samedi 13 avril 2013

Troisième dimanche de Pâques

Lors de la messe des familles  je n'écris pas mon homélie (elle est dialoguée avec les enfants). Je vous propose donc une homélie de 2004.


Troisième dimanche de Pâques / C

Jean 21, 1-19

2004

Le début de l’évangile de ce dimanche a de quoi nous surprendre : saint Jean nous fait contempler une scène de la vie ordinaire des apôtres après Pâques. Ces hommes ont quitté Jérusalem et sont revenus auprès du lac de Tibériade. Ils ont repris leur métier de pêcheurs… comme si de rien n’était, serait-on tenté de dire… Or nous savons qu’ils ont déjà vu à deux reprises le Christ vivant alors qu’ils s’étaient enfermés chez eux par peur des juifs. Jésus ressuscité leur a donné l’Esprit Saint, le don de sa paix, et leur a confié la mission de remettre les péchés en son Nom ! Et Simon-Pierre, le chef des apôtres, de dire : « Je m’en vais à la pêche » ! Bref il y a comme un décalage entre la mission qu’ils ont reçue et l’activité tout à fait ordinaire à laquelle ils s’adonnent, d’ailleurs sans succès ce matin-là. Sont-ils dans l’attente ? Ou bien leur foi n’est-elle pas encore assez solide ? Les évangiles soulignent à bien des reprises les lenteurs de ces hommes choisis par Jésus pour être les piliers de son Eglise. Ils sont à l’opposé des illuminés et des crédules. Leur tempérament, à l’exception peut-être de Jean, est plutôt terre à terre. C’est donc dans cette situation que le Ressuscité choisit de se manifester pour la troisième fois. C’est devenu une banalité d’affirmer que Dieu vient nous rejoindre dans l’ordinaire de notre existence. Mais c’est profondément vrai, cette page de l’Evangile nous le confirme. Et cette manière d’agir de Dieu à notre égard n’a rien de banal. C’est nous qui avons tendance à tout rendre banal parce que le regard de notre foi s’émousse et s’affaiblit.

Avant de nous intéresser aux réactions des apôtres face à cette nouvelle manifestation du Ressuscité quelques mots pour souligner, une fois encore, l’amour rempli de délicatesse de Jésus. Il vient à leur rencontre à l’aube sur leur lieu de travail. Les pensées de ces hommes à ce moment-là devaient être bien matérielles : ils espéraient faire une bonne pêche. Puis il y a ce terme extraordinaire, « les enfants », par lequel Jésus interpelle ses apôtres ! On y sent toute la densité d’une affection humaine, d’un cœur aimant. On y pressent aussi leur condition de fils adoptifs de Dieu. Notons bien que Jésus prend son temps avec eux, il passe volontairement par les détours de leurs préoccupations bien humaines : « Auriez-vous un peu de poisson ? » Ce n’est qu’à la fin de cette merveilleuse rencontre que le Maître et Seigneur abordera la question essentielle de leur vocation et de leur mission. Et voilà qu’il va leur donner un signe, celui d’une pêche surabondante… comme il l’avait déjà fait par le passé.

Dans cette atmosphère faite d’amour et de délicatesse les disciples vont vivre un passage, celui de la reconnaissance. « Ils ne savaient pas que c’était lui ». C’est le point de départ. Puis il y a le cri de saint Jean : « C’est le Seigneur ! », le premier à comprendre, le premier à reconnaître la présence de Jésus. « Aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? Ils savaient que c’était le Seigneur ». C’est l’aboutissement du chemin. Lorsqu’on est dans une relation d’amour aussi forte on n’a même plus besoin de poser des questions. On sait par le cœur qui est celui qui nous aime et qui est là. On sait par le cœur qu’on est aimé et attendu.

On pourrait dire que c’est tout l’itinéraire de notre vie spirituelle qui est résumé dans cet Evangile. Notre vie spirituelle est intimement imbriquée dans notre vie humaine. La vie spirituelle ne saurait se réduire aux temps de prière et à la messe dominicale. Ce sont des temps forts et importants. N’oublions cependant pas que l’Esprit du Ressuscité est aussi présent, si nous le voulons bien, dans les moments « ordinaires » de nos existences. De notre naissance à notre mort nous faisons, dans l’ordre ou le désordre, le parcours des apôtres. Au début nous sommes incapables de croire, de reconnaître le Ressuscité. Ensuite nous pouvons le reconnaître avec Jean : « C’est le Seigneur ! » Enfin lorsque nous atteignons la maturité de notre vie spirituelle notre cœur est comblé, notre foi est devenue inébranlable.

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