dimanche 22 mars 2009

4ème dimanche de Carême, année saint Paul

4ème dimanche de Carême / B
22/03/09
Année saint Paul / Ephésiens 2, 4-10 (p. 177)
Après les lettres aux Romains et aux Corinthiens, ce 4ème dimanche de Carême nous propose dans la deuxième lecture un passage de la lettre de saint Paul aux Ephésiens. Paul a probablement écrit cette lettre depuis Rome et il l’a adressée aux Eglises d’Asie mineure, une partie de l’actuelle Turquie. Plus qu’une lettre il s’agit ici d’un long exposé théologique sur le mystère du salut, une espèce d’encyclique paulinienne. Cela explique le style très dense et parfois difficile de notre deuxième lecture. L’apôtre s’adresse ici à des chrétiens issus du paganisme. Comme toujours nous devons remettre notre lecture dans son contexte plus large, celui du chapitre 2 de la lettre aux Ephésiens.
Notre passage est encadré par des considérations sur la vie de ces chrétiens avant leur conversion. Et Paul n’y va pas de main morte pour souligner le contraste entre la vie avant et après la conversion ! « Vous étiez des morts par suite de vos fautes et de vos péchés », c’est le début du chapitre 2. Et plus loin, après notre lecture : « Rappelez-vous que vous avez été païens… Vous étiez dans ce monde sans Dieu ni espérance. » Nous avons bien du mal à nous représenter cette réalité bouleversante du passage des païens à la vie chrétienne. Car pour la plupart d’entre nous nous sommes nés dans le christianisme et nous l’avons reçu comme une tradition familiale. Celui qui choisit la foi chrétienne enfant, adolescent, ou adulte perçoit mieux la portée des propos de saint Paul.
L’apôtre a donc planté le décor : vous étiez païens, séparés du peuple Juif, mais Dieu est riche en miséricorde ! Paul ne médite pas de manière théorique sur le salut offert par Dieu. Il en parle à partir des faits : la conversion des païens au Christ. Et s’il expose sa doctrine du salut par la grâce et par la foi, c’est parce qu’il est inquiet. Il semblerait bien que ces chrétiens d’Asie Mineure soient quelque peu tombés dans la tentation qui menace tous les hommes religieux : celle de se considérer supérieurs aux autres, meilleurs qu’eux… D’où la réflexion : « Cela ne vient pas de vos actes, il n’y a pas à en tirer orgueil. » La traduction liturgique est inexacte. Mieux vaut comprendre avec la Bible Osty : « Cela ne vient pas des œuvres, pour que personne ne se vante. » Ce verset de la lettre aux Ephésiens nous ramène à un grand thème paulinien, celui du rapport entre la foi et les œuvres et aussi au chapitre premier de sa lettre aux Corinthiens. L’apôtre rappelle aux Corinthiens que le choix de Dieu se porte davantage sur les petits, les humbles, les sans-noms « afin qu’aucune créature n’aille se vanter devant Dieu. » Et Paul de conclure : « Celui qui se vante, qu’il se vante du Seigneur. » Bref le fidèle du Christ ne doit pas se regarder le nombril et se dire intérieurement : qu’est-ce que je suis bien ! Que mes œuvres sont bonnes et saintes ! Mais dans l’attitude d’humilité il porte son regard de foi sur l’unique Sauveur : Jésus crucifié. Il élève son cœur vers le Père des miséricordes dont Paul chante ici le grand amour et la bonté.
L’Apôtre le martèle à trois reprises : c’est par la grâce de Dieu que nous sommes sauvés ! Et il annonce dès le début de sa lettre ce choix divin : « C’est ainsi que Dieu nous a choisis dans le Christ avant la fondation du monde, pour être saints et irréprochables devant lui dans l’amour. » Le salut nous est donné gratuitement ainsi que notre vocation de fils de Dieu, que nous soyons Juifs ou païens. Et c’est cette vérité qui abat le mur séparant les Juifs des païens. Le Christ est notre paix, par sa croix, il a tué la haine. Et « par lui nous venons au Père, les uns et les autres, dans un même Esprit. » Dans le Christ il n’y a plus de privilège d’ancienneté. Par la foi nous sommes tous égaux. Nous sommes un seul homme nouveau. Et c’est dans le Christ que les chrétiens d’Asie mineure comme nous aujourd’hui sont appelés à se construire ensemble « pour être une demeure spirituelle de Dieu. » Notre appartenance au Christ ne nous permet pas de regarder les autres, ceux qui sont différents, avec mépris ou condescendance. Car nous ne méritons pas d’être chrétiens, cela vient du don de Dieu. Notre foi catholique ne nous enferme pas dans un complexe de supériorité mais au contraire elle nous rend humbles. Notre réponse à la grâce divine, à la volonté de salut de Dieu notre Père pour tous les hommes, c’est bien notre foi dans le Christ. Et le témoignage qui doit en découler. Alors qu’en est-il des œuvres, de la vie morale ? « C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus-Christ, pour que nos actes soient vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et que nous devons suivre. » Pour Paul la vie morale et la fidélité aux commandements de Dieu sont la conséquence du salut par la grâce. Notre vie morale n’est donc pas la cause ou le motif de notre salut. Aux Galates il parle de « la foi agissant par l’amour ». Et si nous vivons vraiment en sauvés, alors nous vivons déjà en ressuscités ! « Avec le Christ, Dieu nous a ressuscités ; avec lui, il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus. » Amen

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