dimanche 18 février 2007

7ème dimanche du temps ordinaire

7ème dimanche du temps ordinaire / année C
18 février 2007
Luc 6, 27-38 (page 871)

Dans notre année liturgique, le temps ordinaire ou temps de l’Eglise se répartit en deux périodes : la première se situe entre le temps de Noël et le début du Carême ; la seconde, plus longue, commence après le temps pascal pour s’achever avec le début de l’Avent. En ce dimanche, nous nous trouvons au terme de la première période du temps ordinaire, puisque mercredi nous entrerons dans le temps du Carême. Tout juste avant le Carême, la liturgie de la Parole nous propose des textes particulièrement exigeants. En entendant le passage de saint Luc, nous pourrions être tentés par le découragement en nous disant que finalement Jésus nous en demande trop, à nous qui ne sommes que des humains ! Pour éviter cette tentation, je vous propose de méditer ces paroles du Seigneur dans un contexte plus ample.
Et c’est la deuxième lecture qui me donne ce contexte :
« Puisque Adam est pétri de terre, comme lui les hommes appartiennent à la terre ; puisque le Christ est venu du ciel, comme lui les hommes appartiennent au ciel. Et de même que nous sommes à l’image de celui qui est pétri de terre, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel. »
Dans ce passage, l’apôtre Paul établit un parallèle entre le premier Adam et le dernier Adam, le nouvel Adam, c’est-à-dire le Christ. C’est à la lumière de cette comparaison que Paul invite les chrétiens de Corinthe à comprendre leur condition humaine. Nous, chrétiens, nous sommes à la fois des êtres terrestres et célestes, charnels et spirituels. Par notre naissance, nous sommes les descendants d’Adam, et nous héritons du péché originel. C’est le niveau de notre nature humaine, blessée par le péché. Par notre baptême et notre foi, nous sommes les descendants du Christ, nouvel Adam. C’est le niveau surnaturel, celui de la grâce « qui donne la vie ». Remarquons que dans un cas saint Paul utilise le présent et pour l’autre le futur :
« Nous sommes à l’image de celui qui est pétri de la terre. »
« Nous serons à l’image de celui qui vient du ciel. »
Si au baptême nous devenons des êtres spirituels, des fils de Dieu, n’oublions pas que c’est comme en germe. Nous avons bien besoin de toute une vie pour devenir toujours plus « à l’image de celui qui vient du ciel. » Si notre vie chrétienne commence au baptême, elle a besoin de temps pour se développer et s’accomplir. C’est ce qu’indique le futur employé par Paul. La vie chrétienne nous trace un chemin, un itinéraire.
C’est par rapport à ce chemin que nous avons à comprendre les exigences de Jésus dans l’Evangile, autrement nous nous découragerons et nous ne progresserons pas… Jésus nous présente ici la justice supérieure. Cette justice ne peut se comprendre au niveau de la nature humaine. Elle n’a de sens que dans la sphère surnaturelle, celle de la grâce. Car, ce que nous demande ici le Seigneur, n’est en rien naturel. Cela signifie qu’il nous faudra beaucoup de temps, d’efforts et surtout de foi pour progresser pas à pas sur ce chemin de la vie divine.
Cet Evangile nous demande d’imiter Dieu alors que nous ne sommes que des hommes ! Cela n’est pas pour autant un Evangile irréaliste ou utopique. Puisons dans la grâce de notre baptême, dans la force de notre foi et dans la prière quotidienne, les moyens de mettre en œuvre la volonté du Seigneur.
Quel Dieu devons-nous imiter ? Le miséricordieux, celui qui est bon pour les ingrats et les méchants : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » Le commandement de l’amour du prochain ne saurait se limiter aux membres de notre famille, à ceux qui partagent notre foi ou encore à ceux avec lesquels nous avons de bonnes relations.
Pour conclure, je retiendrai deux versets de cet Evangile :
« Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. »
« La mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »
Du premier Adam nous avons hérité la fâcheuse manie d’accuser les autres de tous les maux, de nous décharger sur les autres de notre responsabilité. Fils d’Adam, il nous est plus facile de nous diviser que de nous unir. Il nous est plus facile de déclarer une guerre, que de rechercher la paix et la justice. L’homme seulement terrestre est, il faut bien l’avouer, un égoïste.
Le Christ, nouvel Adam, nous parle sans cesse des autres. Il nous propose de vivre en communion les uns avec les autres, pas seulement entre croyants, mais avec tous les hommes, même ceux qui semblent être nos ennemis. Paul VI écrivait en 1964 : « Personne n’est étranger au cœur de l’Eglise. Personne n’est indifférent pour son ministère. Pour elle personne n’est un ennemi, à moins de vouloir l’être de con côté. »
Le Christ, nouvel Adam, nous enseigne que nous ne pouvons pas rechercher notre bonheur et notre salut aux dépens des autres ou en les ignorant. Nous sommes solidaires les uns des autres. Ce qui signifie, en toute logique, que lorsque je juge mon prochain, je me juge moi-même ; lorsque je le condamne, c’est moi-même que je condamne.
Prions le Saint Esprit de nous donner force et lumière sur ce chemin de la justice supérieure !
Amen

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