dimanche 18 janvier 2009

2ème dimanche du temps ordinaire

2ème dimanche du temps ordinaire / B
18 janvier 2009
Jean 1, 35-42 (p. 403)
Alors que nous venons de recommencer le cycle du temps ordinaire dans sa partie située avant le Carême, l’Evangile nous renvoie aux commencements du ministère public de Jésus. Le temps ordinaire ou temps de l’Eglise nous est donné pour méditer ce que furent les actes et les paroles du Seigneur dans les années de son ministère public, avant son entrée dans le mystère pascal. Et c’est avec saint Jean que nous pouvons contempler en ce dimanche le commencement de la mission du Seigneur au milieu de son peuple. Le récit que nous en fait le quatrième évangéliste est d’une richesse inouïe sous une forme très simple.
Nous sommes à une frontière : Jean est encore là avec ses disciples. Il n’est pas là pour lui-même bien sûr, encore moins pour fonder sa communauté. Il est là pour révéler celui qui vient de se manifester après de longues années de vie cachée à Nazareth. La parole que Jean prononce devrait mettre en lumière l’identité de celui qui va et vient aux abords du Jourdain. Or cette parole pourrait se comparer à un mystérieux clair-obscur : « Voici l’Agneau de Dieu ». Les disciples de Jean, s’ils connaissent bien les Ecritures, connaissent aussi cette image de l’Agneau. Les prophètes l’ont utilisé. Pensons par exemple à Jérémie : « Moi, j’étais comme un agneau familier, qu’on mène à la boucherie, et je ne savais pas qu’ils tramaient des desseins contre moi : Retranchons-le de la terre des vivants, et qu’on ne se souvienne plus de son nom. » Jésus, ce jeune homme dans la force de l’âge, est présenté dès le commencement par Jean comme celui qui est destiné à une mort cruelle. C’est déjà l’ombre de la Croix qui se projette dans les eaux du Jourdain. Jean dit de Jésus qu’il mourra pour sauver son peuple du péché. Nommer Jésus « Agneau de Dieu » c’est dire à la fois qu’il est le Sauveur et comment il nous sauvera : par son sacrifice d’amour sur le bois de la Croix. Et alors nous pourrions être étonnés par la réaction des deux disciples : ils suivent Jésus, ils suivent cet homme promis à une mort infâme… Probablement n’ont-ils pas réalisé toute la portée de ce titre mystérieux : « Agneau de Dieu ». C’est alors que Jésus leur pose la question fondamentale : « Que cherchez-vous ? » Question éternelle, valable pour les hommes de tous les temps, valable pour nous, disciples de Jésus aujourd’hui. Oui, que cherchons-nous ? Quel est notre but dans la vie ? Quel est notre désir le plus profond ? « Maître, où demeures-tu ? » La réponse des deux disciples aurait obtenu un zéro pointé auprès d’un grand philosophe… On se serait attendu à une belle réponse du type : la vie, le bonheur, la paix ou encore le salut… Non, tout simplement : Où demeures-tu ? Ces hommes montrent par là leur attachement à ce Jésus qu’ils connaissent à peine. En fait leur désir c’est de le connaître et de partager sa vie. La réponse de Jésus est magnifique : « Venez, et vous verrez. » C’était le thème des JMJ de Paris en 97. Le Seigneur, dès le début, les initie au cheminement chrétien qui est celui de la foi. Nous sommes souvent comme Thomas, nous voulons d’abord voir alors qu’il s’agit de venir ! Venir, c’est un peu se lancer à l’eau, consentir à faire une expérience de vie avec Jésus pour Maître et Compagnon. Jésus nous demande cette confiance fondamentale, ce premier pas vers l’inconnu, cette plongée dans le mystère de Dieu. Alors, oui, nous verrons, c’est-à-dire nous comprendrons un peu mieux avec la lumière de l’Esprit Saint qui est Jésus et ce qu’il attend de nous.
Et voilà qu’André a fait ce pas et il a vu. Ses yeux se sont ouverts. Et spontanément il partage son expérience de Jésus à celui qui est le plus proche de lui, son frère Simon : « Nous avons trouvé le Messie ». Notons bien la différence entre la présentation de Jean et celle d’André : l’Agneau de Dieu d’un côté, le Messie de l’autre. Autant dire la Croix et la Gloire mises ensemble. André a peut-être déjà oublié le message de Jean… Et il faudra beaucoup de temps aux apôtres, en particulier à Pierre, pour accepter que le Messie soit aussi l’Agneau de Dieu. Cette page d’Evangile contient donc en germe le mystère pascal : mort et résurrection. Ce qui a toujours été opposé dans l’expérience humaine sera conjoint dans la divine personne du Fils de Dieu. Grâce à son frère, Simon rencontre le Messie. Nous ne pouvons pas imaginer ce que cela pouvait représenter pour un Juif pieux de l’époque. De cette rencontre il va recevoir, dès le début chez Jean, une identité et une mission nouvelles : « Tu t’appelleras Képha » qu’il vaudrait mieux traduire par Roc ou Rocher que par Pierre… Or cette image du Roc était attribuée à Dieu lui-même dans les Ecritures. En lui donnant ce nom, Jésus le fait participer sans aucun mérite de sa part à la force divine. Ce commencement du ministère public de Jésus est déjà pascal, nous l’avons vu. Si au début de l’Evangile Jésus est l’Agneau de Dieu, le Messie, à la fin il est tout simplement l’homme présenté par Pilate à la foule : « Voici l’homme ». Prophétie mystérieuse entre toutes qui nous dit peut-être qu’en Jésus nous pouvons retrouver la splendeur de notre dignité d’hommes obscurcie par notre péché…

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