lundi 15 août 2022

ASSOMPTION DE MARIE 2022

 



Chaque année l’Assomption nous rappelle que Marie, mère de Jésus, a été parfaitement sauvée en son âme et en son corps, étroitement associée au mystère de la résurrection de son Fils et à sa victoire sur la mort. Marie, comblée de grâce, a en effet été au terme de sa vie terrestre assumée tout entière dans et par l’amour de Dieu Trinité. Cette solennité est pour nous l’occasion dans un premier temps de réfléchir sur l’un des énoncés de notre foi : Je crois à la résurrection de la chair. Saint Augustin affirme : Sur aucun point la foi chrétienne ne rencontre plus de contradiction que sur la résurrection de la chair. C’est l’expérience que fit Paul quand il parla aux athéniens de la résurrection du Christ (Actes 17, 32). Dès que nous utilisons notre imagination pour essayer de nous représenter de manière concrète ce que peut signifier la résurrection de nos corps, nous sommes confrontés à des problèmes insolubles… Par exemple : ressusciterons-nous avec l’âge de notre mort, jeunes pour certains, vieux pour d’autres ? Ressusciterons-nous avec les handicaps qui peuvent être ceux de notre corps ou de notre esprit ? Aveugles, paralysés, amputés etc. Les bébés morts en bas âge seront-ils éternellement des bébés dans le Royaume de Dieu ? A quoi serviront les fonctions digestives d’un corps qui ne se nourrira plus de nourriture terrestre ? Idem pour les organes reproducteurs. Toutes ces questions et objections ont été faites dès l’antiquité. Le Catéchisme de l’Eglise catholique ne donne pas d’autre réponse que ce qui suit : Ce « comment » de la résurrection dépasse notre imagination et notre entendement : il n’est accessible que dans la foi (1000). Le même Catéchisme est parfaitement conscient de la difficulté que nous avons à croire en la résurrection de la chair : Il est très communément accepté qu’après la mort la vie de la personne humaine continue d’une façon spirituelle. Mais comment croire que ce corps si manifestement mortel puisse ressusciter à la vie éternelle ? (996). L’unique lumière que nous donnent les Ecritures, dans les récits de Pâques et la méditation de Paul en 1 Corinthiens 15, est celle du corps glorieux ou encore du corps spirituel. Le corps ressuscité est en même temps en continuité avec celui de la vie terrestre et autre, différent, transfiguré. Ce qui explique la difficulté qu’ont les apôtres et les saintes femmes à reconnaître le Christ ressuscité.

Mgr. Raymond Bouchex avait beaucoup médité le mystère de l’Assomption. Dans son livre Marie au fil de l’année liturgique il met en lumière les conséquences pratiques de ce mystère dans notre vie chrétienne. Je retiendrai deux points qui me semblent particulièrement intéressants pour nous.

Le premier. Je cite Mgr. Bouchex : Deux choses nous menacent : ou bien borner notre avenir à la vie présente et à tout ce qu’elle procure ; ou bien désespérer de cet avenir et vivre dans le non-sens. Contempler l’image de Marie élevée dans la gloire du Christ, c’est réentendre le message évangélique de l’espérance : la vie présente est ouverte sur une vie autre ; l’avenir que nous promet le Christ nous invite à vivre les yeux tendus vers autre chose, attentifs aux choses d’en-haut, c’est-à-dire à la vie pour laquelle Dieu nous a faits, qui commence dès maintenant quand nous vivons avec le Christ les choses les plus quotidiennes, et qui trouvera son couronnement dans le Royaume.

Le second point d’attention que je trouve chez Mgr. Bouchex est le suivant : Fêter l’Assomption, c’est fêter Marie devenue le symbole du corps, non plus idolâtré et méprisé, mais respecté, admiré et aimé, parce qu’entré dans la gloire du Fils de Dieu devenu homme en elle pour sauver les âmes et les corps humains. Fêter l’Assomption, c’est apprendre à refuser d’idolâtrer le corps humain. Et c’est proclamer qu’on n’a pas le droit de le torturer, de le tuer, de l’asservir, de le vendre, de le transformer en objet de production et de plaisir, d’en faire un outil de travail souvent moins considéré que la machine… En fêtant Marie vivante avec la totalité de sa personne auprès de Dieu, nous prenons conscience que nous devons défendre les corps comme les âmes, rendre chrétiens nos corps comme nos âmes, mourir au péché et vivre pour Dieu dans nos corps comme dans nos âmes, préparer à la rencontre du Seigneur Jésus-Christ nos corps comme nos âmes.


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