Elle est le signe d’un homme dont le cœur est malade, d’un homme qui a fait de l’argent et du profit sans scrupule son dieu et son but. Nous voyons ce qui se passe lorsque nous nous laissons gouverner par les biens matériels et par l’argent : l’homme devient secondaire, il est mis de côté au profit du système, au nom de la rentabilité : toujours plus, toujours plus vite ! C’est le monde à l’envers : l’argent est personnifié et l’homme devient un objet comme un autre. Un économiste américain, Woody Tasch, fait l’éloge de la lenteur, donc de la Sagesse. Il compare la perversion de la finance à celle de l’agro-industrie : « L’agriculture industrielle considère le sol comme un support pour des plantes que l’on gave de substances chimiques synthétiques de manière à en optimiser le rendement. Pour la finance industrielle, les entreprises sont un support permettant le gavage des capitaux et la maximisation du rendement. » Le culte fou de l’argent rapide a même enlevé à l’homme la dignité de son travail, avec les conséquences que l’on connaît : stress, démotivation, déprime et même suicide. Tasch propose la sagesse de la lenteur : « Si l’on utilise l’argent comme un engrais de synthèse, on obtiendra une croissance artificielle qui ne peut durer qu’un moment et qui n’a pas de relation durable avec la terre. Si l’on utilise l’argent comme du fumier, on aura peut-être une chance de mettre en place une économie fondée sur des relations saines et durables. On peut créer une nouvelle sorte d’investisseurs qui refuseront d’accepter des rendements artificiels. » Renoncer à la quantité et au court-terme, ne pourra se faire que si nous prenons comme maîtresse et guide la Sagesse de Dieu. Avec elle, nous ne pouvons plus dire de manière cynique : « après moi le déluge ! » C’est elle qui nous apprend que les grandes et bonnes choses doivent se construire dans la durée. C’est elle qui nous oriente vers la source de notre bonheur véritable : Dieu Trinité.

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