dimanche 24 avril 2022

Deuxième dimanche de Pâques / année C

 

24/04/2022

Jean 20, 19-31

Le soir de Pâques la première parole du Ressuscité au groupe des disciples est une salutation de paix : La paix soit avec vous ! Cette salutation pascale revient à trois reprises dans la bouche de Jésus, c’est dire toute son importance. En effet la paix est comme un fil rouge qui traverse toute la révélation biblique (331 fois…). C’est Abram, le premier, qui entend ce message de paix de la part de Dieu dans le livre de la Genèse : Quant à toi, tu rejoindras tes pères dans la paix. Tu seras enseveli après une heureuse vieillesse. Pour Abram il s’agit de la paix dont jouissent les défunts, la paix du repos éternel. Dans l’Evangile de l’octave de Pâques il s’agit de la paix du Christ qui est passé par la mort de la croix pour connaître la gloire de la résurrection, une paix non plus associée au sommeil de la mort mais au contraire à la plénitude de la vie divine manifestée en Jésus ressuscité. C’est cette paix qui avait été annoncée par les anges dans la nuit de Bethléem : paix sur la terre aux hommes que Dieu aime.  C’est encore cette paix que Jésus, dans les Béatitudes, nous demande de vivre et de promouvoir entre nous : Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Enfin notons que la seule prière de la messe adressée à Jésus, juste avant le moment solennel de la communion, est une citation du chapitre 14 de l’Evangile selon saint Jean, citation qui nous rappelle ce don précieux de la paix du Christ : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.

La salutation de paix le soir de Pâques est un appel qui nous est fait à désirer et à accueillir ce don inestimable. En même temps elle constitue un rappel de notre vocation chrétienne à être artisans de paix dans l’esprit des Béatitudes. Au livre deuxième de l’Imitation de Jésus-Christ, intitulé « Instruction pour avancer dans la vie intérieure », le chapitre 3 est consacré à l’homme pacifique. L’auteur de ce texte distingue trois types d’hommes :

1. Il y en a qui sont en paix avec eux-mêmes et avec les autres.

2. Il y en a qui n'ont point la paix, et qui troublent celle d'autrui: ils sont à charge aux autres, et plus à charge à eux-mêmes.

3. Il y en a, enfin, qui se maintiennent dans la paix et qui s'efforcent de la rendre aux autres.

L’Imitation nous fait comprendre l’importance d’être d’abord en paix avec nous-mêmes pour être artisans de paix : Conservez-vous premièrement dans la paix: et alors vous pourrez la donner aux autres. L’homme qui n’est pas unifié intérieurement par l’amour de charité du Ressuscité et par les lumières de l’Esprit Saint devient inquiet et mécontent. N’étant pas réconcilié avec Dieu et avec lui-même, il trouble la paix de ses frères et sœurs. L’Imitation dépeint ainsi le second type d’homme mentionné plus haut : Il n'a jamais de repos, et n'en laisse point aux autres. Il dit souvent ce qu'il ne faudrait pas dire, et ne fait pas ce qu'il faudrait faire. Attentif aux devoirs des autres, il néglige ses propres devoirs. Sans la grâce du Christ ressuscité, sans le secours des sacrements, sans une vie de prière personnelle, nous sommes tous menacés par cette tentation qui nous empêche d’être des artisans de paix. D’où la nécessité pour nous de toujours rechercher une communion profonde avec le Christ Vivant, en particulier dans le cœur à cœur avec Lui et sous le regard du Père : Toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.

Pour nous aider sur ce chemin d’unification intérieure, donc de pacification de notre cœur, l’Imitation nous donne deux conseils concrets que nous pouvons mettre en pratique :

1. Ayez donc premièrement du zèle pour vous-même, et vous pourrez ensuite avec justice l'étendre sur le prochain.

2. Nous pourrions jouir d'une grande paix, si nous voulions ne nous point occuper de ce que disent et de ce que font les autres et de ce dont nous ne sommes point chargés. Comment peut-il être longtemps en paix, celui qui s'embarrasse de soins étrangers, qui cherche à se répandre au-dehors, et ne se recueille que peu ou rarement en lui-même ? Heureux les simples, parce qu'ils posséderont une grande paix ! (I.11).

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