dimanche 26 décembre 2010

NATIVITE DU SEIGNEUR

Nativité du Seigneur 2010
Messe du jour
Jean 1, 1-18 (p. 216)

Pour cette messe du jour de Noël, l’Eglise offre à notre méditation le prologue de l’Evangile selon saint Jean. Cette page évangélique est sans aucun doute l’une des plus belles de toute la Bible. Comment ne pas être touché tout d’abord par la beauté de la forme littéraire ? Le prologue de Jean mérite en effet d’être compté parmi les chefs d’oeuvres de la littérature mondiale. Cette beauté de l’écriture et de la composition, Jean veut la mettre au service de la révélation divine. Le prologue de son Evangile est beau parce qu’il nous révèle avec une profondeur de vue unique en son genre le mystère de l’incarnation : « Le Verbe s’est fait chair, Il a habité parmi nous ». Si Luc dans la nuit de Noël essaie de nous rapporter le plus fidèlement possible l’événement de la crêche, Jean, lui, choisit de prendre ses distances avec la narration de la naissance pour nous plonger au coeur même du mystère que celle-ci inaugure. Nous percevons tous la densité théologique ce de prologue qui nous présente la naissance du Sauveur dans un contexte plus large, celui du projet de salut de Dieu pour notre humanité.

Inspiré par l’Esprit Saint, Jean a l’audace de commencer ainsi son Evangile : « Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu... ». Comment ne pas penser à la toute première page de la Bible, au début du livre de la Genèse ? « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ». Nous pourrions lire et méditer en parallèle le premier chapitre de la Genèse et le prologue de l’Evangile selon saint Jean. Ces deux textes bibliques s’éclairent mutuellement. Dans son prologue Jean insiste fortement sur le rôle créateur du Verbe, de la Parole de Dieu. Dieu crée toutes choses par son Fils unique, par sa Parole. Lorsque dans le magnifique poème de la Genèse nous trouvons le refrain : « Dieu dit », nous comprenons alors qu’il s’agit d’une formule théologique cachée sous une expression à l’apparence banale... Oui, Dieu dit parce qu’il a une Parole, et c’est bien par l’expression de sa Parole qu’il fait surgir du néant l’être et l’existence. Et que crée-t-il au premier jour de la création ? La lumière, qu’il sépare des ténèbres. Une lumière qui a un sens spirituel puisque le soleil est créé seulement au 4ème jour... Et que lisons-nous dans notre prologue à propos du Verbe de Dieu ? « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ». Cette démonstration est peut-être difficile à suivre pour ceux qui n’ont pas une connaissance familière de ces textes mais elle nous indique une vérité précieuse dans le message transmis par l’évangéliste : A Noël, à l’instant où le Verbe se fait chair, c’est une nouvelle création qui commence, une recréation. La Genèse nous apprend que nous avons été créés à l’image de Dieu, selon sa ressemblance, par sa Parole. Cet Evangile nous révèle qu’à Noël Dieu crée pour lui des fils et des filles en nous donnant sa Parole, son Fils unique : « Il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu ». le grand mystère de l’incarnation annonce le mystère de notre renaissance par le baptême. Le Fils de Dieu se fait homme, pour que tout homme puisse devenir fils de Dieu. Voilà la signification principale du mystère que nous célébrons dans la joie et la gratitude. Dans la deuxième lecture nous avons comme un résumé de toute l’histoire du salut, histoire des alliances entre Dieu et les hommes. Il y a tout d’abord l’alliance fondamentale, celle de la Genèse, celle de la création. C’est ce qui est, que nous en soyons conscients ou pas : nous sommes tous des créatures de Dieu, nous portons dans notre vie, même blessée, la trace du Verbe créateur. Et avant de parvenir à la perfection de la Nouvelle Alliance, celle inaugurée par le mystère de Noël, il y a eu l’Ancienne Alliance, celle de Moïse, Alliance dans laquelle les créatures étaient appellées à servir Dieu pour trouver le salut. Avec l’incarnation, Dieu veut tisser avec nous des liens d’amitié, de tendresse, de confiance et d’amour. Il ne contente pas de ce qui est. Il ne veut plus voir en nous simplement des serviteurs, mais il veut nous appeler ses amis. Noël ne nous montre pas ce que nous sommes, si ce n’est notre condition de baptisés, mais ce que nous devons devenir : des amis de Dieu. Tout cela Jean le résume d’une manière synthétique dans son prologue : « Après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ ».

Dans la perspective de ce que nous venons de méditer sous la conduite de saint Jean, je laisse maintenant la parole au grand évêque de Lyon, saint Irénée :

« Oui, c’est le Verbe de Dieu qui a habité en l’homme, et qui s’est fait fils de l’homme, pour habituer l’homme à recevoir Dieu, et habituer Dieu à habiter en l’homme comme cela paraissait bon au Père ».

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