Chaque
année l’Assomption nous rappelle que Marie, mère de Jésus, a été parfaitement
sauvée en son âme et en son corps, étroitement associée au mystère de la
résurrection de son Fils et à sa victoire sur la mort. Marie, comblée de grâce,
a en effet été au terme de sa vie terrestre assumée tout entière dans et par
l’amour de Dieu Trinité. Cette solennité est pour nous l’occasion dans un
premier temps de réfléchir sur l’un des énoncés de notre foi : Je crois à la résurrection de la chair. Saint
Augustin affirme : Sur aucun point
la foi chrétienne ne rencontre plus de contradiction que sur la résurrection de
la chair. C’est l’expérience que fit Paul quand il parla aux athéniens de
la résurrection du Christ (Actes 17, 32). Dès que nous utilisons notre
imagination pour essayer de nous représenter de manière concrète ce que peut
signifier la résurrection de nos corps, nous sommes confrontés à des problèmes
insolubles… Par exemple : ressusciterons-nous avec l’âge de notre mort,
jeunes pour certains, vieux pour d’autres ? Ressusciterons-nous avec les
handicaps qui peuvent être ceux de notre corps ou de notre esprit ?
Aveugles, paralysés, amputés etc. Les bébés morts en bas âge seront-ils
éternellement des bébés dans le Royaume de Dieu ? A quoi serviront les
fonctions digestives d’un corps qui ne se nourrira plus de nourriture
terrestre ? Idem pour les organes reproducteurs. Toutes ces questions et
objections ont été faites dès l’antiquité. Le Catéchisme de l’Eglise catholique ne donne pas d’autre réponse que
ce qui suit : Ce
« comment » de la résurrection dépasse notre imagination et notre
entendement : il n’est accessible que dans la foi (1000). Le même Catéchisme est parfaitement conscient de
la difficulté que nous avons à croire en la résurrection de la chair : Il est très communément accepté qu’après la
mort la vie de la personne humaine continue d’une façon spirituelle. Mais
comment croire que ce corps si manifestement mortel puisse ressusciter à la vie
éternelle ? (996). L’unique lumière que nous donnent les Ecritures,
dans les récits de Pâques et la méditation de Paul en 1 Corinthiens 15, est
celle du corps glorieux ou encore du corps spirituel. Le corps ressuscité est
en même temps en continuité avec celui de la vie terrestre et autre, différent,
transfiguré. Ce qui explique la difficulté qu’ont les apôtres et les saintes
femmes à reconnaître le Christ ressuscité.
Mgr.
Raymond Bouchex avait beaucoup médité le mystère de l’Assomption. Dans son
livre Marie au fil de l’année liturgique
il met en lumière les conséquences pratiques de ce mystère dans notre vie
chrétienne. Je retiendrai deux points qui me semblent particulièrement
intéressants pour nous.
Le
premier. Je cite Mgr. Bouchex : Deux
choses nous menacent : ou bien borner notre avenir à la vie présente et à
tout ce qu’elle procure ; ou bien désespérer de cet avenir et vivre dans
le non-sens. Contempler l’image de Marie élevée dans la gloire du Christ, c’est
réentendre le message évangélique de l’espérance : la vie présente est
ouverte sur une vie autre ; l’avenir que nous promet le Christ nous invite
à vivre les yeux tendus vers autre chose, attentifs aux choses d’en-haut,
c’est-à-dire à la vie pour laquelle Dieu nous a faits, qui commence dès maintenant
quand nous vivons avec le Christ les choses les plus quotidiennes, et qui
trouvera son couronnement dans le Royaume.
Le second
point d’attention que je trouve chez Mgr. Bouchex est le suivant : Fêter l’Assomption, c’est fêter Marie
devenue le symbole du corps, non plus idolâtré et méprisé, mais respecté,
admiré et aimé, parce qu’entré dans la gloire du Fils de Dieu devenu homme en
elle pour sauver les âmes et les corps humains. Fêter l’Assomption, c’est
apprendre à refuser d’idolâtrer le corps humain. Et c’est proclamer qu’on n’a
pas le droit de le torturer, de le tuer, de l’asservir, de le vendre, de le
transformer en objet de production et de plaisir, d’en faire un outil de
travail souvent moins considéré que la machine… En fêtant Marie vivante avec la
totalité de sa personne auprès de Dieu, nous prenons conscience que nous devons
défendre les corps comme les âmes, rendre chrétiens nos corps comme nos âmes,
mourir au péché et vivre pour Dieu dans nos corps comme dans nos âmes, préparer
à la rencontre du Seigneur Jésus-Christ nos corps comme nos âmes.
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