dimanche 4 septembre 2022

23ème dimanche du temps ordinaire / C

 

4/09/2022

Luc 14, 25-33

La rentrée scolaire a eu lieu, moment important pour les familles, les enfants et les jeunes, qui, après la longue coupure estivale, commencent une année nouvelle. L’Evangile de ce dimanche nous fait entendre des paroles de Jésus difficiles à recevoir, des paroles qui font partie de ce que Monique Piettre nomme les paroles « dures » de l’Evangile dans son petit livre de 1988. Tout d’abord remarquons que l’Evangile de ce dimanche ne s’adresse pas seulement aux disciples ou aux apôtres mais bien aux grandes foules qui faisaient route avec Jésus. Ces paroles difficiles ne s’adressent donc pas à une élite de surhommes mais bien à des personnes ordinaires comme vous et moi… ce qui ne fait qu’augmenter leur difficulté ! Car une première lecture de cet Evangile pourrait bien nous décourager de suivre Jésus. Tout cela n’est pas pour nous ! A trois reprises le Seigneur utilise la même construction de phrase : Si ou Celui qui ne fait pas telle ou telle chose, il ne peut pas être mon disciple. Bref il nous parle de ce qui nous empêche de le suivre.

Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.

Le premier empêchement peut venir de la manière dont nous concevons nos relations familiales. Jésus ne nous demande pas de ne pas aimer les membres de notre famille puisque l’amour du prochain fait partie de sa prédication et qu’il reprend à son compte le commandement de Moïse demandant d’honorer son père et sa mère. Il nous demande une hiérarchie dans l’amour, autrement dit une mise en ordre. En premier l’amour pour le Christ, ensuite l’amour pour notre famille, d’où le verbe préférer. Le disciple, le chrétien, est celui qui est capable d’avoir un amour de préférence pour le Christ. Saint Benoît, le père des moines d’occident, a bien traduit cela au chapitre 72 de sa Règle : Les moines ne préféreront absolument rien au Christ.

Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.

Le deuxième empêchement peut venir de notre manière de nous situer par rapport à la souffrance, au mal, au renoncement et à l’esprit de sacrifice. Un homme normalement constitué et sain d’esprit fuit la souffrance. La souffrance peut être destructrice. Elle est la conséquence d’un mal qui est à l’œuvre au sein de la création après le péché des origines. Porter sa croix avec Jésus signifie vaincre le mal par le bien (Romains 12, 21). C’est aussi accepter la part inévitable de souffrance et de renoncement en union avec le Christ. Notre condition humaine implique forcément cette souffrance qu’il s’agit de contrebalancer par l’amour qui nous unit au Christ. Facile à dire, très difficile à vivre lorsque la maladie survient ou un divorce, lorsque l’on perd son emploi ou que le deuil nous frappe. Cela dépasse de loin les forces humaines et cela demande de notre part une vie de prière authentique, un appel à la force du Christ dans les sacrements.

Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple.

Le troisième et dernier empêchement est celui de notre attachement aux biens matériels, ce qui explique le vœu de pauvreté des religieux et religieuses. Les chrétiens qui vivent dans le monde et non pas dans un monastère ont besoin pour eux-mêmes et pour leur famille de biens matériels afin d’assurer la sécurité de leur vie. Jésus nous indique qu’il y a une limite à ce besoin naturel de sécurité. Comment ne pas penser à l’Evangile entendu le 7 août ? Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. Pour être libre de suivre le Christ, il nous faut donc renoncer à certains biens, renoncer surtout à l’accumulation infini des biens, renoncer à la cupidité. Une manière concrète de vivre ce renoncement consiste à pratiquer le partage et le don de mes biens avec ceux qui sont dans le besoin et qui n’ont pas, comme moi, la sécurité pour leur vie.

Ces paroles dures de Jésus nous pouvons les accueillir si nous les comprenons comme un moyen de grandir dans la liberté. Nous pouvons les accueillir sans oublier d’autres paroles qui, elles, nous encouragent :

Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger.

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