lundi 9 février 2009

Cinquième dimanche du temps ordinaire

5ème dimanche du TO / B
8/02/09
Marc 1, 29-39 (p. 556)
En continuant notre lecture du premier chapitre de l’Evangile selon saint Marc nous découvrons de plus en plus ce qu’était la vie de Notre Seigneur au commencement de son ministère public en Galilée.
Les premiers jours de sa prédication, après le baptême donné par Jean, sont des jours très remplis. Saint Marc nous montre le Seigneur guérissant les malades et délivrant les possédés « le soir venu, après le coucher du soleil »… Et c’est « bien avant l’aube » que le Seigneur se lève pour prier. Bref les nuits devaient être courtes. Pendant 30 ans, Jésus est resté avec Marie et Joseph à Nazareth pour y vivre sa vie cachée. Il a pris ce très long temps pour se préparer à sa mission de Sauveur dans l’humilité de la vie quotidienne. Cette période de la vie cachée provoque notre curiosité, à tel point que les Evangiles apocryphes ont essayé de remplir « ce trou » dans la chronologie de la vie du Christ. Mais il nous faut accepter ce choix du Seigneur qui, à nos yeux, pourrait passer pour du temps perdu… Avec notre mentalité souvent très proche de l’activisme… Et voilà que d’un seul coup le temps semble s’accélérer ! Jésus a des nuits bien courtes. Certainement parce que « les délais sont accomplis, le Règne de Dieu est là » et qu’il y a désormais une urgence à le proclamer. Ce contraste entre les jours de la vie cachée et le commencement de la vie publique est un enseignement pour nous, dans notre manière de vivre le temps qui nous est donné par Dieu. Dans ce contexte le livre de l’Ecclésiaste peut nous aider avec son magnifique poème sur le temps : « Il y a sous le soleil un moment pour tout, et un temps pour chaque entreprise : un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, un autre pour déraciner la plante etc. » Nous avons dans notre vie, avec l’aide de l’Esprit Saint, à discerner justement les signes des temps. Et à comprendre qu’à certains moments nous devons être plus actifs et à d’autres plus en retrait. En fonction de notre vocation et de notre devoir d’état, nous avons à rechercher cette intelligence du cœur qui nous permet de nous adapter au temps que Dieu nous donne aujourd’hui.
Comment sont remplies ces premières journées du ministère de Jésus ? L’évangéliste nous peint l’activité du Seigneur en un magnifique triptyque : Guérisons, Prière et Evangélisation. Je voudrais m’attarder en ce dimanche sur la prière de Jésus, car c’est la première fois que saint Marc nous le montre en prière. Nous constatons à quel point Jésus est comme mangé par les foules. Bien des apôtres et des missionnaires vivront après lui une situation identique. Pensons simplement au témoignage du grand évangélisateur de l’Asie, saint François-Xavier qui avait du mal à prier son bréviaire sans être dérangé… Et au saint curé d’Ars qui était comme emprisonné dans son confessionnal. Lorsqu’à la fin du premier chapitre, le Seigneur guérit un lépreux, sa renommée est tellement grande qu’il est obligé de fuir les lieux habités : « Jésus ne pouvait plus se montrer dans une ville ; il restait à l’écart dans des lieux déserts. Même ainsi on venait à lui de toutes parts. » N’oublions pas que le Seigneur est vraiment homme, et qu’à ce titre il connaît comme nous la fatigue et le besoin de se ressourcer dans la solitude et le silence. En tant que Fils de Dieu, il n’a pas besoin de prier. La vie trinitaire est en elle-même échange d’amour et de vie dans une parfaite égalité entre les personnes divines. En priant de nuit, Jésus, vrai homme et vrai Dieu, nous donne un enseignement sur l’importance vitale de la prière. Il répond à l’avance aux excuses que nous nous donnons : « je n’ai pas le temps de prier », par exemple. Les moines, à la suite de saint Benoît, ont honoré cette prière nocturne du Seigneur par le lever de nuit. Un fils de saint Benoît, Dom Romain Banquet, écrivait : « La nuit n’est pas principalement pour le sommeil, mais surtout pour favoriser les mystérieux rapports de Dieu avec les âmes, et des âmes avec Dieu. Ses ténèbres, son silence, un charme pur et secret qui vient d’En Haut, invitent l’âme et l’entraînent aux ascensions intérieures, lumineuses et sanctifiantes. » Nous ne sommes pas moines, et nous n’avons pas à les copier mais peut-être à nous inspirer de l’esprit de prière qui les anime. Dans la nuit, le sens de la vue comme celui de l’ouïe sont mis en retrait : pas de lumière, pas de bruit. Et c’est ce retrait de nos sens qui favorise en nous le sixième sens, le sens spirituel, celui qui nous relie à Dieu par la foi, l’espérance et la charité. Alors, même si nous ne prions pas de nuit, nous pouvons rechercher un cadre de prière qui nous évite les distractions des sens : dans le silence ou le calme, en fermant les yeux par exemple. Pour conclure je laisserai la parole à Maurice Zundel : « La prière est un don que Dieu fait à l’homme ; c’est l’homme qu’elle honore, parce qu’elle le met sur un pied d’égalité avec Dieu. En faisant pour une part dépendre notre destin de nous-mêmes, de notre prière, Dieu nous traite comme des égaux. La prière c’est le choix que nous faisons de Dieu. Nous nous approchons de Dieu à pas d’amour. C’est une conversation avec Dieu. »

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