samedi 31 mars 2007

5ème dimanche de Carême

5ème dimanche de Carême / année C
25 mars 2007
Jean 8, 1-11 (page 232)

Dimanche dernier nous avons médité en saint Luc la parabole du fils prodigue. Pour ce cinquième dimanche de Carême, l’Eglise nous propose l’Evangile de la femme adultère en saint Jean. Ces deux Evangiles ont bien des points communs. Ils sont de magnifiques enseignements sur la miséricorde du Seigneur. Ils ont aussi le même cadre historique : la confrontation entre les scribes et les pharisiens d’une part, et Jésus de l’autre. Comme souvent dans les évangiles, les scribes et les pharisiens interrogent Jésus « pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. » Autant dire tout de suite qu’ils ne sont pas à la recherche de la vérité ! Alors ne nous étonnons pas, si aujourd’hui encore, l’Eglise et les chrétiens sont interrogés, entre autre par les media, pour être mis à l’épreuve… Rien de nouveau sous le soleil, dirait l’Ecclésiaste !
« Jésus s’était baissé, et, du doigt, il traçait des traits sur le sol. » Voilà la première réponse du Seigneur : un silence éloquent ! Par ce geste il montre la distance qu’il prend par rapport à ses contradicteurs… Bref, il les ignore eux et leur question, non pas par mépris, mais parce qu’il connaît bien l’intention perverse de leur cœur.
Devant leur insistance, il se redresse et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. » Puis de nouveau il se baisse et se met à tracer des traits sur le sol. Cette réponse de Jésus n’en est pas vraiment une. Les scribes et les pharisiens attendaient un « oui » ou un « non » pour pouvoir l’accuser. Il ne répond ni « oui », ni « non ». Mais la réponse qu’il donne correspond en fait à un refus de la lapidation. Eux se réfèrent à la loi de Moïse pour pouvoir lapider la femme adultère. Le Seigneur les renvoie à leur conscience, au plus intime de leur coeur, à la loi intérieure inscrite par Dieu dans les cœurs. Il y a donc ce contraste fondamental entre la loi et la conscience, entre la loi extérieure et la loi intérieure. Jésus rappelle que la loi qui doit primer est la loi naturelle, c’est-à-dire la loi de la conscience. Et cette loi naturelle correspond plus ou moins aux dix commandements. Parmi ces commandements il y a bien sûr : « Tu ne commettras pas d’adultère », mais il y a aussi : « Tu ne tueras pas » ! On ne peut pas mettre sur le même plan les dix commandements et les développements de la loi tels qu’on les trouve dans le Lévitique et le Deutéronome. L’ordre de lapider les femmes adultères se trouve par exemple au chapitre 22 du Deutéronome. Il est intéressant de relever la motivation de cet homicide, licite du point de vue moral pour les Juifs de l’époque de Jésus : « C’est ainsi que tu ôteras le mal d’Israël. Ainsi tu ôteras le mal du milieu de toi . » La lapidation de la femme adultère était donc perçue comme une protection de la société contre le mal. Mais on oubliait qu’on ne peut pas supprimer le mal en commettant un autre mal : tuer. Et surtout cette loi qui nous semble bien barbare aujourd’hui identifiait le mal au pécheur. Comme si la femme adultère n’était qu’une pécheresse et rien d’autre… Comme si cette femme pouvait être réduite à l’adultère qu’elle vient de commettre… La magnifique réponse de Jésus met à mal cette vision primitive des choses et de la vie morale : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » Le Seigneur distingue la femme de son péché. Il condamne son péché sans la condamner elle. Voilà toute la différence entre les pharisiens accrochés à la loi extérieure et Jésus qui rappelle la dignité de tout homme, même du pécheur. Si Jésus refuse la lapidation de la femme, Lui qui est sans péché, c’est non seulement par miséricorde, c’est aussi parce qu’il espère en sa conversion. Si cette femme avait été tuée, comment aurait-elle pu se convertir et exprimer son repentir ? Saint Augustin a cette belle sentence : « Ils ne restèrent que deux : la misère et la miséricorde. »
En guise de conclusion, relevons un détail significatif. Les pharisiens appellent Jésus « Maître ». Lorsque la femme adultère s’adresse à Lui, elle lui dit « Seigneur ». C’est une manière pour saint Jean de souligner qu’elle est croyante malgré son péché. Cette femme croit que Jésus peut la sauver, alors que les pharisiens refusent précisément de croire en Jésus. Cette différence nous ramène à l’expérience de saint Paul dans la deuxième lecture :
« Cette justice ne vient pas de moi-même, - c’est-à-dire de mon obéissance à la loi de Moïse- mais de la foi au Christ : c’est la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi. »
Amen

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