mardi 12 février 2008

Premier dimanche de carême

Premier dimanche de Carême / A
10 février 2008
Matthieu 4, 1-11 (page 27)
En ce premier dimanche de Carême la liturgie de la Parole nous fait goûter la symphonie des Ecritures. En effet les trois lectures se renvoient l’une à l’autre et se répondent admirablement bien. Dans notre méditation personnelle de la Parole de Dieu il est toujours très éclairant de mettre les textes bibliques en rapport les uns avec les autres. C’est la méthode que l’Eglise nous enseigne avec cette liturgie du premier dimanche de Carême.
Je commencerai par citer la fin de la deuxième lecture, car c’est Paul le théologien qui va nous aider à entrer dans cette symphonie des Ecritures : « De même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie. En effet, de même que tous sont devenus pécheurs parce qu’un seul homme a désobéi, de même tous deviendront justes parce qu’un seul homme a obéi ». Dans ce passage de sa lettre aux Romains, l’apôtre met en rapport Adam avec le Christ : le Christ est le nouvel Adam. Il y a donc entre notre première lecture (le livre de la Genèse) et l’Evangile de Matthieu un rapport admirable. C’est dans la mesure où nous lisons ces textes comme face à face que nous en tirons le sens véritable et l’enseignement juste pour notre vie spirituelle en ce temps de Carême.
Pour ce faire, nous pouvons commencer par les détails les plus extérieurs, le cadre, pour aller ensuite à l’essentiel : qu’est-ce que la tentation ? Comment pouvons-nous la reconnaître pour y résister et la repousser ? Le cadre extérieur nous fait passer d’un jardin magnifique, celui d’Eden ou Paradis originel, à un désert ; du couple Adam et Eve à un célibataire, Jésus. Voilà pour les contrastes de la mise en scène. Mais il y a bien un point commun entre les deux récits : la présence du tentateur qu’il soit le serpent de la Genèse ou le démon de l’Evangile.
En méditant ces textes nous comprendrons quelle est la tactique du démon et comment nous pouvons lui opposer notre fidélité à Dieu. Dans la première lecture le démon utilise le mensonge, il déforme la Parole de Dieu. Remarquez-bien qu’Eve dans un sursaut de lucidité ne se laisse pas prendre immédiatement : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin… » Le serpent revient à l’attaque et accuse Dieu de mentir : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! » C’est ainsi que le père du mensonge ose accuser Dieu de duplicité. Et pour entraîner Eve dans la désobéissance au commandement divin, il lui fait miroiter un avenir divin, une promotion inespérée : « Vous serez comme des dieux… » Le péché d’Adam et d’Eve est donc un péché d’orgueil et de manque de confiance en Dieu. Ils avaient tout pour être heureux, mais voilà que le Tentateur les persuade qu’en sortant de leur condition de créatures ils seront plus heureux encore…
Dans le désert de l’Evangile, Jésus semble se trouver dans la situation opposée à celle du jardin d’Eden. Il a faim et son humanité souffre de ce manque. Le démon dans la Genèse s’adressait à Eve pour lui promettre un statut divin, ici il s’adresse à Jésus pour mettre à l’épreuve sa divinité : « Si tu es le Fils de Dieu, prouve-le moi en faisant un prodige ! » Notons que nous retrouverons à la fin de notre Carême une situation semblable au pied de la croix. Les spectateurs prennent le relai du démon : « Sauve-toi donc, puisque tu es fils de Dieu, descends de ta croix ! » C’est par les armes de la Parole de Dieu que Notre Seigneur repousse la première tentation. Le démon ne se décourage pas et dans sa grande intelligence va se situer sur le même terrain, celui de la Parole de Dieu : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit… » Ce qui signifie que même la Parole de Dieu peut être détournée de son sens véritable par le démon pour nous entraîner à la chute. Et bien des sectes dites chrétiennes entraînent à la chute des milliers de personnes de par leur mauvaise interprétation de la Bible. Une fois encore Jésus oppose la Parole de Dieu à la tentation, et nous montre ainsi qu’il ne faut jamais isoler un verset de l’Ecriture mais les comprendre tous ensemble, dans la symphonie des Ecritures. Dans la dernière tentation au désert le démon se révèle au grand jour et ose demander au Fils de Dieu un acte d’adoration à son égard en échange d’une domination humaine. Et Notre Seigneur chasse à nouveau le tentateur en s’appuyant sur le roc de la Parole de Dieu. Là où nos premiers parents ont été vaincus, il est victorieux.
Que retenir de tout cela pour nous en ce Carême ? L’humilité et la foi font fuir le démon. Cultivons donc tout particulièrement ces deux vertus. Enfin passons du temps à lire et à méditer la Parole de Dieu. En cette année saint Paul, nous pourrions avoir comme bonne résolution de Carême la lecture priante de toutes les lettres de l’Apôtre. Nous serons ainsi bien armés dans notre lutte spirituelle et pourrons vaincre avec la grâce du Christ ce qui nous entraîne vers notre ruine.

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