samedi 1 novembre 2025

TOUSSAINT 2025

 Il y a 61 ans les pères du Concile Vatican II donnaient à l’Eglise la constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen Gentium. Le chapitre V de ce document traite de l’appel universel à la sainteté dans l’Eglise. Au n°40 nous pouvons lire :

Maître divin et modèle de toute perfection, le Seigneur Jésus a prêché à tous et chacun de ses disciples, quelle que soit leur condition, cette sainteté de vie dont il est à la fois l’initiateur et le consommateur : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). Et en effet à tous il a envoyé son Esprit pour les mouvoir de l’intérieur à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur intelligence et de toutes leurs forces (cf. Mc 12, 30), et aussi à s’aimer mutuellement comme le Christ les a aimés (cf. Jn 13, 34 ; 15, 12). [Appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres mais au titre de son dessein gracieux, justifiés en Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus par le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par la même, réellement saints. Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie. ] 

En 2018 le pape François a voulu actualiser l’appel du Concile à la sainteté dans son exhortation apostolique Gaudete et exsultate. Dans le troisième chapitre il commente d’une part les Béatitudes et de l’autre l’Evangile du jugement dernier en Matthieu 25. Ces paroles de Jésus sont pour nous des indications claires sur le chemin nous permettant de demeurer fidèles à la sainteté reçue au baptême et dans la grâce des sacrements. Le pape nous invite à ne pas séparer la prière et l’action, la foi et les œuvres. La vraie sainteté chrétienne unifie ces différents aspects de notre vie et il n’y a pas lieu de les opposer. Chaque saint au cours de l’histoire de l’Eglise a incarné plus particulièrement un aspect de l’infinie sainteté de Dieu en communion avec la sainte Eglise. Certains d’entre eux l’ont fait dans une vie davantage apostolique, d’autres dans une vie surtout contemplative. Dans tous les cas la profonde réflexion de saint François de Sales demeure valable pour nous faire comprendre en quoi consiste la sainteté chrétienne : Il n'y a pas plus de différence entre l'Évangile écrit et la vie des saints qu'entre une musique notée et une musique chantée. A deux reprises, et cela dans deux documents différents, le pape François nous met en garde à propos d’une vie en Eglise qui manquerait de racines spirituelles. L’Eglise, étant donné qu’elle n’est pas uniquement divine de par son origine et sa vie mais aussi humaine, a besoin de s’organiser afin de vivre de la grâce et d’évangéliser dans l’attente de l’accomplissement du Royaume à la fin des temps. Cette organisation doit rester un moyen. Le risque et la tentation étant d’oublier notre enracinement spirituel en Dieu et l’annonce de la Parole de Dieu à tous au profit de structures. Ecoutons le pape au n°88 de son encyclique consacrée au Sacré-Cœur, Dilexit nos :

Je voudrais ajouter que le Cœur du Christ nous libère en même temps d’un autre dualisme : celui des communautés et des pasteurs qui se concentrent uniquement sur les activités extérieures, les réformes structurelles dépourvues d’Évangile, les organisations obsessionnelles, les projets mondains, les réflexions sécularisées, les propositions qui se présentent comme des prescriptions que l’on veut parfois imposer à tous. Il en résulte souvent un christianisme qui oublie la tendresse de la foi, la joie du dévouement au service, la ferveur de la mission de personne à personne, la fascination pour la beauté du Christ, la gratitude passionnée pour l’amitié qu’Il offre et pour le sens ultime qu’Il donne à la vie.

Et dans Gaudete et exsultate nous pouvons lire au n°138 :

L’Église n’a pas tant besoin de bureaucrates et de fonctionnaires, que de missionnaires passionnés, dévorés par l’enthousiasme de transmettre la vraie vie. Les saints surprennent, dérangent, parce que leurs vies nous invitent à sortir de la médiocrité tranquille et anesthésiante.

Les réunions paroissiales et diocésaines peuvent être utiles à condition de toujours rappeler la primauté de Dieu et du Christ, à condition de ne pas phagocyter par leur trop grande fréquence le cœur de la vie chrétienne : prière et service du prochain. Ces moyens ne doivent jamais devenir des fins et transformer notre Eglise en une bureaucratie dépourvue d’Evangile. La recherche et le désir de vivre de la sainteté du Christ nous rappellent en permanence la ferveur de la mission de personne à personne, l’importance du témoignage personnel de vie en actes et en paroles. Chaque fidèle, donc chacun de nous, est appelé à contribuer par son enracinement en Dieu à la beauté et au rayonnement de la sainteté de l’Eglise dans le monde de notre temps. Notre Eglise si elle en venait à oublier sa nature essentiellement mystique et spirituelle ne serait plus apte à témoigner du Christ. Elle deviendrait une organisation humaine comme une autre avec ses règlements, son organisation structurelle et ses réformes, en se centrant finalement sur elle-même, déconnectée de Dieu et de la vie du monde. Cette Eglise deviendrait ennuyeuse et ennuyante, ayant perdu la joie de l’Evangile. Or dans l’Eglise issue de la Trinité, c’est toujours la relation personnelle qui doit avoir la primauté sur l’organisation structurelle. Pas de sainteté authentique sans une vraie relation à Dieu dans la prière et les sacrements et sans une relation de charité avec notre prochain, dans et en-dehors de la communauté, jusqu’aux périphéries dont le pape François nous rappelait souvent l’importance pour nous catholiques, appelés à être ouverts à l’universalité du salut de Dieu.