dimanche 21 janvier 2007

3ème dimanche du temps ordinaire

3ème dimanche du temps ordinaire / C
Dimanche de l’unité des chrétiens / 21 janvier 07
Luc 4, 14-21 (page 460)

Dimanche dernier nous avons médité l’évangile des noces de Cana en saint Jean : le premier signe accompli par Jésus.
Aujourd’hui nous entendons dans l’évangile de Luc la première prédication de Jésus. Malheureusement la liturgie ampute ce récit de sa conclusion dramatique.
Au commencement du temps ordinaire, nous sommes invités par saint Luc à revivre en quelque sorte le commencement du ministère du Seigneur.
Ce qui précède notre Evangile, ce sont les tentations de Jésus au désert. Vainqueur du diable, voilà que Jésus retourne en Galilée « avec la puissance de l’Esprit ». Le commencement de la mission du Seigneur dans cette province du nord semble prometteur : « Tout le monde faisait son éloge. » Cet inconnu sort de sa vie cachée à Nazareth et devient rapidement célèbre.
« Il vint à Nazareth, où il avait grandi. » Jésus choisit la ville de son enfance et de son adolescence pour inaugurer sa mission de manière solennelle : dans la synagogue, le jour du sabbat. Et voilà qu’il préside la liturgie de la Parole… La lecture est celle du commencement du chapitre 61 du prophète Isaïe : un texte fortement messianique. Une fois cette lecture faite, « tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. » Les bons juifs pratiquants de Nazareth connaissent bien ce jeune homme et ils sont dans l’attente de son commentaire. Il semble planer dans toute la synagogue comme une atmosphère de suspense. Ce sabbat n’est pas un sabbat comme les autres. Quel sera donc le sermon du jeune Jésus ?
Luc le résume en une phrase : « Cette parole de l’Ecriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » C’est comme s’il disait aux braves gens de Nazareth : le Messie est parmi vous, au milieu de vous ! Notons bien que Jésus parle de manière indirecte. Il ne dit pas : je suis le Messie. Il le laisse supposer. Et c’est là que s’arrête notre texte liturgique. Il convient cependant avec notre Bible d’aller jusqu’au bout de cet événement fondateur.
Et dans un premier temps de relever la réaction de l’auditoire : « Tous l’approuvaient et admiraient cette révélation de la grâce divine qui tombait de ses lèvres. Ils disaient : ‘Et penser que c’est le fils de Joseph !’ » Le premier sermon de Jésus est donc reçu de manière positive, mais avec un bémol, un doute, une interrogation : Comment se fait-il que le fils de Joseph prêche si bien et de manière si nouvelle ?
Jésus devine ce débat intérieur dans le cœur de ses compatriotes. Et il se fait à lui-même une objection : « Sûrement vous allez me citer ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même ! On nous a parlé de bien des merveilles survenues à Carphanaüm : fais-les donc ici dans ta patrie ! » Le texte d’Isaïe annonçait en effet bien des merveilles : la Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres, la libération des prisonniers, la guérison des aveugles, le soulagement des opprimés… Bref les gens de Nazareth aimeraient que ce beau sermon soit suivi par les actes. Ils voudraient voir des miracles accomplis par Jésus, pas chez les voisins, mais chez eux à Nazareth.
Jésus vient de se faire à lui-même l’objection en lisant dans les pensées de ses compatriotes. Il va donner une réponse en deux parties. Tout d’abord « aucun prophète n’est bien reçu dans sa patrie. » Le reproche est à peine voilé… Ensuite il va se référer à l’Ecriture pour montrer que Dieu agit en faveur des étrangers : la veuve de Sarepta et Naaman le syrien. Oui, Dieu a fait pour eux des merveilles dans le passé. Bref Jésus tient un discours vrai et universaliste, à l’opposé de l’esprit sectaire, de l’esprit de clocher. S’il est le Messie, il ne l’est pas d’abord pour se laisser posséder par ses compatriotes. Il est le Messie pour tous, et surtout pour ceux qui ont le cœur assez ouvert pour le recevoir avec foi.
Comment ne pas citer intégralement le dénouement de cet Evangile ? « En entendant cela, tous dans la synagogue sentaient monter leur colère. Ils se lèvent, le poussent hors de la ville et le conduisent jusqu’à un ravin de la colline sur laquelle leur ville est construite, pour le jeter en bas. Mais lui passe au milieu d’eux et il va son chemin. » Autant dire que le premier sermon du Seigneur est un véritable échec puisqu’il se solde par une tentative de meurtre ! Luc montre ainsi que la Passion du Seigneur n’est pas arrivée du jour au lendemain. Ce texte dramatique annonce bien cette Passion qui surviendra trois ans plus tard. Jésus est poussé hors de la ville de Nazareth, il sera amené sur le Golgotha hors de Jérusalem pour y souffrir le supplice de la Croix, car alors son Heure sera arrivée. Cette Heure du sacrifice sera précédée par la gloire éphémère des Rameaux. Comme ici l’échec est précédé par la renommée… Devant le Sanhédrin la question portera sur le thème du premier sermon, et ainsi la boucle est bouclée : « Es-tu le Messie ? Réponds-nous ! » Au doute des habitants de Nazareth répondra le manque de foi des autorités religieuses : « Si je vous le dis, vous ne croirez pas. » Il y a cependant une différence notable entre ces deux scènes. Trois ans plus tard, devant le Sanhédrin, Jésus ne se révèle pas seulement comme le Messie, celui qui accomplit le prophète Isaïe, il se révèle comme le Fils de Dieu. « Tu es donc le Fils de Dieu ? Il répondit : Vous venez de le dire : je le suis. » Et au pied de la Croix, c’est un étranger, un capitaine romain, qui confessera la vérité : « En vérité, cet homme était un juste . » La veuve de Sarepta, Naaman le syrien autrefois, et maintenant un capitaine romain : tous des étrangers !
Que cet Evangile nous fasse grandir en humilité ! Prions pour que nous fassions fructifier le trésor de la foi en accueillant toujours mieux la Parole de Dieu !

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