dimanche 2 mai 2010

5ème dimanche de Pâques

5ème dimanche de Pâques / C
2 mai 2010
Jean 13 (p. 641)
Nous sommes, liturgiquement, dans ce temps entre Pâques et l’Ascension. Ce que le Seigneur dit à ses apôtres lors de la dernière Cène correspond bien au temps liturgique que nous vivons, temps qui atteindra son sommet avec la Pentecôte : « Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour peu de temps ». Le temps pascal nous invite à redécouvrir d’une manière plus intense la présence du Christ Ressuscité dans nos vies, dans la vie de l’Eglise et dans celle du monde puisqu’il est aussi le Roi de l’univers. La fête de l’Ascension nous rappellera ce passage d’une présence visible à une présence invisible mais tout aussi réelle. C’est dans ce contexte que le Ressuscité nous laisse son testament sous la forme d’un commandement nouveau : l’amour fraternel. Chaque fois que nous sommes fidèles à ce commandement nouveau, nous expérimentons d’une manière unique la présence du Ressuscité dans nos vies et dans nos cœurs. Le Ressuscité ne se rend pas présent uniquement par sa Parole, par les sacrements, par la vie de prière mais aussi, ne l’oublions pas, dans notre vie tout entière si elle est fidèle au commandement de l’amour. Chaque fois que nous aimons en actes et en vérité, nous manifestons au monde la présence du Ressuscité. Et nous en faisons en même temps une expérience personnelle.
« Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres ». Ce commandement nouveau représente bien le sommet de la vie chrétienne, la perfection de la sainteté. Ce commandement nous trace un chemin de vie, de résurrection que nous n’aurons jamais fini d’explorer. Sur ce chemin nous sommes toujours à la traîne, nous avons toujours à progresser, à avancer à travers « bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu ». La grâce suprême, celle qui consiste après notre mort à nous réjouir de la présence de Dieu avec tous les saints et toutes les saintes, cette grâce n’est en fait que l’aboutissement d’une vie vécue dans la charité du Christ. Nous le savons bien : ce programme dépasse nos simples forces humaines. Et il faudra que l’Esprit de Pentecôte soit donné à l’Eglise et à chaque disciple pour que nous puissions mettre en pratique le commandement de l’amour. Reconnaître la difficulté de ce chemin ne doit jamais nous décourager ou nous dispenser de nous remettre en question. Si Jésus nous demande d’aimer, c’est parce qu’avec sa grâce cela nous est rendu possible. Aussi nous avons à mettre la prière à l’Esprit Saint, Amour entre le Père et le Fils, au cœur de notre programme de vie. Nous voyons l’Esprit de Dieu agir chez des non-chrétiens et même chez des non-croyants… Pourquoi ne ferait-il pas en nous qui sommes les membres de l’Eglise, des merveilles d’amour ? Douterions-nous de sa puissance ? Concrètement la prière persévérante à l’Esprit Saint est le meilleur moyen d’entrer dans la volonté du Seigneur sur nous. Et c’est dans cette atmosphère spirituelle que nous avons ensuite à considérer les cercles de nos relations humaines et à nous poser la question de notre fidélité au commandement de l’amour : ma famille, mon milieu professionnel, ma paroisse, ma ville ou mon village, mon pays etc. Sans exclure personne puisque le Seigneur nous demande d’aimer comme lui, à sa manière, c’est-à-dire de manière catholique, universelle, jusqu’aux ennemis. Dans l’Evangile de ce dimanche il s’agit d’un aspect de cet amour : l’amour fraternel entre disciples du Christ dans l’Eglise. C’est la pratique effective de cet amour qui montrera à tous les hommes que nous sommes vraiment les disciples du Ressuscité. C’est cette pratique du commandement nouveau qui édifie l’Eglise et rend témoignage auprès des non-croyants. Cet amour fraternel suppose que nous ayons le sens du bien commun, le sens communautaire qui fait d’une paroisse bien plus qu’un rassemblement de croyants isolés chaque dimanche… Une paroisse, ça devrait être comme une famille. Il peut y avoir des désaccords, des disputes, des caractères différents, mais l’amour doit l’emporter. Avec les armes du pardon, de la réconciliation. Dans une paroisse nous sommes membres les uns des autres. Nous n’allons pas à l’église chaque dimanche comme nous irions au supermarché une fois par semaine pour faire nos courses : uniquement pour communier au corps du Christ sans avoir le souci des membres de ce corps qui m’entourent. C’est le sens de l’eucharistie comme rassemblement autour de l’autel. La vie divine qui nous est donnée dans le corps eucharistique de Jésus ne peut pas être séparée de la vie divine qui circule par l’amour entre les membres de l’Eglise. Autrement notre foi s’affaiblit et ne peut pas porter de fruit. Nous pourrions être tentés à notre époque par la recherche d’expériences personnelles gratifiantes de type extraordinaire : des prodiges, des extases, le parler en langues, le repos dans l’Esprit etc. Ce n’est pas ce que Jésus attend de nous. L’amour fraternel implique un réel effort de décentrement de soi pour aller vers l’autre, pour s’intéresser à lui, à ses joies comme à ses peines. Ne confondons jamais le surnaturel avec l’extraordinaire. Aimer à la manière du Christ, voilà ce qui est surnaturel, car l’amour qui prend patience supporte tout et il ne passera jamais.

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