dimanche 4 février 2007

5ème dimanche du temps ordinaire

5ème dimanche du temps ordinaire / C
4 février 2007
Luc 5, 1-11 (page 563)

Dimanche dernier nous avons quitté Jésus à Nazareth. Après sa première prédication dans la synagogue, ses compatriotes ont voulu le tuer. « Mais lui passe au milieu d’eux et il va son chemin » : c’est ainsi que Luc conclut l’épisode de Nazareth. Quel est donc le chemin que Jésus va inlassablement prendre pendant trois années ? Quel est donc son chemin qui va le conduire à son Heure à Jérusalem ? Annoncer la Bonne Nouvelle : « Je dois aussi annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu aux autres villes : c’est pour cela que j’ai été envoyé. » Jésus est fidèle à sa mission de Messie telle qu’Isaïe l’annonçait dans la lecture de la synagogue : « L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a consacré pour donner aux pauvres une Bonne Nouvelle. »
Aujourd’hui nous retrouvons Jésus, au bord du lac, annonçant aux foules la Parole de Dieu. Sa chaire est originale : c’est la barque d’un pêcheur du lac, nommé Simon. C’est de là qu’il enseigne le peuple.
Les quatre évangélistes soulignent bien le fait suivant : dès le début de son ministère public, le Seigneur a voulu associer des hommes à sa mission. C’est l’appel des premiers disciples, qui contient en lui comme en germe le mystère de l’Eglise.
A la fin de sa prédication sur la barque de Simon, voilà que Jésus lui demande d’avancer au large et de jeter les filets. La version de Luc est différente de celle des autres évangélistes. « Venez, suivez-moi ! », peut-on lire chez Matthieu et Marc. Jean, quant à lui, a aussi sa propre version de l’appel des premiers disciples… Chez saint Luc, Jésus ne lance pas son appel directement. Il le fait précéder par un signe : la pêche miraculeuse. Et par un signe qui va toucher très directement le cœur de ces hommes qui sont des spécialistes de la pêche, car c’est leur gagne pain. Notons au passage l’obéissance et la docilité de Simon.
La pêche est plus que surabondante. Face à ce signe, Simon comprend de manière intuitive que Jésus n’est pas seulement un Maître de la Loi : il est le Seigneur ! Non seulement Simon est obéissant, mais en plus il a un cœur humble : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. » C’est à ce point précis du récit de Luc que nous pouvons facilement faire le lien avec les deux autres lectures qui sont aussi des récits de vocation. Isaïe se considère comme un homme « aux lèvres impures » et Paul comme un avorton, « le plus petit des Apôtres », le persécuteur de l’Eglise de Dieu.
Dans ces trois textes bibliques nous retrouvons des constantes. Il est intéressant de les mettre en lumière pour comprendre ce qu’est une vocation.
La première constante c’est qu’au point de départ il y a une expérience forte de la présence de Dieu : pour Isaïe, c’est une vision dans le Temple ; Paul, quant à lui, a vu le Christ ressuscité sur le chemin de Damas ; et Simon voit la gloire de Jésus dans la pêche miraculeuse. Pas de vocation donc, sans cette prise de conscience de la transcendance de Dieu : seul Dieu est Dieu, seul Dieu est grand, seul Dieu est Saint.
La deuxième constante, c’est que Dieu n’attend pas que nous soyons des saints pour nous donner notre vocation : Isaïe, Paul et Simon sont des pécheurs. Si cela est vrai, alors n’attendons pas d’être des saints pour entendre l’appel de Dieu et y répondre.
La troisième constante, c’est que Dieu nous donne des signes adaptés à notre condition, des signes que nous pouvons recevoir, comprendre et interpréter : par exemple une pêche surabondante pour Simon le pécheur.
La quatrième constante, c’est que face à l’appel de Dieu nous avons bien souvent peur, l’effroi nous saisit. Toujours Dieu par Jésus nous redit : « Sois sans crainte. » Jean-Paul II en avait fait le leitmotiv de son long et fécond pontificat : « N’ayez pas peur ! »
En guise de conclusion, retenons que nous sommes tous appelés. Etre chrétien, être baptisé, c’est déjà en soi un appel de Dieu. Tous nous avons la responsabilité, chacun selon notre vocation et notre charisme, d’annoncer la Bonne Nouvelle aux hommes de notre temps. Non pas parce que nous serions meilleurs ou plus doués ou plus saints que les autres, mais tout simplement parce que chacun de nous peut redire en vérité les paroles de Paul :
« Ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et la grâce dont il m’a comblé n’a pas été stérile. »
Soyons heureux d’être chrétiens, fiers d’appartenir au Christ ! Un chrétien qui a peur n’a pas encore reçu en plénitude l’amour du Christ. Un chrétien qui a peur n’a pas compris la puissance de la grâce divine. Ne nous laissons pas paralyser ou endormir par notre peur humaine. Laissons-nous plutôt envahir et transformer par l’amour de l’Esprit répandu en nos cœurs. Telle est la magnifique aventure que les saints et les saintes, connus et inconnus, ont vécu depuis le premier appel des disciples jusqu’à l’abbé Pierre, pour citer un grand témoin de notre temps qui vient d’achever sa course, nous laissant ainsi l’exemple de la force de la foi.
Amen

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