lundi 12 février 2007

6ème dimanche du temps ordinaire

6ème dimanche du temps ordinaire / C
11 février 2007 / Dimanche de la santé
« Croire en la vie, un défi pour aujourd’hui »
Luc 6, 17-26 (page 822)

En ce 6ème dimanche du temps ordinaire, l’Eglise célèbre la journée mondiale des malades et le dimanche de la santé. C’est aussi la fête de Notre-Dame de Lourdes.
Le thème retenu cette année pour le dimanche de la santé est :
« Croire en la vie, un défi pour aujourd’hui. »
Dans un premier temps, j’aimerais mettre en lumière certains aspects de la liturgie de la Parole.
Les deux premières lectures nous parlent d’espoir alors que Jésus nous entretient du bonheur selon l’Evangile. Nous pouvons recevoir ces textes en pensant aux personnes malades, dépendantes, en fin de vie sans oublier le personnel soignant et les visiteurs de malades.
Ecoutons Jérémie : « Béni soit l’homme qui met sa confiance dans le Seigneur, dont le Seigneur est l’espoir. » Nous savons bien que dans l’épreuve de la maladie et du vieillissement notre foi est bien souvent ébranlée. Le livre de Qohélet décrit d’une manière à la fois poétique et dramatique l’épreuve que peut représenter pour le croyant la vieillesse :
« On redoute alors les montées, et les fondrières sur le chemin ; l’amandier est en fleurs, la sauterelle est repue, le câprier donne son fruit. Voici l’homme en route pour sa maison d’éternité, et les pleureuses faisant le cercle au coin de la rue. Le fil d’argent n’ira pas plus loin : on s’est arrêté de le filer ; la lampe d’or s’est brisée, la cruche s’est fracassée à la fontaine, et la poulie sur le puits a cédé. »
La maladie et la vieillesse sont comme une purification spirituelle pour le croyant, un apprentissage du détachement : détachement de tout ce qui est superflu, secondaire, accessoire. Qohélet nous parle aussi de ce détachement :
« L’homme est sorti nu du sein de sa mère, et il s’en retourne nu comme il était venu. Il n’emporte rien de tous les travaux que ses mains ont menés à bien. »
L’épreuve de la maladie peut être vécue positivement si non seulement nous gardons la foi mais surtout si nous mettons dans le Seigneur tout notre espoir. A vue humaine nous ne pouvons que nous révolter face à la perte de nos forces et à la douleur physique et morale engendrée par la maladie. Du point de vue de la grâce nous n’avons pas d’autre choix que l’abandon entre les mains de Dieu.
L’Apôtre Paul nous rappelle dans la deuxième lecture le caractère eschatologique de notre foi. Car « si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. » Le Ressuscité nous appelle en effet à entrer dans le vie éternelle, dans la communion de la bienheureuse Trinité. L’horizon pour le malade ou la personne en fin de vie n’est pas bouché. Par la foi et l’espérance, cet horizon peut s’ouvrir sur le monde nouveau, le monde de la résurrection. Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, Paul utilise une formule éclairante : « Donc, nous ne nous laissons pas abattre, et si notre extérieur se défait peu à peu, l’homme intérieur en nous se renouvelle jour après jour. »
Après l’espoir, c’est le bonheur qui est mis en avant par l’Evangile de cette liturgie. Luc, dans son introduction, nous parle d’un grand nombre de disciples, d’une foule de gens. Ces personnes sont venues de loin et ont enduré la fatigue du voyage pour rencontrer le Seigneur. La version liturgique saute deux versets, et c’est bien dommage, surtout en cette journée des malades. Que viennent chercher ces personnes auprès du Christ ? Luc nous le dit : « Ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. » L’auditoire des Béatitudes est donc composé en grande partie de personnes souffrantes. Et c’est à ces personnes que Jésus ose dire :
« Heureux, vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous ! »
La maladie ou la vieillesse sont bien des pauvretés, en ce sens qu’elles nous dépouillent de bien des habitudes et des attachements. Nous le savons bien, Jésus ne fait pas l’éloge de la pauvreté pour elle-même, encore moins de la maladie pour elle-même. La maladie est un mal. Il nous indique simplement que ces épreuves doivent être pour nous l’occasion d’un progrès spirituel, d’un pas de plus vers le Royaume de Dieu.
Le malade qui met son espoir en Dieu et qui prie malgré sa faiblesse ne peut que découvrir le vrai bonheur. Dans cette situation extrême, l’illusion des paradis artificiels fond comme neige au soleil. Quelle différence en effet entre le malade riche et le malade pauvre ? Entre celui qui a eu un haut rang dans la société et celui qui est resté au bas de l’échelle, comme on dit ? Aucune. Job en a fait l’amère expérience. La douleur physique et morale frappe autant les riches que les pauvres, les hommes célèbres que les inconnus…
Lors de l’apparition du 18 février 1858, la Vierge Marie a dit à Bernadette : « Je ne vous promets pas le bonheur de ce monde, mais de l’autre. » Si nous sommes vraiment chrétiens, nous savons en effet qu’il y a un autre bonheur que celui que nous pouvons connaître ici-bas. Ce n’est pas pour cela que le chrétien devrait être une personne triste. Nous n’avons pas à mépriser le bonheur que Dieu nous donne déjà sur la terre. Nous avons au contraire à faire notre la certitude du bon pape Jean XXIII : « Je serai heureux, rien qu’aujourd’hui, dans la certitude d’avoir été créé pour le bonheur, non seulement dans l’autre monde mais également dans celui-ci. » Amen

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