mardi 3 février 2009

Quatrième dimanche du temps ordinaire

4ème dimanche du TO / B
1er février 09
Marc 1, 21-28 (p. 502)
Nous poursuivons en ce dimanche notre lecture du premier chapitre de l’Evangile selon saint Marc. Nous savons déjà que Jésus a choisi de commencer son ministère public en Galilée, cette région frontalière au nord d’Israël. Et voilà qu’il s’installe pour un temps dans la maison de Simon à Capharnaüm, au nord-ouest du lac de Tibériade ou mer de Galilée. C’est dans la synagogue de cette ville, un jour de sabbat, que le Seigneur donne son premier enseignement. Contrairement à Luc, Marc ne nous donne pas le contenu de ce premier sermon du Seigneur. Le deuxième évangéliste souligne l’autorité avec laquelle Jésus a enseigné ce jour-là, et se contente de signaler la nouveauté de son enseignement. Cet homme-là n’enseigne pas comme les scribes… L’autorité qui émane du Seigneur vient d’abord de son identité profonde : Il est la Parole de Dieu faite chair. Il ne se contente pas de la commenter, il la manifeste, il la révèle par sa seule personne. Il ne prêche pas seulement la Bonne Nouvelle de Dieu : Il est cette Bonne Nouvelle. Les auditeurs de Jésus dans la synagogue ne peuvent pas deviner ce mystère divin qui se cache en la personne de celui qui leur adresse la parole avec autorité. Mais ils pressentent bien que cet homme, venu de Nazareth, est très différent de leurs scribes. Il n’est pas un professionnel de la religion parmi d’autres. Il est bien plus qu’un bon spécialiste des Ecritures… Pour bien comprendre la nouveauté de la prédication du Seigneur, nous pouvons nous référer à un passage de saint Matthieu, passage dans lequel Jésus lui-même met en lumière les limites des maîtres de la Loi et des Pharisiens qui « se sont faits les interprètes de Moïse. Faites et observez tout ce qu’ils vous disent, mais ne faites pas comme ils font, car ils disent et ne font pas. Ils préparent de lourdes charges, et ils vous les mettent sur les épaules ; mais eux-mêmes ne bougeraient pas un doigt pour les remuer. Tout ce qu’ils font, ils le font pour être vus des hommes : voyez ces larges citations de l’Ecriture fixées à leur front, et ces longues franges à leurs manteaux ! Ils aiment les premières places dans les repas, les premiers fauteuils à la synagogue et les salutations sur la place ; ils aiment que les gens les appellent Maître » (23, 2-7). Ce sont la simplicité et l’humilité de Jésus qui ont dû marquer profondément ses auditeurs dans la synagogue de Capharnaüm, et c’est à travers son attitude intérieure et extérieure qu’ils ont reconnu en lui une autorité venant de Dieu et non des hommes ou d’une simple fonction religieuse.
Vient ensuite dans le récit de Marc la scène de l’exorcisme. Et voilà que le démon, à travers cet homme, confesse la vérité de foi que tous ignorent encore : Jésus de Nazareth est le Saint, le Saint de Dieu. Le Seigneur fait taire le démon et libère l’homme possédé. Nous rencontrons ici pour la première fois un thème constant dans l’Evangile selon saint Marc, celui du secret messianique. Jésus ne veut pas que son identité profonde soit dévoilée avant le moment favorable. Ses paroles et ses gestes doivent amener peu à peu les personnes à reconnaître en lui bien plus qu’un prophète. Jésus vient ouvrir un chemin de foi, une expérience de communion avec lui pour ceux qui l’écoutent et l’accueillent. Il ne vient pas donner un catéchisme. Car les Juifs ont une idée trop humaine, trop politique du Messie. Affirmer sa messianité d’emblée, ce serait donc prendre un grand risque pour lui. Le risque de transformer la Bonne Nouvelle du Royaume des Cieux en une simple propagande pour un royaume d’Israël restauré et triomphant. Quand Jésus sera sur la Croix, au Golgotha, deux ou trois ans plus tard, alors il se révèlera comme le Messie humilié. Là il n’y aura plus de méprise possible sur sa mission… Et c’est par la Résurrection de son Fils au matin de Pâques que Dieu révélera pleinement la divinité de Jésus de Nazareth. Donc nous avons d’un côté un esprit mauvais qui révèle tout de suite l’identité de Jésus, et de l’autre la pédagogie du Père qui prévoit de révéler progressivement son Fils. Quelques versets plus loin Marc note que Jésus « ne laissait pas parler les démons, car ils l’avaient reconnu ». Et quand, à la fin du chapitre premier, le Seigneur guérit un lépreux il lui demande aussi le silence : « Surtout, n’en parle à personne ». Notre humanité ne peut pas accepter la vérité sur l’incarnation en un instant. Cette vérité de foi est tellement inouïe qu’elle provoque un séisme dans nos conceptions traditionnelles de Dieu, d’autant plus qu’elle révèle en même temps le mystère de la Sainte Trinité. Souvenons-nous qu’il aura fallu 4 siècles à l’Eglise naissante pour pouvoir affirmer, avec le Concile de Nicée, d’une manière définitive la divinité de Jésus de Nazareth. L’arianisme, qui faisait de Jésus un super homme mais niait sa filiation divine, a bien failli triompher dans les esprits… Saint Jacques, dans sa lettre, interpelle les chrétiens : « Tu crois qu’il n’y a qu’un seul Dieu ? Très bien. Mais les démons aussi croient, et ils tremblent » (2, 19). Il ne suffit donc pas pour nous de croire en Jésus, Fils de Dieu, et de reconnaître son autorité. Par la charité nous devons l’imiter, c’est-à-dire devenir nous-mêmes Evangile de Dieu pour tous les hommes.

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