lundi 6 septembre 2010

23ème dimanche du temps ordinaire

23ème dimanche du TO/C
5/09/2010
Luc 14, 25-33 (p.513)
En cette période de rentrée scolaire et de reprise des activités habituelles pour beaucoup, la liturgie nous propose un Evangile particulièrement apte à nous réveiller du train-train quotidien… Un Evangile radical adressé aux grandes foules qui faisaient route avec Jésus, traduisons : adressé à tous les chrétiens. La question centrale de cet enseignement dérangeant est la suivante : être disciple du Seigneur ou ne pas l’être ! A deux reprises le Seigneur nous parle ainsi : vous ne pouvez pas être mes disciples si vous ne faites pas telle chose, si vous n’adoptez pas telle attitude… Réécoutons l’une après l’autre ces sentences « choc » : Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
De même, celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple.
Il y a un lien entre ces deux exigences. La première nous demande de mettre l’amour du Christ au-dessus de l’amour pour notre famille et pour notre propre vie. La seconde nous demande de renoncer aux biens matériels. Les liens familiaux, notre vie, nos propriétés ou possessions ont en commun cette qualité d’être des « biens », donc des réalités positives dans notre existence humaine. Pour l’homme qui n’est pas spirituel ces biens sont les biens suprêmes. L’exigence de Jésus dans cet Evangile correspond au fait que seul Dieu est bon, que seul Dieu est le Bien suprême. Et si Jésus peut avoir de telles exigences à notre égard, c’est justement parce qu’il est la deuxième personne de la Sainte Trinité, il est Dieu lui-même.
Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple.
Ce qu’il nous demande est véritablement crucifiant, au-delà de nos perspectives humaines raisonnables, au-delà de nos forces et de notre bonne volonté. Pourquoi tant de radicalité dans son enseignement ? Pourquoi mettre la barre si haut pour ceux qui veulent devenir ses disciples ? N’est-ce pas décourageant ? Nous devons comprendre que le Seigneur désigne ainsi les obstacles qui se dressent sur notre chemin de sainteté. Les biens humains peuvent devenir des obstacles si nous les absolutisons, si nous oublions qu’ils sont éphémères, fragiles et relatifs, si nous prenons les moyens pour la fin. Cela n’est probablement pas par hasard que notre Evangile suit la parabole des invités au banquet dans le Royaume de Dieu : Un homme donnait un grand dîner, et il avait invité beaucoup de monde. A l'heure du dîner, il envoya son serviteur dire aux invités : 'Venez, maintenant le repas est prêt.' Mais tous se mirent à s'excuser de la même façon. Le premier lui dit : 'J'ai acheté un champ, et je suis obligé d'aller le voir ; je t'en prie, excuse-moi.' Un autre dit : 'J'ai acheté cinq paires de bœufs, et je pars les essayer ; je t'en prie, excuse-moi.' Un troisième dit : 'Je viens de me marier, et, pour cette raison, je ne peux pas venir.'
Le lien semble en effet évident avec notre Evangile car dans cette parabole l’attachement à des biens matériels (un champ, des bœufs) ou à des biens familiaux (le mariage) constitue un obstacle dans la réponse positive que les invités doivent donner à Dieu.
Comme tout enseignement biblique nous devons le recevoir avec sérieux et dans son contexte, car Dieu ne peut pas se contredire. Préférer l’amour de Jésus à l’amour de sa famille ne signifie certainement pas abandonner ou mépriser ses proches. A la suite du commandement de Dieu qui nous demande d’honorer nos parents, saint Paul n’hésite pas à dire : Si quelqu'un ne s'occupe pas des siens, surtout des plus proches, il a déjà renié sa foi, il est pire qu'un incroyant.
Cela n’enlève rien au fait que dans certaines circonstances crucifiantes des enfants devront déplaire ou même faire de la peine à leurs parents pour être fidèles à la volonté de Dieu sur eux. Si Jésus m’appelle à lui consacrer ma vie en tant que prêtre ou religieux, et si mes parents s’opposent à cet appel, je dois préférer l’appel du Christ à l’avis de mes parents. C’est cela préférer Jésus à ses parents. Comme préférer Jésus à sa propre vie, c’est être prêt à aller jusqu’au martyre pour lui rester fidèle avec la grâce de Dieu. Dans ces choix extrêmes, héroïques, nous portons véritablement notre croix à la suite de Jésus.
La petite histoire de la tour à bâtir reprend quant à elle une sentence de l’Ecclésiaste : « Mener à bien une entreprise vaut mieux que la commencer : c’est la persévérance qui compte, et non la prétention ». Porter notre croix à la suite de Jésus ce n’est donc pas seulement poser des choix héroïques, c’est aussi et surtout persévérer dans notre amour de Dieu et du prochain à travers l’accomplissement fidèle et généreux de notre devoir d’état. Voilà un beau programme de rentrée pour tous ! Programme irréalisable si nous ne mettons pas la prière personnelle au cœur de nos journées, idéal utopique si nous ne faisons pas l’expérience personnelle de la présence aimante de Dieu dans nos vies.

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