dimanche 6 juin 2010

SAINT SACREMENT

Le Saint Sacrement / C
6/06/2010
Luc 9, 11-17 (p. 1190)
Dimanche dernier nous avons fêté celui qui est au cœur de notre foi chrétienne : Dieu dans son mystère trinitaire, le Dieu unique, communion d’amour entre le Père, le Fils et le Saint Esprit. En ce dimanche nous fêtons le Saint Sacrement de l’eucharistie, c’est-à-dire le sacrement par excellence. Si le baptême est le fondement de toute notre vie chrétienne, l’eucharistie en constitue le sommet et le centre permanent. L’eucharistie, nous le savons, est liée d’une manière particulièrement forte à la célébration chrétienne du jour du Seigneur, le dimanche. Cette fête en l’honneur de l’eucharistie située après le dimanche de la Sainte Trinité nous redit le sens trinitaire de la célébration de la messe. Spontanément quand nous pensons à la messe nous pensons à Jésus qui a institué ce sacrement lors de la dernière Cène, nous pensons bien sûr au don de son Corps et de son Sang offerts en sacrifice pour que nous puissions communier à sa vie divine et nous en nourrir. Nous oublions peut-être la dimension trinitaire de l’eucharistie. Remarquons bien que la plupart des prières de la messe s’adressent non pas au Fils mais au Père. Cela est particulièrement vrai pour la grande prière eucharistique. Cette prière se termine par les mots suivants dits ou chantés par le prêtre : « Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. » Ce à quoi l’assemblée des fidèles répond : « Amen ». Le Saint Sacrement de la messe est donc bien une prière, une offrande adressée au Père par le Fils dans l’Esprit.
Pour cette solennité l’Eglise nous fait entendre en ce dimanche le récit de la multiplication des pains en saint Luc. Cet événement n’est pas directement en lien avec l’eucharistie. Mais l’évangéliste nous le rapporte en pensant à ce grand sacrement. La multiplication des pains a sa place entre deux autres événements. En faisant ce geste le Seigneur Jésus se situe dans la suite de Moïse qui demanda à Dieu de nourrir le peuple au désert. Jésus se situe surtout à la place même de Dieu puisque c’est Dieu qui donna la manne au peuple affamé. En faisant ce geste le Seigneur Jésus annonce aussi le don de l’eucharistie, le don du pain de vie. Ce sont les Douze qui prennent l’initiative non pas de nourrir la foule des auditeurs mais de les renvoyer dans des lieux habités pour qu’ils puissent manger. Les apôtres sont des hommes réalistes nous le voyons, avec les pieds bien sur terre. La réponse du Seigneur à ces hommes a de quoi les déstabiliser : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Il sait très bien, lui, le Maître et Seigneur, qu’ils n’ont pas assez de nourriture pour nourrir cette foule… Par cette parole quelque peu provocatrice il veut toutefois les faire avancer dans la compréhension de leur mission. Ils ne sont pas là pour renvoyer les gens mais bien pour les nourrir de la Parole de Dieu. C’est la première partie de notre messe. Les Douze restent des hommes réalistes : « Nous n’avons que cinq pains et deux poissons… ». Remarquons au passage qu’ils n’ont pas pris au pied de la lettre les consignes que Jésus leur a données en les envoyant en mission… «N'emportez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent ; n'ayez pas chacun une tunique de rechange. » Les apôtres confessent donc leurs limites humaines : « Nous n’avons que… » En cette année sacerdotale qui touche à sa fin cela nous redit que les ministres de l’eucharistie sont de pauvres hommes pécheurs. Et que dans l’eucharistie ils ne sont que des serviteurs secondaires. Que demande Jésus aux apôtres ? De faire le miracle ? Non, mais de préparer la foule à recevoir le don de Dieu : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante. » Les Douze obéissent. Là se trouve la grandeur du prêtre : non pas se mettre à la place du Christ mais lui obéir. C’est Jésus et lui seul qui peut réaliser ce miracle, comme c’est Jésus et lui seul qui peut faire qu’un peu de pain devienne son Corps offert pour nous. Et Jésus lui-même dépend d’un autre, de son Père : « levant les yeux au ciel… ». Finalement c’est du Père que viennent tous les dons : la manne autrefois, le pain multiplié, le pain de l’eucharistie. Oui, tout vient du Père par le Fils dans l’Esprit. Les apôtres ont préparé le miracle, et maintenant ils sont chargés d’en distribuer les fruits à la foule. Le prêtre catholique est un Jean-Baptiste, il doit préparer le peuple à la rencontre du Seigneur dans l’Eucharistie. Non seulement en observant fidèlement le rite de l’Eglise mais en s’impliquant avec toute sa foi et son amour dans la célébration de ce mystère. Pendant la consécration il s’efface. Il agit « in persona Christi ». Ce qui ne veut pas dire « à la place du Christ ». Ce qui signifie plutôt que le prêtre est alors un pur instrument de la grâce par lequel le Christ Ressuscité se donne à ses fidèles dans l’offrande de son Corps et de son Sang au Père. « Tous mangèrent à leur faim ». L’eucharistie comme nourriture de l’âme nous comble et nous rassasie. Le pain de vie est surabondant : il en reste 12 paniers ! La grâce que nous avons à demander est peut-être celle de la faim spirituelle et du désir de Dieu. L’Eucharistie est en effet la rencontre du don de Dieu et de notre faim spirituelle. Amen.

Aucun commentaire: