dimanche 9 mai 2010

6ème dimanche de Pâques

6ème dimanche de Pâques / C
9/05/10
Jean 14, 23-29 (p. 685)
Dimanche dernier nous avons entendu la parole du Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », le commandement de l’amour fraternel. En ce dimanche, le dernier avant l’Ascension, le Seigneur nous invite à l’aimer : « Si quelqu’un m’aime… ». Il nous adresse cette parole pendant qu’il demeure encore avec nous. Cette expression de l’Evangile de Jean s’applique bien sûr aux derniers jours de la vie terrestre de Jésus. Mais nous pouvons aussi l’appliquer avec l’Eglise à ce temps qui précède la fête de l’Ascension. Sans oublier que le Seigneur annonce aussi, avant d’entrer dans sa Passion, le don du Saint Esprit comme le Défenseur de l’Eglise et des fidèles.
« Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ». Jésus nous donne ici un critère de jugement tout simple pour savoir si nous demeurons vraiment dans son amour. C’est notre fidélité à la parole du Seigneur qui prouve en effet que nous l’aimons. Cette fidélité, nous avons à la vivre suivant deux orientations inséparables. Cette parole du Seigneur, ce sont d’abord les quatre Evangiles au cœur et sommet de la Bible comme de la liturgie chrétienne. Etre fidèle à la parole du Seigneur, c’est donc d’abord connaître et lire avec amour les Evangiles. La méditation amoureuse de ces textes, nommée Lectio Divina dans la Tradition de l’Eglise, nous unit de plus en plus au Christ. Le minimum pour nous consiste à préparer notre messe du dimanche en nous appropriant personnellement la liturgie de la Parole dans la méditation et la prière. Mais cette connaissance amoureuse et priante de la Parole ne suffit pas. Car cette Parole doit devenir chair dans notre vie et dans notre personne. De la même manière que le Verbe de Dieu s’est fait chair dans le sein de la Vierge Marie, la Parole de Dieu désire s’incarner en chacun de nous. Comment ? Dans la mesure où nous voulons la mettre en pratique, l’appliquer au quotidien de nos existences humaines. Si la Parole de Dieu porte des fruits dans notre vie, alors nous savons que nous aimons Jésus et que nous lui sommes fidèles.
Et si nous vivons cette fidélité de l’amour, qui comprend aussi ses chutes et ses faiblesses, nous pouvons recevoir avec une immense joie la promesse du Seigneur : « Nous viendrons vers lui et nous ferons chez lui notre demeure ». La traduction de la Bible Osty va beaucoup plus loin que la traduction liturgique qui dit : « Nous irons demeurer auprès de lui ». Si nous vivons cette fidélité à la Parole de Jésus, alors le Père et le Fils nous promettent de venir en nous, de faire en nous leur demeure. Nous devenons véritablement des sanctuaires, des temples pour le Seigneur. Dieu n’est pas seulement à nos côtés, tout proche, il vient en nous pour y faire sa demeure. Ce miracle de l’amour divin commence avec le baptême et s’accomplit par la confirmation et la communion eucharistique. Mais il demande de notre part une libre réponse d’amour. Il ne suffit pas d’avoir reçu les sacrements pour être fidèle à la Parole du Seigneur, pour l’aimer vraiment. Avant l’Ascension Jésus nous demande de ne pas en rester à une religion extérieure dans laquelle seuls les rites et les sacrements ont une importance. Il nous montre que nous avons à vivre un 8ème sacrement qui est celui de l’amour fraternel et de l’amour pour Dieu dans nos vies. Si nous venons à l’église pour prier et pour nous ressourcer en communiant, c’est bien pour pouvoir vivre dans le monde ce 8ème sacrement, celui de la charité chrétienne, qui se vérifie d’abord par nos actes et nos choix quotidiens.
Dans son testament Jésus nous promet donc de venir en nous avec le Père et l’Esprit. Il ne pourra le faire qu’après sa résurrection et son ascension. C’est le Christ ressuscité, vivant à jamais, assis à la droite du Père, qui vient en nous et nous communique le don de l’Esprit. Voilà l’un des plus beaux fruits du mystère pascal, fruit intérieur et invisible : Dieu Trinité fait de chacun de nous son temple. Et le signe intérieur de la présence de Dieu c’est toujours la paix. « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ». La paix du Christ s’accompagne toujours de l’amour et de la joie. Ce sont là les fruits de l’Esprit Saint. Cette paix n’est pas celle du monde, c’est-à-dire une paix trompeuse fondée sur le mensonge et l’illusion. La paix selon le monde consiste à nous anesthésier, à nous faire croire que nous avons pris le bon chemin alors que nous nous précipitons dans le vide. La paix selon le monde endort notre conscience et nous empêche de nous remettre en question pour changer de vie lorsque c’est nécessaire. La paix du Seigneur est toujours liée à notre désir de nous rapprocher de Dieu par la conversion. C’est pour cette raison que Jésus permet parfois que nous vivions l’épreuve de la sécheresse spirituelle, comme si sa paix nous était enlevée. Soit pour interpeller notre conscience croyante, soit pour nous faire progresser dans l’union avec lui. Car nous devons aimer le Seigneur pour lui-même et pas d’abord pour le réconfort spirituel que sa paix nous procure. Si nous sommes dans sa paix, n’oublions jamais de lui dire merci. Si cette paix nous est enlevée, si nous ne la ressentons plus, alors demeurons fidèles au Seigneur Jésus, et montrons-lui notre amour au sein même de l’épreuve spirituelle, conscients qu’elle est là pour notre progrès.

Aucun commentaire: