dimanche 1 décembre 2019

Premier dimanche de l'Avent / A



1er /12/19

Matthieu 24, 37-44

Notre année chrétienne débute avec l’Avent de la même manière qu’elle s’était achevée avec la solennité du Christ, roi de l’univers. C’est-à-dire en nous faisant contempler l’accomplissement de la création et du salut lors de la venue en gloire du Christ. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Ce contraste entre la nuit et le jour nous parle d’une manière bien différente si nous habitons au Danemark ou bien si nous habitons dans le sud de l’Europe ! Il s’agit d’une image pour nous parler du jour du Christ, jour de l’accomplissement parfait de l’œuvre de Dieu, jour qui nous surprendra comme le déluge avait surpris les contemporains de Noé. Inutile de chercher à savoir quand précisément le Christ reviendra pour mettre fin à notre monde blessé par le péché.
Les lectures de ce dimanche nous donnent deux grandes caractéristiques de la venue glorieuse du Seigneur à la fin des temps. Il reviendra tout d’abord en tant que juge des vivants et des morts. Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux, selon la prophétie d’Isaïe. Ce jugement universel impliquera une séparation comme l’indiquent les expressions de l’Evangile : l’un est pris, l’autre laissé ; l’une est prise, l’autre laissée. Ce sera le dernier Avent de l’histoire humaine. C’est ce que Michel-Ange a tenté de représenter sur la paroi de l’autel de la chapelle Sixtine. Si cet avènement n’a pas lieu de notre vivant, le jour de notre mort représentera comme une anticipation de cet Avent de la fin des temps, car nous serons jugés à ce moment-là qui signera de manière irréversible les choix que nous aurons faits tout au long de notre vie humaine. C’est ce que le catéchisme appelle le jugement particulier.

La seconde caractéristique du retour du Christ en gloire consistera dans l’instauration de la nouvelle création représentée par la magnifique vision de Jérusalem dans la première lecture. Une Jérusalem universelle, catholique, attirant vers elle toutes les nations et tous les peuples de la terre. Isaïe annonce ici la Jérusalem céleste du dernier livre de la Bible, l’Apocalypse. Dans Isaïe comme dans le psaume de cette liturgie, le bien suprême apporté par le règne universel de Dieu sera celui de la paix. Jérusalem, si souvent associée aux conflits tout au long de son histoire, deviendra enfin par le salut du Christ ce que son nom signifie : la ville de la paix. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. A cette magnifique vision de la paix messianique, il convient d’ajouter celle du chapitre 11, toujours dans le prophète Isaïe : Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. Cette vision paradisiaque du chapitre 11, écho du jardin d’Eden du commencement, nous fait entrevoir la dimension cosmique du salut apporté par le Christ glorieux à la fin de temps. Ce salut est universel, rassemblant tous les peuples et toutes les nations, mais il est aussi cosmique, rassemblant toutes les créatures humaines et animales dans la paix de Dieu. Si telle est la beauté de l’avenir auquel nous sommes promis, nous savons alors quel est notre devoir sur terre en attendant la venue de ce jour béni. La paix de Dieu nous est déjà donnée dans l’Esprit Saint. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Il nous incombe donc de préparer en quelque sorte la matière du Royaume des cieux par notre engagement en faveur de la paix, en sachant que cette paix ne peut s’établir que dans la vérité, la justice et l’amour.

Le concile Vatican II (Gaudium et Spes 39) a exprimé bien mieux que je ne pourrais le faire en quoi consiste notre nécessaire collaboration à l’avènement du Royaume de Dieu :

Certes, nous savons bien qu’il ne sert à rien à l’homme de gagner l’univers s’il vient à se perdre lui-même, mais l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine.



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