dimanche 22 juin 2008

12ème dimanche du temps ordinaire

12ème dimanche du TO / A
22 juin 08
Matthieu 10, 26-33 (page 1107)
(Messe 17, pour les chrétiens persécutés, page 945)
Dimanche dernier nous avons entendu le récit de l’appel des Douze et de leur envoi en mission. Tout le chapitre 10 de l’Evangile selon saint Matthieu est consacré à la mission des apôtres. Jésus appelle ces hommes. Mais il ne les laisse pas abandonnés à eux-mêmes. Il leur donne des consignes, une espèce de feuille de route qui leur servira pour l’exercice de leur mission. Dimanche dernier, nous avons pu méditer le commencement de cette feuille de route. Au cœur de ce commencement, il y avait une proclamation : « Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche. » La liturgie nous fait faire un bond de 18 versets en avant dans le discours missionnaire du Seigneur. Dans cette partie de son discours, Jésus annonce très clairement que ses apôtres auront à souffrir des persécutions, qu’ils seront « comme des brebis au milieu des loups » et qu’ils seront haïs de tous à cause du Nom du Seigneur. Jésus n’est pas un gourou de secte qui promet le bonheur parfait et immédiat à ses disciples ou qui prêche un épanouissement personnel par l’évasion de notre monde… Jésus est vrai, il est honnête envers ces hommes qu’il appelle à sa suite. Il ne leur cache pas que la Croix fera partie d’une manière ou d’une autre de leur itinéraire apostolique. Juste avant le début de l’Evangile de ce dimanche, le Seigneur nous livre la clef de compréhension de tout cela : « Le disciple n’est pas au-dessus du maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur… S’ils ont traité de démon le maître de maison, ce sera pire encore pour les gens de sa maison. » Tout chrétien, et pas seulement les successeurs de apôtres dans la mission de l’Eglise, fait à un moment ou à un autre l’expérience de l’échec. Tout chrétien souffre à cause du refus de l’Evangile. Combien de parents ou de grands-parents sont-ils dans la peine parce que les plus jeunes semblent avoir tout abandonné au niveau religieux ? Il n’y a rien d’étonnant à cela. Si Jésus a été rejeté et abandonné par ses disciples, c’est bien parce que Dieu ne s’impose jamais à notre liberté humaine : il nous propose d’entrer en relation d’Alliance avec Lui. Le chrétien comme l’apôtre devra toujours comprendre cela : son message s’adresse à une liberté humaine. Etre apôtre, c’est donc consentir d’avance à ce que ce message puisse être rejeté ou oublié. Ce qui ne signifie pas bien sûr que nous ayons à être indifférents lorsque l’Evangile n’est pas accueilli ! Le défi pour nous comme pour les apôtres, c’est de ne pas baisser les bras, de ne pas nous décourager. Même s’il nous semble que nous ne pouvons plus rien faire, nous avons toujours la possibilité de la prière, la prière d’intercession pour que les cœurs finissent un jour ou l’autre par s’ouvrir à la grâce. Mieux vaut prier que se culpabiliser ou remuer en soi des sentiments négatifs sur la déchristianisation de notre société et particulièrement des jeunes générations. « Celui qui restera ferme jusqu’à la fin, sera sauvé », nous dit Jésus. Plus que jamais nous avons besoin de la vertu d’espérance pour avancer au milieu des difficultés qui sont les nôtres. Difficultés somme toute relatives quand nous pensons à nos frères chrétiens qui, en Algérie, en Egypte, en Irak et ailleurs, sont véritablement persécutés à cause de leur foi. Je suis toujours admiratif face à ce témoignage actuel des martyrs qui me rappelle la grande faiblesse de ma propre foi et m’invite à aller de l’avant.
C’est dans ce contexte que nous avons à accueillir la parole du Seigneur : « Ne craignez pas ! » Elle revient trois fois dans l’Evangile de cette liturgie, et c’est cette parole que Jean-Paul II avait choisie pour inaugurer son Pontificat. Nous le savons très bien, la peur paralyse. Alors que la confiance met en marche… Si bien souvent nous n’évangélisons pas ou mal, c’est parce que nous avons peur. Nos frères chrétiens persécutés ont eux de réelles raisons d’avoir peur et ils sont pourtant remplis de courage. En eux se vérifie la promesse du Seigneur dans cette feuille de route apostolique : « Ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. » Au milieu des persécutions ces frères chrétiens font l’expérience de la présence du Saint Esprit. Nos peurs à nous, en Europe, sont, il faut l’avouer, des peurs imaginaires. Car nous ne risquons pas notre vie pour l’Evangile. Nos peurs ne sont que le reflet de notre peu de foi, de la tiédeur de notre attachement au Christ, et certainement d’une vie de prière trop peu profonde… Nous devons absolument entrer en dialogue avec ceux qui ne partagent pas notre foi et faire avec eux si possible un bout de chemin. Que d’occasions naturelles avons-nous pour évangéliser ? Evangéliser, c’est annoncer la proximité du Royaume de Dieu. Dieu est présent aujourd’hui. Dieu est présent en tout homme. Et cette présence aimante de Dieu donne la paix à laquelle tout cœur humain aspire : « En entrant dans cette maison vous lui souhaiterez la paix. Si la maison en est digne, la paix viendra sur elle ; si elle n’en est pas digne, la paix que vous offrez reviendra sur vous. » Amen.

Aucun commentaire: