dimanche 6 novembre 2011

TOUSSAINT

Le fondement et le but de toute vie chrétienne c’est la sainteté. La fête de ce jour nous le rappelle. Oui, la sainteté est au fondement de notre vie chrétienne tout simplement parce que nous avons reçu la vie divine au jour de notre baptême. Et chaque sacrement a pour but de nous sanctifier. C’est pour cette raison que saint Paul osait appeler les chrétiens des communautés dont il avait la charge « les saints ». Et pourtant, à la vue de tous les reproches qu’il leur adresse, ils n’étaient pas encore parvenus au but. Nous vivons donc déjà de la sainteté de Dieu mais nous avons à progresser chaque jour dans cette sanctification de notre personne et de notre vie. Sanctification qui est d’abord l’œuvre de Dieu, de sa grâce et de ses sacrements en nous. L’un des grands enseignements du Concile Vatican II consiste à dire à tous les chrétiens que la sainteté est le but de leur vie. Avant le Concile on avait eu tendance à penser que la sainteté était une espèce de luxe réservé au clergé, aux moines et aux religieuses. Le Concile nous replonge dans la tradition la plus ancienne de l’Eglise, celle qui nous vient de saint Paul lui-même, et bien sûr de Jésus. L’Evangile des Béatitudes ne s’adresse pas seulement aux apôtres mais bien aux grandes foules qui faisaient route avec Jésus. Les textes de la liturgie de la Parole nous montrent ce qu’est la sainteté chrétienne avec ses différentes facettes. C’est une réalité tellement riche qu’il est impossible d’en donner une définition unique. Et d’ailleurs la vie des saints et des saintes, connus et inconnus, illustre parfaitement cette vérité. Nous pouvons être attiré par tel saint alors qu’un autre nous laissera indifférent ou même nous repoussera. C’est que chaque saint, chaque sainte, illustre d’une manière unique la richesse de la grâce divine dans une créature humaine. L’un sera davantage le témoin de la pauvreté, un autre celui de la joie, un autre encore celui de la prière contemplative, un autre enfin celui de la charité qui se dévoue pour le prochain etc. Le premier réflexe, bien humain, serait de se dire que la sainteté c’est pour les autres, mais pas pour moi qui me sens si loin du but, si faible et pécheur. C’est une tentation diabolique. Dans l’Evangile selon saint Luc une personne pose à Jésus la question suivante : « Seigneur, est-ce vrai que peu de gens seront sauvés ? » Le Seigneur ne répond pas directement à cette question angoissée. Mais notre première lecture nous donne une réponse pleine d’optimisme. Elle nous parle dans un premier temps des 144 000 élus. Ce qui est évidemment un chiffre symbolique pour signifier qu’Israël sera finalement sauvé (le nombre des 12 tribus multiplié par 12 000). Ce que les témoins de Jéhovah ne veulent pas comprendre. D’autant plus que la suite du texte sort de ce symbolisme du chiffre pour affirmer : « J’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues ». La sainteté n’est donc pas réservée à un petit cercle d’élus puisque à la fin des temps le salut donné par le Christ sera une réussite éclatante : un salut universel dans l’espace et le temps, un salut en plénitude de par le nombre des sauvés : un nombre incomptable… Dans la deuxième lecture nous est donnée une autre définition de la sainteté : être saint, c’est être enfant de Dieu et tendre à ressembler au Christ. Comment pouvons-nous lui être semblables ? Ce sont les Béatitudes qui nous donnent la réponse. La sainteté n’est donc pas une utopie, quelque chose d’impossible ou d’inatteignable… Si l’on croit vraiment du fond de son cœur que le salut est donné par notre Dieu et par l’Agneau. La vie chrétienne n’est pas la plus facile, il y a en elle toujours une forme d’épreuve, même si ce n’est pas celle du martyre. Mais cette épreuve, cette croix, nous ne la portons jamais seuls, c’est le Christ qui la porte avec nous et pour nous. Le psaume de cette messe nous indique quel est le moteur de notre sanctification, ce qui fait que nous ne nous contentons pas d’être des chrétiens tièdes, mais que nous croyons vraiment à la transformation progressive de tout notre être par l’action de l’Esprit Saint. Comment le psaume décrit-il le peuple des saints ? « Voici le peuple de ceux qui cherchent Dieu, qui recherche la face de Dieu ! » Le salut nous est donné par le sacrifice d’amour du Christ. Notre participation à ce salut consiste à nous mettre en marche vers le but de notre vie : Dieu, le seul saint. C’est à partir du moment où nous pensons que nous avons trouvé Dieu que nous risquons de le perdre par notre manque de ferveur. D’où la nécessité de vivre notre vie chrétienne comme une recherche sans cesse recommencée, toujours nouvelle, de la Face du Seigneur. Cela revient à dire qu’il ne peut y avoir de sainteté sans une vie de prière profonde et régulière, sans le désir de Dieu en nous.

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