lundi 28 mai 2007

Pentecôte

Pentecôte 2007 / C
Jean 14 (page 797)

Pour nous chrétiens la fête de Pentecôte marque la plénitude et la fin du temps pascal. C’est dire que Pâques, l’Ascension et la Pentecôte sont comme trois facettes d’une même réalité, celle de la victoire définitive de la vie sur la mort, de la grâce de Dieu sur notre péché. Avant la venue du Christ, le peuple Juif célébrait déjà la fête de Pentecôte nommée aussi fête des semaines. A l’origine cette fête était agricole, puis elle a pris un sens nettement plus religieux. Elle commémorait le don de la Loi à Moïse sur le mont Sinaï. C’était donc la fête des dix commandements. Ce rappel historique est très utile pour bien comprendre la Pentecôte chrétienne. Nous savons que notre Seigneur a résumé toute la loi de Moïse dans le double commandement de l’amour, et ce commandement, nous dit-il, n’en fait qu’un. Ce qui signifie que nous ne pouvons pas séparer dans notre vie l’amour de Dieu de l’amour du prochain. Si la Pentecôte juive célébrait le don de la Loi de Dieu, la Pentecôte chrétienne célèbre le don de l’Esprit Saint. Or dans le mystère de la Sainte Trinité l’Esprit est l’amour du Père et du fils. Il est, pourrait-on dire, la personne divine Amour. L’événement de Pentecôte est donc riche de signification. Il nous indique que c’est dans l’amour et par l’amour que nous devons vivre de la loi de Dieu révélée à Moïse et accomplie dans le Christ. D’où l’affirmation de Paul dans la deuxième lecture : « L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur, c’est un Esprit qui fait de vous des fils. » L’événement de Pentecôte nous invite aussi à une religion de l’intériorité, à une religion d’abord spirituelle. En donnant l’Esprit à la première Eglise et à l’Eglise qui est la notre aujourd’hui, le Père et le Fils accomplissent la prophétie d’Ezéchiel : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit : alors vous suivrez mes lois, vous observerez mes commandements et vous y serez fidèles. » Dans l’Evangile, Jésus se fait l’écho de cette prophétie : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. » L’apôtre Paul a bien compris ce passage d’une Loi extérieure à l’homme à une Loi intérieure, celle de la Nouvelle Alliance. Ecoutons-le : « Notre lettre, c’est vous, une lettre écrite en nos cœurs, connue et lue de tous les hommes. Vous êtes manifestement une lettre du Christ commise à nos soins, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs… Car la lettre tue, mais l’Esprit fait vivre. »
Je voudrais maintenant souligner dans la première lecture un aspect riche de signification pour notre vie en Eglise. Nous connaissons bien ce récit de Luc qui nous rapporte la première Pentecôte sur l’Eglise. Dans le vocabulaire utilisé par Luc, il y a un perpétuel va et vient entre deux termes : « tous » et « chacun ». Les apôtres étaient « réunis tous ensemble » avec Marie, dans un même lieu. Et ils furent « tous remplis de l’Esprit Saint ». En même temps c’est bien sur chacun d’eux que la flamme, symbole de l’Esprit, s’est posée. Et « chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit »… Au jour de Pentecôte comme aujourd’hui le don de l’Esprit est à la fois ecclésial et personnel. Dans notre Eglise nous ne vivons pas la communion et l’unité à la manière d’un troupeau de moutons rassemblés. Nous ne sommes pas tous identiques. Nous avons une personnalité unique et une vocation qui est la notre. Non seulement l’Esprit nous donne les grâces sacramentelles, mais il nous donne à chacun et à chacune, des dons, des talents, des charismes, qui ne sont pas forcément ceux du voisin. C’est ainsi que l’Esprit construit l’unique corps du Christ dans la diversité des charismes. Si nous comprenions cela dans nos communautés chrétiennes, il nous serait beaucoup plus facile de travailler ensemble à l’avènement du Règne de Dieu. Nous n’avons pas, en effet, à être jaloux des dons du voisin. Nous devons faire fructifier tous les talents qui sont les nôtres. Mais pour ce faire, nous devons les connaître et les reconnaître… avec l’aide d’un accompagnateur spirituel si besoin est. Bref dans le corps du Christ nous sommes complémentaires, nous ne sommes pas en concurrence. L’Eglise n’est pas une entreprise ! Saint Paul nous donne un critère pour savoir si un don vient de l’Esprit. C’est le critère du partage et de l’ouverture aux autres :
« Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous. »
Amen

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