7/04/2024
Jean 20,
19-31
La double manifestation du
Ressuscité à ses disciples, le soir de Pâques et huit jours plus tard, se fait
alors que les portes sont verrouillées par peur des Juifs. La page évangélique
de ce dimanche est riche de significations pour notre vie chrétienne. Je ne
retiendrai que la salutation du Ressuscité : La paix soit avec
vous ! Cette salutation pascale avait été annoncée par Jésus à la
veille de sa Passion dans l’entretien-testament avec ses disciples : Je
vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde
que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
La paix du Christ est comme le
remède donné pour nous guérir de nos peurs. L’inquiétude est littéralement
parlant ce qui s’oppose à la paix du cœur. Remarquons que la liturgie de la
messe fait prononcer ces paroles de paix à l’évêque qui reprend la salutation
du Christ et au célébrant juste avant la communion. En saluant de cette manière
ses disciples Jésus met en pratique lui-même la consigne missionnaire qu’il
leur a laissée : Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : « Paix
à cette maison ». S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer
sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous.
La salutation pascale de la paix
est clairement un acte d’évangélisation des disciples qui les invite à quitter
la peur pour entrer dans la confiance, dans la foi, dans cette foi qui nous
a fait vaincre le monde, c’est-à-dire ici tout ce qui s’oppose au règne de
Dieu.
Le soir de Pâques le don de la
paix du Christ est inséparable du don de l’Esprit Saint. La paix avec la joie
est le fruit de l’Esprit Saint, le signe que nous nous laissons conduire par
Lui. L’apôtre Paul fait de la paix un signe caractéristique du Royaume de
Dieu : En effet, le royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de
nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint.
Et c’est bien de cette paix dont
témoigne la première communauté des disciples de Jésus qui avait un seul cœur
et une seule âme. Toujours dans sa lettre aux Romains Paul fait remarquer que l’Esprit
tend vers la vie et la paix. D’où son exhortation à vivre de cette paix du
Christ :
Recherchons donc ce qui contribue
à la paix, et ce qui construit les relations mutuelles.
La paix, don du Ressuscité et don
de l’Esprit se manifeste en même temps au plus intime de nous-mêmes, c’est la
paix du cœur, et dans la vie du Corps du Christ, dans les relations mutuelles
entre croyants, c’est la paix ecclésiale. Nous savons par l’histoire de
l’Eglise et par notre expérience personnelle à quel point nous sommes
incapables de recevoir en vérité ce grand don du Ressuscité comme Thomas est
incapable dans un premier temps de croire en la résurrection de son Maître et
Seigneur. Pourtant le don du Christ et de l’Esprit est toujours là, cherchant à
prendre possession de notre être. La salutation pascale de Jésus nous demande
de mettre en nos cœurs ce désir de la paix, de la rechercher toujours. Le grand
moyen pour l’accueillir, en vivre, la répandre et en témoigner, c’est de nous
abandonner dans la prière à l’action de l’Esprit Saint, c’est le désir de la
communion avec le Christ dans la prière personnelle et les sacrements, en
particulier dans la communion eucharistique. Pas de paix sans réconciliation,
pas de paix sans pardon, le pardon de Dieu et le pardon que nous nous devons
les uns aux autres lorsque nous nous offensons mutuellement. Oui, Heureux
les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Toute la
célébration eucharistique de son commencement à son terme est un incessant
rappel de l’importance pour nous d’accueillir le don du Ressuscité. De la
salutation d’ouverture (Que Dieu notre Père et Jésus Christ notre Seigneur
vous donnent la grâce et la paix) à l’envoi (Allez, dans la paix du
Christ) en passant par la supplication de l’Agnus Dei (Donne-nous la
paix).
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