lundi 13 juillet 2009

15ème dimanche du temps ordinaire

15ème dimanche du TO / B
12/07/09
Marc 6, 7-13 (p. 112)
En ce dimanche les textes de la Parole de Dieu forment une admirable symphonie, se répondant et s’enrichissant mutuellement. Cette liturgie de la Parole nous présente notre vie chrétienne sous un jour particulier, dans la lumière du mystère de la volonté divine, pour reprendre saint Paul. Nous avons tendance à l’oublier, mais notre vie chrétienne est tout entière une réponse à un choix et à un appel de la part de Dieu Notre Père. Et cela est vrai non seulement pour les successeurs des apôtres que sont les évêques et les prêtres mais aussi et d’abord pour tous les baptisés. Si notre vie est réellement une réponse à cet appel divin, cela lui confère une dimension dynamique. L’appel vient du Père et nous rappelle nos racines dans l’être : nous sommes des créatures. Le même appel nous donne aussi un but, une fin à atteindre, qui est l’accomplissement de notre vocation humaine et chrétienne en Dieu. C’est cette vision grandiose de l’existence chrétienne que saint Ignace de Loyola résume avec son Principe et Fondement dans les Exercices spirituels : « L’homme est créé pour louer, révérer et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme, et les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’homme, et pour l’aider dans la poursuite de la fin pour laquelle il est créé. » Le fondateur des Jésuites exprime ici avec le langage de son époque la magnifique intuition théologique de saint Paul, dans la deuxième lecture. Saint Paul nous parle de prédestination, un terme qui a suscité tant de polémiques dans l’histoire de l’Eglise. De toute éternité nous sommes appelés et choisis par Dieu Père et Créateur ! Il est bon de réentendre trois passages de la deuxième lecture illustrant cette vérité :
« Dans le Christ, Dieu nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. » « Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ. » « Dans le Christ, Dieu nous a d’avance destinés à devenir son peuple. »
Avant même notre naissance, avant même notre création Dieu nous aime et nous donne une vocation. Une image humaine peut nous faire approcher de cette réalité vertigineuse : nos parents nous ont certainement aimés avant notre naissance, ils nous ont désirés et ont eu pour nous des tas de projets… Paul nous présente le projet divin. Tout est dit. Notre vocation, donc notre but et notre accomplissement, c’est la sainteté. La sainteté, c’est devenir toujours davantage fils et filles de Dieu. Et l’apôtre précise que cela se réalise ensemble, dans l’Eglise qui est le peuple de Dieu. Et que cela ne peut se réaliser que par et dans le Christ.
C’est dans ce contexte que les vocations particulières du prophète Amos et des Apôtres prennent tout leur sens. C’est juste après l’échec de sa première prédication à Nazareth, que Jésus appelle les Douze et les envoie en mission deux par deux. Il leur demande de vivre pauvrement. Souvenons-nous que ces hommes étaient non pas des lettrés ou des spécialistes de la religion mais des pêcheurs. Amos quant à lui était éleveur de bétail. Ce qui nous rappelle les paroles de Paul aux Corinthiens : « Voyez un peu, frères, quelle est votre condition : combien d’entre vous passent pour des gens cultivés, ou sont de familles nobles et influentes ? Bien peu… Dieu a choisi ce que le monde considère comme faible pour humilier les forts. » En tant que pêcheurs, les apôtres ne vivaient pas dans la pauvreté. Jésus leur demande de tout quitter pour qu’ils soient porteurs dans leur faiblesse de la puissance de la Parole de Dieu. Le Seigneur demande aussi à ses apôtres de respecter la liberté de conscience de ceux vers lesquels ils sont envoyés : « Si on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds… ». Amos, le prophète qui vient du sud, n’a pas de succès à Béthel, sanctuaire royal, et auprès des élites religieuses… Parce qu’Amos a été fidèle à sa vocation de prophète, il a fini par être expulsé sur dénonciation au roi. Jésus n’a pas été mieux accueilli dans sa patrie, à Nazareth… On a même voulu le tuer ! Il ne s’est pas imposé aux récalcitrants, mais passant au milieu d’eux, il continua son chemin et se rendit à Capharnaüm. Un apôtre du Christ, un missionnaire de l’Evangile, ne se comporte pas comme un représentant de commerce ou un propagandiste de bas étage. Il est le porteur et le témoin de cet appel de Dieu pour tous les hommes, appel à la conversion en vue de la sainteté. C’est librement que Dieu nous aime, nous crée et nous choisit pour faire partie de son peuple. C’est librement que nous devons répondre à son appel sur nous. La Bonne Nouvelle se propose, elle ne saurait en aucun cas s’imposer. Sa force se trouve dans l’amour et la vérité qui sont en Dieu davantage que dans les qualités humaines de l’apôtre. La foi doit être prêchée en actes et en paroles pour que Dieu puisse « saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, en réunissant tout sous un seul chef, le Christ. »

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