lundi 6 juillet 2009

14ème dimanche du temps ordinaire

14ème dimanche du TO/B
5/07/09
Marc 6, 1-6 (p. 63)
L’Evangile de ce dimanche nous rapporte un événement important dans la vie publique de Jésus : sa première prédication dans la synagogue de Nazareth. On peut aisément imaginer à quel point les Juifs fervents et pratiquants de Nazareth attendaient cet instant ! Un Rabbi, un Maître en religion, qu’ils avaient connu enfant et adolescent, puis jeune homme, allait prendre la parole pour commenter publiquement les Saintes Ecritures, le jour du sabbat. On imagine avec quelle attention ils ont dû écouter l’enfant du pays ! Marc, contrairement à Luc, ne nous donne pas le contenu de cet enseignement inaugural dans la synagogue. Par contre il relève avec soin la réaction de l’auditoire : « Ils étaient profondément choqués à cause de lui. » La Bible des Peuples donne comme traduction : « Ils butaient donc et ne croyaient pas en lui. » En fait une traduction proche du texte grec est bien plus éclairante pour nous : « Ils étaient scandalisés ». Le premier sermon du Christ chez lui est donc un échec. Sa parole est refusée, rejetée comme scandaleuse. Marie, sa mère, avait été prévenue par Siméon : « Regarde, cet enfant apportera aux masses d’Israël, soit la chute, soit la résurrection : il sera un signe de division, et toi-même, une épée te transpercera l’âme. Mais par ce moyen les hommes mettront à nu le secret de leur cœur. » En présence de Jésus, les gens de Nazareth sont contraints de faire la vérité sur eux-mêmes. Sa Parole démasque l’hypocrisie et ne laisse pas d’autre perspective que la véritable conversion du cœur, conversion qui aboutit à des choix de vie très concrets, à des attitudes spirituelles fondamentales. Jésus se situe dans la ligne des prophètes davantage que dans la ligne des Docteurs de la Loi. D’ailleurs en saint Luc nous savons que c’est un passage du prophète Isaïe qu’il a commenté ce jour-là. Il scandalise car il remet en question une religion sociologique, extérieure, ritualiste, qui n’engage ni le cœur ni la personne ni les actes quotidiens. Et ce premier sermon dans la synagogue de Nazareth annonce en filigrane la passion et la mort du Christ. Saint Luc le souligne en parlant de la colère des auditeurs qui veulent le tuer en le jetant en bas, du haut de la colline… « Mais lui passe au milieu d’eux et il va son chemin. » Le grand prophète, le dernier des prophètes ne se laisse pas intimider par les menaces de ses concitoyens, il poursuit sa route et sa mission vers Jérusalem car un prophète ne peut pas mourir ailleurs que dans la ville sainte. Finalement c’est le mystère de l’incarnation qui est cause de scandale : Comment se fait-il que ce gamin de chez nous prétende nous enseigner la religion avec une telle autorité, une autorité presque divine ? Et à l’autre bout de l’Evangile le grand prêtre livrera le Messie à la mort et aux romains en l’accusant de blasphème : « Il s’est fait le Fils de Dieu ! » Un Dieu proche, un Dieu au visage humain, un Dieu bon et miséricordieux, voilà ce qui scandalise les bons pratiquants de Nazareth. Cette folie de l’amour de Dieu qui va jusqu’à l’incarnation ! Remarquons bien que dans les Evangiles ce sont toujours les chefs religieux et les élites religieuses qui sont scandalisés par le Christ, ses paroles et ses actes. Ce sont les puissants et les orgueilleux ! Ceux dont Marie parle dans son Magnificat : « Il disperse les superbes, il renverse les puissants de leurs trônes ». Les pécheurs, les gens simples, les personnes humbles, elles, ne sont pas scandalisées mais émerveillées. Ne pensons pas que la parole prophétique du Christ soit mieux accueillie aujourd’hui par les catholiques ! Par chacun d’entre nous… Si l’orgueil religieux nous atteint, alors nous pouvons aussi connaître cet aveuglement et ce manque de foi sous un vernis de bonne pratique religieuse. Si nous ne sommes pas humbles, la parole prophétique nous dérange à un tel point que nous la rejetons parfois avec violence. Un exemple suffira à l’illustrer : Dom Helder Camara, l’archevêque de Recife au Brésil, mort en 1999, ne s’était pas fait que des amis parmi les catholiques brésiliens. Parce qu’il s’attaquait aux racines de la pauvreté et de l’injustice, parce qu’il osait remettre en cause les structures de péchés, parce qu’il était prophète. Et comme Jésus sa parole de feu a été bien mieux accueillie à l’étranger que chez lui… Il avait résumé le problème avec une phrase courte mais ô combien vraie : "Quand je nourris un pauvre, on dit que je suis un saint. Mais quand je demande pourquoi il est pauvre, on me traite de communiste". Pensons aussi à l’archevêque de San Salvador, Mgr. Oscar Romero, assassiné au cours d’une messe le 24 mars 1980. La veille il avait, malgré les menaces de mort à son encontre, lancé un appel solennel aux militaires, rappelant qu’en certaines circonstances le soldat n'est pas obligé d'obéir à l’ordre de tuer. Prophète de la paix et de la justice, il a payé par le don de sa vie la vérité de sa parole. Demandons à Notre-Dame de Santé le courage et l’humilité nécessaire pour accueillir comme elle la Parole de Dieu et pour la faire passer dans nos vies, prolongeant en nous le mystère de l’incarnation. « Quant à Marie, elle gardait le souvenir de ces événements et les reprenait dans sa méditation ». « Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’arrive selon ta parole ! » Amen

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